Un tiers des dentistes refusent de soigner les patients séropositifs selon l'association Aides
La pratique est parfaitement illégale, elle est pourtant répandue. Un dentiste sur trois en France refuserait de soigner les patients séropositifs, selon un "testing" réalisé par l'association de lutte contre le sida Aides et publiée par Le Parisien ce jeudi. Le plus souvent, les spécialistes invoquent des raisons détournées pour refuser la prise en charge.
"Aucune personne ne peut faire l'objet de discriminations dans l'accès à la prévention ou aux soins", précise pourtant l'article L1110-3 du code de la Santé publique. Un principe mis à mal par les résultats du testing mené grâce à la mobilisation des militants d'Aides qui ont contacté 440 dentistes pour prendre des rendez-vous pour un banal détartrage.
Des appels, tous enregistrés, il ressort que plus de 30% des dentistes ont bel et bien refusé de soigner les patients. Dans le détail, 3,6% d'entre eux ont tout simplement refusé , et dit refuser, à cause du VIH tandis que 30% ont invoqué des motifs, parfois étonnant, pour décourager l'appelant. L'association donne quelques exemples frappants: "elle a pas le droit. C’est une jeune! Elle n'est pas encore assez formée", répond ainsi une secrétaire à la place de la praticienne dont elle gère les rendez-vous, tandis qu'un autre, dentiste lui, avance qu'il "vaudrait mieux que aller à l’hôpital. (Car lui n'a) pas l’habitude de soigner ces patients". Soit autant de refus de soins tombant sous le coup de la loi.
"Ces réactions sont tout à fait anormales, et nous (les) poursuivons systématiquement quand elles nous parviennent", condamne pour sa part le président de l'ordre national des chirurgiens-dentistes Christian Couzinou cité par Le Parisien. "Dans les cabinets, les précautions sont les mêmes quel que soit le patient. D'ailleurs, certains ignorent qu'ils sont séropositifs, et quand ils le savent ils ne sont pas obligés de le dire".
A noter, lors de ce testing les militants d'Aides ont également contacté 116 gynécologues. Parmi ceux-ci, ils n'ont toutefois essuyé que 4,3% de refus pour les mêmes motifs. Si c'est toujours 4,3% de trop, car illégal, ce chiffre devrait toutefois faire réfléchir leurs collègues dentistes.
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