Survival Expo à Paris : prévenir les risques d'une "décivilisation" ou essor des pratiques de plein air ? (Partie 2/3)
REPORTAGE/SURVIVALISME - PARTIE 1 - PARTIE 2 - La 5e édition de la "Survival Expo" s’est déroulée du 9 au 11 juin dernier, au Parc Floral de Paris. Ce salon, dédié au “survivalisme, à l’autonomie et à l’outdoor*”, réunit les adeptes de toutes les activités qui permettent de se préparer à l’éventualité d’une catastrophe dont l’ampleur plongerait la société dans le chaos : phénomène naturel destructeur, désastre technologique, troubles sociaux ou politiques massifs, etc... Des activités qui peuvent aussi être ludiques et pratiques : sports en extérieur, nomadisme, vie et randonnées en forêt (le bushcraft ou l'art des bois).
Le phénomène ne date pas d’hier. Sans remonter à Noé, que certains considèrent comme le premier survivaliste de l’humanité, bienvenue dans le monde ébouriffant de la collapsologie, soit "l'approche philosophique de l'effondrement". Un univers mouvant au gré des peurs et des menaces largement portées au 20e siècle par la Guerre froide où la prolifération nucléaire ne laissait guère de doute à l’issue d’un conflit armé avec le bloc soviétique.
De la guerre au Vietnam au 11 septembre, de la crise du dollar aux tsunamis migratoires, chaque rupture anxiogène est prétexte à se préparer au pire qui s’annonce. C’est ainsi que les premiers "preppers**" de l’Idaho ont imposé leur doctrine dans les années 60. Vantant les vertus du stockage, de l’autonomie, du kit de survie, du low tech, de l’auto-suffisance et bien sûr de la self défense pour neutraliser les hordes de zombies de The Walking Dead…
Complotistes de tous bords, les néo-survivalistes américains souffrent toujours d’une image sulfureuse, portée par la carte postale complaisamment médiatisée de rednecks trumpistes prêts pour le Grand soir. Bannière étoilée flottant au vent mauvais, un fusil d’assaut en bandoulière à l’entrée de leur bunker, de préférence interdits aux gens qui ne sont pas de chez eux…
Il n'y a pas qu'un seul type de survivalisme
Plus près de nous, les Robinsons de l’autonomie se préparent aussi sur les réseaux sociaux au Teotwawki. Un anglicisme bien connu des initiés qui évoque "la fin du monde tel que nous le connaissons" suivant une cascade d’avatars conduisant à en croire les plus radicaux à un great reset salvateur, tant le système est corrompu et décadent.
Une vision apocalyptique qui laisse pourtant la place au nouveau marché de l’outdoor, né de l’effet Covid et largement présent à la dernière édition du salon (voir partie précédente du reportage). On s’en doute : portés par les drames de ces dernières semaines, les experts de matériel de défense personnelle sont plus sollicités que jamais par des visiteurs curieux de tester les vestes anti-cutter et parapluies en kevlar anti-agression...
Même constat pour les couteaux de défense, dont Fred Perrin est l’un des maîtres d’armes les plus réputés : "La question de la légitime défense se pose, je crée des armes depuis plus de vingt ans. Personne n’a jamais été capable de me dire clairement la loi régissant le port d’un couteau de défense, pourtant indispensable pour couper la ceinture d’un passager prisonnier d’une voiture en feu…"
Yann Cossonnet, directeur technique de Special-Options, enseigne notamment spécialisée dans l'équipement destiné des forces de l'ordre, confirme d'une certaine manière l'aspect multiple des équipements aperçus à la Survival Expo : "Il n'y a pas qu'un survivalisme, il y a plusieurs types de survivalismes", dit-il. Certains cherchent "l'autonomie personnelle", d'autres veulent gérer "des situations exceptionnelles". D'autres encore réagissent par rapport à un sentiment d'insécurité général, "qu'il soit vrai ou fantasmé".
Un autre exposant à la Survival Expo, Jean-Marie, grand amateur de bushcraft rappelle que, "sur le site .gouv, il est recommandé d'avoir 72 heures d'économie". Si c'est le gouvernement qui nous le dit...
*Toutes les activités réalisées à l'extérieur.
**Ceux qui se préparent.
Reportage en trois parties : prochain épisode [2/3] à paraître prochainement sur France-Soir.
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