Un ver revient de l'espace avec deux têtes
C'est une drôle de surprise pour les chercheurs de l'université de Tufts, près de Boston sur la côte est des Etats-Unis, en janvier 2015. Ceux-ci avaient envoyé quinze vers sur la Station spatiale internationale (ISS) durant cinq semaines pour voir comment ces petits animaux, mesurant moins d'un centimètre, se développaient dans un espace en microgravité. Quinze autres animaux de la même espèces avaient été observés sur Terre dans le même temps.
Cette espèce de ver, appelée Dugesia japonica, est particulièrement connue pour ses facilités à se régénérer très rapidement après une amputation. Pour observer cette faculté dans l'espace, les scientifiques avaient donc coupé la queues de tous les vers.
Au retour de l'ISS le groupe de vers astronautes présentait quelques spécificités surprenantes comme le révèle le rapport de cette expérience, paru en avril dans la revue Regeneration. L'un des Dugesia japonica disposait d'une seconde tête qui avait poussé à la place de sa queue amputée. "En plus de 18 ans d'expérience dans le maintien d'une colonie de D. japonica qui comprend plus de 15.000 vers de contrôle rien qu'au cours des cinq dernières années, les chercheurs de Tufts n'avaient jamais observé l'apparition spontanée d'une double tête", a confirmé un communiqué publié vendredi 9.
La nouvelle tête du vers a ensuite été amputée par les chercheurs. Et une autre tête a vite repoussé, preuve "que la modification du plan d'organisation du ver était permanente". D'autres vers, qui étaient aussi partis dans l'espace, sont revenus scindés en deux: des clones identiques avaient fait leur apparition.
Les vers restés sur Terre n'avaient pas connu de telles transformations. Le rapport de cette drôle d'expérience a pointé du doigt quelques limites: les vers de contrôle, restés en laboratoire, n'ont pas vécu dans les conditions exactes du groupe parti sur l'ISS. Les chercheurs n'ont pas réussi à reproduire des simulations d'atterrissage et de vol pour les vers de contrôle.
Il est donc difficile de dire si les transformations constatées sur les vers envoyés sur l'ISS sont dues à l'espace. Les chercheurs devront donc réitérer l'expérience et cette fois-ci simuler les conditions exactes d'un voyage spatial pour les vers de contrôle.
Cette expérience permettra aux chercheurs de comprendre et d'atténuer les effets de l'espace sur le corps humain. Le Français Thomas Pesquet, revenu de l'ISS le vendredi 2, a par exemple un peu grandi et perdu en masse musculaire.
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