"Brooklyn" : le beau mélo irlando-new-yorkais (VIDEO)
Elle a un prénom difficile à écrire et à prononcer, mais ce n'est pas cela qui va freiner la carrière de Saoirse Ronan (prononcer "Sir-Cha"). L'actrice irlando-américaine faisait partie récemment des cinq candidates à l'Oscar de la meilleure actrice, pour son rôle dans Brooklyn, qui sort ce mercredi 9 sur les écrans français.
Elle y interprète un personnage qui lui ressemble un peu, elle qui est née à New York il y a 21 ans mais qui a grandi près de Dublin et dont les deux parents sont des immigrants irlandais.
Elle joue Eilis, jeune fille des années 50 qui a vécu toute sa jeunesse dans un petit village d'Irlande où tout le monde se connaît, et que sa sœur aînée, pour la voir s'épanouir, pousse à émigrer en Amérique. Grâce à un prêtre catholique installé à New York qui lui trouve un emploi de vendeuse dans un grand magasin, elle fait le grand saut et traverse l'Atlantique. Installée dans le quartier de Brooklyn, elle a le mal du pays et s'adapte lentement à sa nouvelle vie, mais la rencontre avec Tony, un jeune plombier italien, drôle et gentil, facilite son adaptation.
Ils se marient en secret, elle est prête à faire sa vie avec lui, à fonder une famille, à s'installer définitivement à New York, elle prend des cours du soir de comptabilité. Mais l'annonce de la mort de sa sœur l'oblige à rentrer au pays. Elle n'y retourne que pour l'enterrement, mais la tristesse de sa mère désormais seule, et surtout la rencontre de Jim, un jeune homme de son village charmant et attentionné, dont elle tombe amoureuse, la placent devant un choix cornélien. Repartir ou rester? New York ou l'Irlande? Le gentil mari Tony ou le beau prétendant Jim?...
Ceux qui n'aiment que les thrillers, les films d'action ou de science-fiction, les effets spéciaux et les histoires modernes peuvent passer leur chemin. Brooklyn est un mélo subtil et délicat, filmé avec pudeur et élégance, aux dialogues et aux scènes sentimentales et familiales surannées, dans la douceur des décors des années 50, avec des états d'âme et des grands sentiments qui font vibrer les cœurs, quand la simple lecture d'une lettre fait monter les larmes.
A ce sujet, Saoirse Ronan pleure admirablement bien, toute en discrétion et en retenue, et porte l'essentiel du film sur ses jeunes épaules. L'actrice, qui a passé son enfance près de Dublin, a débuté dans des séries télé à 9 ans avant de devenir, à 13 ans, l'une des plus jeunes actrices nommée pour un Oscar: c'était l'Oscar du meilleur second rôle, en 2008 dans le très beau film Reviens-moi, où elle jouait la petite soeur de Keira Knightley. Avant sa récente seconde nomination (dans la catégorie supérieure) pour Brooklyn, on l'a vue notamment dans des films comme Lovely Bones, Hanna et The Grand Budapest Hotel, et ça ne fait que commencer.
Brooklyn est réalisé bien sûr par un Irlandais: John Crowley, metteur en scène de théâtre qui avait débuté au cinéma en 2003 avec Intermission (avec Colin Farrell) et a fait notamment dans le film social avec Boy-A en 2007 (avec Andrew Garfield et Peter Mullan) et plus récemment dans le thriller avec Closed Circuit (avec Eric Bana et Rebecca Hall).
Le film est tiré du roman d'un écrivain irlandais, bien sûr: Colm Toibin, qui a vécu dans le petit village irlandais qu'il décrit avant d'émiger lui aussi à New York, mais qui a subtilement raconté l'histoire avec les yeux d'une jeune femme –alors que les récits d'Irlandais débarquant à New York sont, au cinéma, essentiellement masculins. Et au-delà du personnage d'Eilis, il s’agit, explique-t-il, "de l’histoire secrète de deux pays, le mien, l’Irlande, où au cours des 150 dernières années toutes les familles ont perdu un ou deux êtres chers, des gens partis en quête d’un avenir meilleur qui ne sont jamais revenus, mais c’est aussi l’histoire secrète des États-Unis car ce sont les grands-parents ou les arrière-grands-parents des Américains d’aujourd’hui. C’est l’histoire de leur parcours, une histoire rarement racontée".
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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