Washington publie les images de l'interception de son drone par les Russes
L'armée américaine a diffusé jeudi des images de l'interception au-dessus de la mer Noire de son drone par l'armée russe, montrant un chasseur aspergeant de carburant l'aéronef, que l'on aperçoit ensuite avec une pale d'hélice endommagée.
La séquence vidéo déclassifiée et diffusée sur le site du commandement des forces armées américaines en Europe dure 42 secondes et montre un Sukhoï-27 russe passant à deux reprises juste au-dessus du drone, après l'avoir approché par l'arrière.
Le Reaper MQ-9 est tombé dans les eaux internationales après avoir été percuté, selon Washington, par un chasseur russe. Moscou admet l'interception de l'appareil par ses avions de chasse mais dément tout contact qui aurait mené au crash.
Il s'agit "d'une action irréfléchie et dangereuse", avait déclaré le secrétaire d'Etat Antony Blinken, en visite à Addis Abeba.
Sur le premier passage, aucun choc n'est visible entre les deux appareils, ni rien qui ne semble justifier la chute du drone.
La manœuvre "perturbe la transmission vidéo", commente le site de l'armée américaine en Europe, qui relève que l'hélice du drone "peut être vue et reste intacte".
Lors d'un second passage, sans qu'il soit établi s'il s'agit du même chasseur ou d'un second, la manœuvre est semblable mais l'appareil passe encore plus près du drone.
La transmission des images est alors interrompue pendant 60 secondes. Lorsqu'elle reprend, "l'hélice peut être vue de nouveau et on peut constater qu'une des pales est endommagée", relève l'US Air Force.
"Franchement limite"
La "manœuvre est franchement limite", a indiqué à l'AFP un pilote de chasse d'une armée européenne, soulignant que, selon les règles en vigueur habituellement, une interception en plein ciel par un avion de combat se fait "en parallèle" de l'aéronef intercepté et jamais à une distance aussi réduite.
Mardi, le général James Hecker, commandant des forces aériennes américaines en Europe, avait indiqué qu'un Reaper MQ-9 effectuant "des opérations de routine dans l'espace aérien international" avait été intercepté par des chasseurs Su-27 puis "percuté par un avion russe, entraînant le crash et la perte" du drone.
Tout en reconnaissant que deux chasseurs étaient venus intercepter le drone, la Russie a affirmé ne pas être responsable de sa chute.
C'est la première fois depuis le début de l'invasion russe contre l'Ukraine, le 24 février 2022, qu'un pays de l'Otan reconnaît perdre un équipement opéré par lui-même dans cette région hautement inflammable.
Moscou affirme vouloir repêcher le drone pour prouver selon elle l'implication des États-Unis dans les opérations en Ukraine.
Mercredi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a estimé que l'une des causes de l'incident était le "renforcement" des opérations d'espionnage américaines.
Washington a pour autant indiqué avoir pris des mesures de protection des potentielles données sensibles encore présentes dans l'appareil.
"Nous sommes confiants dans le fait que ce qui avait de la valeur n'en a plus", a indiqué le chef d'état-major américain, le général Mark Milley.
Le ciel de la mer Noire est le théâtre de très régulières interactions entre des drones et des aéronefs des pays de l'Otan et les forces armées russes, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les États-Unis utilisent les drones Reaper MQ-9 pour de la surveillance, de la collecte de renseignement et des frappes. Plusieurs appareils ont été perdus ces dernières années, dont un abattu par un missile sol-air au dessus du Yémen en 2019, selon le commandement central américain.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.