Au FN, Philippot et ses troupes en plein doute

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Par AFP
Publié le 05 juillet 2017 - 19:38
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Le début de la fin? Au Front national, le clan Philippot se demande si l'éviction inattendue, sur demande de Marine Le Pen, de Sophie Montel, principale lieutenante du vice-président du FN, ne marque pas l'amorce d'une disgrâce plus générale.

Frontiste depuis 1987 et eurodéputée, Mme Montel a été destituée de la présidence du groupe FN en région Bourgogne-Franche-Comté.

Alors que s'engage un houleux débat de "refondation" du FN, certains frontistes y ont vu un acte d'autorité voire de "brutalité" de Mme Le Pen, régulièrement accusée d'être "incapable de trancher".

Des philippotistes veulent croire que l'éviction vient seulement acter que les deux femmes "se connaissent depuis 30 ans mais ne sont pas des amies de 30 ans", selon l'euphémisme de l'un d'entre eux. "Avant la venue de +Florian+, j'avais l'impression de pourrir dans ce maudit parti", aurait d'ailleurs confié Mme Montel à un proche.

Il n'empêche: la montbéliardaise doute qu'un "gentleman's agreement" puisse être trouvé avec Mme Le Pen à propos de cet épisode "très violent".

"Soient ils reculent, mais maintenant c'est une plaie ouverte très dure à refermer, soit ils la suspendent elle aussi", abonde un soutien.

D'aucuns se demandent surtout si le "bras droit" n'est pas lui-même remis en cause: pour ce frontiste, "c'est Florian Philippot qui est visé, et il le sait".

Êtes-vous en froid avec Philippot? La réponse mardi matin de Marine Le Pen est pour le moins tiède: "Nous ne sommes pas particulièrement en froid, non" a-t-elle rétorqué sur franceinfo avant de rejeter "la recherche de divergences".

- Échange 'rude' -

Les interrogations touchent d'ailleurs jusqu'au vice-président du FN: "J'attends que +Marine+ redevienne elle-même, elle a besoin de vacances. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de se couper de son aile la plus moderne?" s'est-il interrogé tout récemment en privé, quelques jours après un coup de fil qu'il a qualifié de "rude" avec la patronne du FN.

A l'échelon inférieur, la jeune garde philippotiste rage, certains commençant à instruire un procès en incompétence et en illégitimité de Marine Le Pen, ou préférant quitter un navire qui serait proche du naufrage.

L'un d'entre eux avertit: à l'origine de l'enquête judiciaire sur les soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires européens des autres partis et notamment du Modem, Sophie Montel "pourrait faire très mal" en cas d'exclusion.

Pour un bon connaisseur du FN, après le débat de second tour raté, Marine Le Pen "veut sauver sa peau en faisant sauter le fusible Philippot. C'est un exercice un peu compliqué sur le plan idéologique, car ils ont la même ligne. Dès lors, quel motif pour l'écarter ?".

Florian Philippot ne prendra en tout cas pas l'initiative de partir, pensent ses soutiens, malgré le lancement jugé inamical ou intempestif de son association "Les Patriotes".

"Pourquoi ne pas tenter une nouvelle aventure s'il y a une ouverture ?" se demande un jeune philippotiste, sensible à la discussion souhaitée par Nicolas Dupont-Aignan avec son chef mais aussi avec les LR Laurent Wauquiez et Thierry Mariani, avec qui les divergences idéologiques sont pourtant grandes.

Pour un conseiller régional philippotiste, au contraire, "tout ceci va s'arranger", d'autant que "+Florian+ ne sera jamais le leader d'une force politique autonome: son problème, c'est qu'il n'aime pas les cons, il trouve que beaucoup de gens sont cons, et il le montre".

Pour un dirigeant, "ça peut se tasser, s'ils comprennent que la refondation ne justifie pas le coup de force... Ou alors, ils ne reviennent pas à la raison et ça s'accélérera". Lui ne pleurerait pas un départ de la "+philippotie+: ça fait pas tant de monde que ça".

Alors que d'aucuns s'agaçaient de longue date de supposés passe-droits dont bénéficieraient les proches du vice-président du FN, désormais, comme l'a dit mardi Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen, la proximité avec Florian Philippot "ne protège de rien".

Le nouveau député des Pyrénées-Orientales l'a résumé le jour de l'éviction de Mme Montel: "On doit tout au mouvement. Le mouvement ne nous doit rien".

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