"Y a pas d'arnaque !" : Patrick Timsit entame des adieux d'un an ...au moins !
"Adieu, peut-être... Merci, c'est sûr !" : héraut de l'humour noir depuis 35 ans, Patrick Timsit entame ses adieux au one man show sur la scène du Rond-Point, théâtre parisien dédié au "rire de résistance", avant une longue tournée.
"Y a pas d'arnaque! On se sépare... Vous êtes trop bien pour moi. Je ne vous mérite pas... ", lance-t-il dès son arrivée sur scène.
"Si les gens sont soulagés par mes adieux, je serai triste... Ce qui est fantastique, c'est quand on vous regrette", concède à l'AFP l'humoriste toujours aussi corrosif. "La vie continue... J'aurai d'autres façons de m'exprimer avec des films ou des pièces qui bousculent".
"Je n'aime pas déranger, mais bousculer par le rire, oui ! Eveiller des conversations... Rire avant de réfléchir... ", confie Patrick Timsit qui a fêté ses 62 ans cet été.
"Il se fait le trublion d'une société engluée dans un politiquement correct plus visqueux que jamais, et ça éclabousse joyeusement, d'un rire vaccin", résume son coauteur Jean-François Halin, ancien des "Guignols" et scénariste des "OSS 117" avec Jean Dujardin.
Sur l'immense scène du Rond-Point, Timsit assure mordicus que ces adieux sont "une décision mûrement réfléchie", déroulant en 1H30 "dix bonnes raisons d'arrêter".
"J'ai tous mes points de retraite. En une seule émission de Cyril Hanouna, ça te fait quatre trimestres... ", décoche-t-il, qualifiant sous les rires l'animateur de "Touche pas à mon poste" de "nouveau philosophe de la pensée".
Patrick Timsit s'en donne à cœur joie, ne s'interdisant aucun sujet: les problèmes des riches, la politique, le racisme, l'intégrisme, "la médiocrité de certains" pendant le confinement, la pédophilie dans l'église...
- "Ma nature, c'est gentil !" -
"J'en ai marre qu'on dise que Timist est méchant... Parce que je suis gentil : j'ai été enfant de chœur pendant cinq ans, alors que je suis juif ! Ma nature, c'est gentil. Mon style d'humour, c'est méchant !", explique-t-il sur scène. Un peu plus loin, à propos de la procréation assistée pour les couples de femmes, il se demande si "deux mères juives, ce n'est pas trop pour un fils ?". Nouveau fou rire général.
Enfant d’une famille de maroquiniers d'Alger, Patrick Timsit a débarqué à Paris à l'âge de deux ans. Après des débuts d'agent immobilier, il s'impose avec des sketchs caustiques. Parallèlement, il gagne ses galons d'acteur, très loin de son personnage irrévérencieux sur scène ("La Crise", "Un Indien dans la ville", "Pédale douce", "L'Emmerdeur"...).
En 2017, il se distingue au théâtre avec une interprétation sensible du "Livre de ma mère" d'Albert Cohen, le parcours d'un petit Juif de Corfou immigré à Marseille à 5 ans qui résonne avec sa propre histoire.
"Je me régale de passer de la comédie au drame... ", confie-t-il à l'AFP. "En tant qu'humoriste, je remets en question le politiquement correct. J'aime jouer le mauvais rôle dans la posture par exemple d'un macho sexiste pour mieux dénoncer le sexisme".
Des adieux, mais pas de retraite : Patrick Timsit vient de terminer le tournage de "Frère et soeur" d'Arnaud Desplechin, parmi plusieurs projets de films et de pièces.
A propos de ses adieux au one man show, il assure qu'il est animé par "une vraie volonté d'arrêter, mais pas par ras-le-bol. La réalité de la vie m'a rattrapé, l'âge, l'énergie... ".
A l'ultime fin de son spectacle, Timsit avoue cependant qu'il n'a pas trouvé de onzième raison d'arrêter : "je n'ai trouvé que de bonnes raisons de continuer... ".
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