Baisse des prix et mauvaise météo, la double peine des agriculteurs

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 août 2016 - 11:25
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Un tracteur dans un champ.
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©Philippe Huguen/AFP
Si l'année avait été bonne, les agriculteurs auraient pu payer une partie de leurs dettes.
©Philippe Huguen/AFP
Si l'année avait été bonne, ils auraient pu payer une partie de leurs dettes. Mais, comme beaucoup d'autres agriculteurs, la pluie a douché les espoirs du Gaec du Jolibois, venant s'ajouter à la baisse continue des prix du lait.

Polyculteurs-éleveurs, à l'image de bon nombre d'exploitations de Haute-Saône, les quatre agriculteurs du Gaec cultivent un peu plus de 100 hectares de blé. Par rapport à 2015, ils vont enregistrer cette année une baisse de 59% des rendements en céréales.

Dans de nombreuses fermes françaises, les pluies incessantes du printemps ont miné les récoltes. Au niveau national, le principal syndicat agricole, la FNSEA, s'attend à une baisse d'environ 30%. Le gouvernement a bien annoncé un plan de soutien aux céréaliers, mais pour les exploitations mixtes, il n'y a pas que la météo: le lait et la viande ne rapportent plus non plus. "Si on avait eu une bonne météo, on aurait pu payer une partie de nos dettes des autres activités, la récolte permettait de payer les fournisseurs. Là, on ne sait même pas avec quoi on va payer les nouvelles semences en septembre", explique-t-on au Gaec, qui vend son lait à perte depuis des mois.

En 2014, Lactalis, numéro un du marché, achetait le lait du Gaec du Jolibois aux alentours de 400 euros les 1.000 litres. Deux ans plus tard, le prix d'achat est tombé à 262 euros pour la période janvier-juillet 2016. Et il devrait encore baisser pour flirter avec les 230 euros.

Pour l’exploitation, cela signifie une perte de 40.000 euros sur l'année. "Ils font la pluie et le beau temps", accuse Julien Di Sanantonio, qui signe des contrats de 5 ans renouvelables avec l'entreprise basée à Laval, et ne peut donc pas aller vendre son lait aux coopératives qui l'achètent, elles, plus chères. "Il faut une répartition des marges, sinon on n'arrivera pas à s'en sortir".

Le numéro un du secteur, avec 17 milliards d'euros de chiffre d'affaires, a insisté début juillet, face à la multiplication des critiques, sur la mise en place d'un "soutien financier allant au-delà des conditions contractuelles", qui représente "un complément de prix de 30 euros/1.000 litres sur le prix de base" pour le mois de juillet.

Pas suffisant, ont estimé les fédérations agricoles. Pas suffisant non plus pour le Gaec: à la production, les 1.000 litres reviennent à 360 euros. Quant à la viande, elle devrait être vendue 1 euro de plus par kilo pour que les éleveurs rentrent dans leurs frais. "C'est compliqué depuis une bonne année. Du coup, on diminue le nombre de taurillons", expliquent les agriculteurs. "Alors, on nous dit de faire du circuit court: mais c'est un autre métier. Et d'autres investissements". Une chambre froide par exemple.

De nouveaux investissements alors que les quatre hommes, tous dans la quarantaine, regrettent presque le dernier, une nurserie pour limiter la mortalité des veaux. Elle leur a coûté 60.000 euros. "Si c'était à refaire, je ne sais pas...", reconnaît, fatigué, M. Di Sanantonio. "On ne peut pas partir en vacances, pas payer une place de cinéma à nos enfants... On est juste bons à travailler et à crever".

Face à la colère des agriculteurs, la FDSEA de Haute-Saône a lancé un appel à boycotter la TVA, puisque les exploitations "ne génèrent plus de valeur ajoutée". Le Gaec du Jolibois entend le suivre, pour faire pression sur le gouvernement.

"Il faut que les politiques prennent le taureau par les cornes et disent que ça suffit", que les marges doivent être réparties, avance M. Di Sanantonio qui, une fois les emprunts remboursés, se verse moins de 1.000 euros par mois. "Sauf s'ils ne veulent plus d'agriculteurs. Dans ce cas, qu'on nous le dise".

                                                                                                                                                                            

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