Zéro alcool au volant : "si on change tous un peu, on va tout changer"
L'association 40 millions d'automobilistes a lancé ce vendredi 25 une campagne intitulée: "Je suis un héros, je roule à zéro" . Elle appelle les automobilistes à ne pas boire avant de conduire, même si la limite actuelle tolère 0,5 gramme d'alcool par litre de sang.
Depuis le 1er juillet dernier, le taux d'alcoolémie pour les jeunes conducteurs a été abaissé à 0,2g/l. Pour Pierre Chasseray, délégué général de l’association, cette mesure signifie qu'un taux supérieur représente un danger et que cette règle devrait donc être généralisée. Il répond aux questions de FranceSoir.
> Après s'être opposée aux baisses des limitations de vitesses, l'association 40 millions d'automobilistes lance une campagne qui défend des règles plus strictes en matière d'alcoolémie.
"Ce n'est pas du tout une campagne de répression, c'est de la prévention. Il y a une règle pour les jeunes, on les pointe du doigt, et pour les autres rien. On instaure un taux à 0,2g/l pour les jeunes et les transports scolaires et pour les autres ce ne serait pas dangereux. Il y a une incohérence. Soit on considère que c'est dangereux et c'est 0,2g/l pour tout le monde, soit ce n'est pas dangereux et c'est 0,5g/l pour tout le monde.
"Au-delà du taux, notre campagne est assez simple. Quand on prend le volant et qu'on a bu, c'est toujours une erreur. (...)
" Je vous présente un verre et je vous demande: +servez-moi 0,4 gramme d'alcool+, je doute que vous sachiez véritablement ce que ça représente".
> Comment faire évoluer les mentalités après des décennies de "Un verre, ça va"?
"La réalité c'est que 63% des automobilistes sont favorables à l'abaissement du taux légal d'alcool au volant. C'est ça la France. Ce sont des gens qui sont d'accord pour dire que boire au volant, ce n'est pas possible.
"Il y a toujours des abrutis pour taper sur une opération de sensibilisation, pour protéger leur bouteille de vodka. (...) Certains disent +Vous voulez nous empêcher de boire+. Non, je veux vous empêcher de boire et de prendre la route. Je n'ai pas envie de mourir, que vous me rentriez dedans. Je suis un grand amateur de vin, mais pas quand je conduis.
"Celui qui vous dit +Après deux ou trois verres, je conduis pareil+ ne sera pas honnête. Et à un moment donné, on a besoin d'une honnêteté intellectuelle.
"Si on change tous un peu, on va tout changer".
> Philippe Lauwick, président de la commission alcool et stupéfiants au Conseil national de la sécurité routière, oppose que 80% des accidents mortels liés à l'alcool ont lieu avec des taux d'au moins 1,2g/l.
"Ce sinistre personnage nous explique que les accidents arrivent à 1,2g/l. Alors qu'est-ce qu'il attend pour instaurer la limite à 1g/l pour les transports scolaires puisque ce n'est pas dangereux en dessous?
"Quand on a affaire à des gens comme ça, qui ont décidé de laisser leur nom dans l'histoire sur l'abaissement de la vitesse, il faut prendre le raisonnement par l'absurde. J'ai été sidéré qu'un médecin, président de la commission alcool au Conseil national de la sécurité routière, puisse dire cela. C'est une honte d'entendre ce type de discours de la part d'un homme qui devrait soutenir mordicus cette opération".
> Est-ce que changer le taux aurait une réelle influence sans davantage de contrôles?
"C'est pour ça qu'on ne parle pas de limite mais de sensibilisation. Bien sûr qu'avec plus de contrôles le problème serait réglé. Mais ces contrôles, on ne les aura pas. Les forces de l'ordre sont déjà sur la route et on ne peut pas consacrer tout le budget à la sécurité routière. C'est de la démagogie de demander ça. La solution, c'est de changer les comportements. Quand vous aurez convaincu les gens, vous n'aurez plus besoin de contrôles".
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