Twitter Files, partie 13 : le lobbying d’un directeur de Pfizer afin de censurer des tweets sur la vaccination anti-covid
#TWITTERFILES - Les agences de renseignement américaines et la Maison Blanche n’étaient pas les seules à faire pression sur Twitter pour censurer des contenus, réduire la visibilité de tweets ou bannir des utilisateurs. Un haut responsable du laboratoire Pfizer est intervenu à la fin de l’été 2021 auprès de la précédente équipe de modération du réseau social (remerciée par Elon Musk) afin d’empêcher des tweets sur l’immunité et la vaccination anti-Covid-19, y compris chez les enfants, de devenir viraux.
Cette 13ème partie des Twitter Files a été publiée en janvier par Alex Berenson. Ce journaliste et auteur a dévoilé sur Substack (une plateforme d'auto-publication, sous abonnement) qu’un directeur de Pfizer, le Dr. Scott Gottlieb, avait signalé, en août 2021 un tweet du pédiatre Brett Giroir auprès de Todd O’Boyle, un cadre supérieur du département des politiques publiques de Twitter.
1/ My first #TwitterFiles report: how @scottgottliebmd - a top Pfizer board member - used the same Twitter lobbyist as the White House to suppress debate on Covid vaccines, INCLUDING FROM A FELLOW HEAD OF @US_FDA!
— Alex Berenson (@AlexBerenson) January 9, 2023
Thanks @elonmusk for opening these files.https://t.co/UbHlmtjELP
Un tweet “trompeur” qui “n’enfreint pas les règles”
Dans ce tweet, le médecin, qui avait auparavant côtoyé Scott Gottlieb à la Food & Drug Administration (FDA), affirmait que les personnes contaminées par le coronavirus détenaient une “immunité naturelle meilleure” que celle prodiguée par le vaccin.
Un tweet “corrosif” qui pouvait devenir viral selon un email du responsable de chez Pfizer à Todd O’Boyle. Ce dernier avait alors transmis la “plainte” de Scott Gottlieb à l’équipe de “Réponse stratégique” de Twitter, qui était chargée des signalements des utilisateurs les plus importants et les plus suivis.
Dans son email, O’Boyle n’a pas mentionné le poste occupé par Scott Gottlieb chez le laboratoire américain. Il l’a présenté comme étant un “ex-commissaire à la FDA”. Le directeur de chez Pfizer était également contributeur à la chaine CNBC et “une voix dominante dans le débat sur la politique publique anti-covid”. Alex Berenson révèle qu’il a été payé 365 000 dollars par le fabricant pharmaceutique pour ce travail.
L’équipe de “réponse stratégique” du réseau social a considéré que le tweet du Dr. Brett Giroir “n’enfreignait aucune des règles de Twitter sur la désinformation”. Pourtant, le tweet en question a été marqué comme étant “trompeur”, empêchant les autres internautes de le voir ou de le partager.
Cette réaction est d’autant plus surprenante que l’ancien collègue de Scott Gottlieb à la FDA “n’est pas un anti-vax”, souligne Berenson. Brett Giroir appelait, plus loin dans le tweet, les personnes n’ayant pas été contaminées à se faire vacciner pour acquérir une immunité.
Le directeur de chez Pfizer, qui est aussi un des membres du comité de direction du Conseil d’administration et responsable du comité de réglementation et de conformité, a réitéré son lobbyisme auprès chez l’oiseau bleu une semaine plus tard, le 3 septembre. Un tweet de l’analyste et auteur Justin Hart, dont le compte totalise plus de 100 000 abonnés, évoquait le faible taux de mortalité chez les enfants “qui ont été privés d’école pendant 3 ans”.
“Menaces contre les pro-vaccin”
L’auteur de cette 13ème partie des Twitter Files dit ignorer pourquoi Scott Gottlieb s’est opposé à ce tweet mais a rappelé que la vaccination chez les enfants de 5 à 11 ans était sur le point d’être autorisée. En tout état de cause, cette deuxième tentative de censure sur le réseau social s’est soldée par un échec : “Cette fois, Twitter a refusé d’agir”, écrit le journaliste.
Le responsable chez Pfizer s’était déjà expliqué sur ce lobbyisme. En octobre 2022, il avait affirmé sur la chaine CNBC, puis dans un tweet, qu’il n’avait pas l’intention de “censurer le débat sur les doses ARNm du vaccin”. Il justifiait ses emails à O’Boyle par sa “préoccupation de voir les tweets susciter des menaces contre les pro-vaccin”.
D’après Alex Berenson, Scott Gottlieb serait également responsable de son propre bannissement de Twitter. Dès le mois d’octobre 2022, le journaliste avait démontré que le cadre de Pfizer demandait la censure de ses tweets auprès du réseau social.
Pour mémoire, dans la 12ème partie des Twitter files, c’est le journaliste Matt Taibbi, actuellement auditionné par le congrès américain à propos de ces derniers, qui expliquait comment les contenus hostiles aux politiques publiques anti-Covid et les questions liées à l'origine du Sars-CoV-2 avaient été discréditées.
Auparavant, les Twitter files expliquaient comment le réseau social était passé sous la coupe des agences de renseignements américaines, qui multipliaient les pressions et les requêtes pour censurer des contenus concernant le laptop de Hunter Biden (fils de l’actuel président américain) ou pour débusquer des ingérences étrangères, russes et chinoises notamment.
Les premiers épisodes ont détaillé les outils de l’équipe de modération, menée par Yoel Roth et Vijaya Gadde, pour réduire la visibilité de certains tweets ou de leurs auteurs, sur la base de leurs propres critères. Cette méthode même qui a été appliquée au tweet du Dr. Brett Giroir après la demande de Scott Gottlieb.
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