Après le cas Collomb, le casse-tête des ministres candidats aux municipales
Garder des poids lourds au gouvernement ou bien lancer des têtes d'affiche aux municipales? Le possible départ de ministres LREM à la conquête de mairies risque d'affaiblir dès 2019 un navire gouvernemental déjà bien secoué, comme l'illustre le cas Gérard Collomb.
En annonçant mardi sa candidature pour redevenir maire de Lyon en 2020 à plus d'un an et demi du scrutin, et son départ après les européennes de mai 2019, le ministre de l'Intérieur a tenté de clarifier son statut. Mais il a surtout déclenché une salve de critiques de l'opposition sur le "Titanic" gouvernemental, deux semaines après le départ des ministres Nicolas Hulot et Laura Flessel.
Avec le départ annoncé de Gérard Collomb, Emmanuel Macron aura perdu le troisième de ses trois ministres d'Etat de son début de quinquennat, après François Bayrou et Nicolas Hulot.
Or plusieurs ministres se préparent ou envisagent d'être candidats, dont des cadres du gouvernement comme le porte-parole Benjamin Griveaux, Gérald Darmanin (Comptes Publics) ou Christophe Castaner (Relations avec le Parlement). Les secrétaires d'Etat Mounir Mahjoubi et Marlène Schiappa, pourraient également se présenter.
Devront-ils aussi partir après les européennes dès 2019, comme le suggère Gérard Collomb dans l'interview à l'Express annonçant sa candidature ?
"La décision du ministre de l'Intérieur n'influe pas sur la décision du président de la République" quant au timing d'un remaniement pour les ministres candidats aux municipales, souligne-t-on à l'Elysée. "Le président et le Premier ministre décideront le temps voulu, c'est ce qui leur appartient de façon constitutionnelle", poursuit-on au palais présidentiel.
Selon un proche du chef de l'Etat, confirmant une information du Canard enchaîné, Emmanuel Macron veut appliquer comme règle que les ministres candidats aux municipales quittent le gouvernement après les européennes.
Reste à savoir avec quelle rigueur cette règle s'appliquera, alors que LREM n'a pas un réservoir immense de personnalités expérimentées ou rodées à la vie politique susceptibles d'endosser le rôle de ministre.
L'absence de poids lourds dans un gouvernement qui a intégré de nombreuses personnes de la société civile peut être un handicap pour Emmanuel Macron qui, confronté à une rentrée difficile, peine parfois à trouver les relais pour porter son message et donner la réplique.
- Des précédents sous Hollande et Sarkozy -
"Il n'y a pas une position qui se ressemble, entre ceux qui vont vouloir diriger la liste d'une grande ville comme Lyon ou Paris et ceux qui veulent être sur une liste, parfois d'une petite ville", souligne une source gouvernementale.
"Ce n'est pas la même chose de briguer la mairie de Paris, Lyon ou Marseille que Vernon ou Tourcoing", abonde un membre du gouvernement, appelant le tandem exécutif à clarifier rapidement sa position.
Sous François Hollande, lors des élections municipales de 2014, 17 membres du gouvernement socialiste Ayrault figuraient sur les listes de candidature. Mais seulement deux étaient têtes de liste, à Boulogne-sur-Mer et dans une mairie d'arrondissement de Marseille.
En 2008, sous Nicolas Sarkozy, plusieurs ministres étaient restés au gouvernement tout en étant têtes de liste, notamment Christian Estrosi pour une grande ville (Nice), mais également Laurent Wauquiez (Le Puy-en-Velay) ou encore Xavier Darcos (Périgueux).
Légalement, rien n'oblige un ministre candidat à démissionner du gouvernement. Mais la double casquette crée une "ambiguïté", juge-t-on au gouvernement.
Avec l'image négative véhiculée par l'annonce de M. Collomb mardi, il est peu probable que d'autres ministres se déclarent candidats si tôt dans le processus.
Benjamin Griveaux par exemple "a toujours dit qu'il ferait connaître sa décision pour Paris au printemps 2019, soit entre le 21 mars et le 21 juin", selon son entourage.
S'il se lance officiellement dans la course à la mairie de Paris, "il démissionnera le jour où il est candidat", assure la même source.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.