Cinéma : le film "Love" interdit aux moins de 18 ans (VIDEO)
Le tribunal administratif de Paris a tranché. Après de nombreux rebondissements judiciaires et administratifs, le film Love de Gaspar Noé, projeté dans les salles depuis le 15 juillet, doit être interdit aux moins de 18 ans en raisons des scènes de sexe non simulées, a annoncé le co-producteur du film, Vincent Maraval, lundi 3 sur son compte Twitter.
Saisi par l'association Promouvoir qui vise "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes dans tous les domaines de la vie sociale", le juge du référé a suspendu le visa d'exploitation du film "en tant qu'il n'interdit pas la représentation du film aux mineurs de 18 ans", mais seulement aux moins de 16 ans. Car selon lui, la "répétition" et "l'importance dans le scénario" de scènes de sexe non simulées dans ce film en 3D racontant la relation d'un jeune couple sont "de nature à heurter la sensibilité des mineurs".
Pourtant, après avoir été saisi deux fois par la ministre de la Culture Fleur Pellerin, en juin puis en juillet, la commission de classification des œuvres du Centre national du cinéma (CNC) avait recommandé une interdiction aux moins de 16 ans seulement. "L'intention narrative de l’auteur qui dépeint une histoire d’amour intense et la force du lien créé entre les deux principaux personnages, autant que l’humanité de leur relation, ne fait pas de doute pour le spectateur", expliquait le CNC. Et Fleur Pellerin, qui espérait à l'origine une classification plus sévère, s'était finalement inclinée.
Furieux de ce retournement de situation, Gaspar Noé a dénoncé dans une interview au quotidien Libération une "aberration", mettant en garde contre le "risque que les cinéastes ou scénaristes s'autocensurent" à l'avenir. Très remonté, il a notamment mis en cause l'avocat de Promouvoir, Patrice André. "On est clairement face à quelqu’un qui est proche de Bruno Mégret, de la Manif pour tous, et qui est dans une stratégie d’autopromotion", a ainsi expliqué le réalisateur.
"Le problème n'est pas la décision du juge, mais qu'un ayatollah qui ne représente personne, Patrice André, prenne en otage un système de classification (auparavant il avait déjà fait interdire les films Baise-moi, Ken Park ou encore Nymphomaniac Vol.1 aux mineurs, NDLR). La commission de contrôle n'a plus lieu d'être puisque cet intégriste la bafoue régulièrement, la ministre ne sert à rien, le CSA fait la même chose en durcissant la classification de manière arbitraire et sans explications. Et nous, au milieu de cette improvisation, on doit se demander si nous pouvons continuer à distribuer les films que nous voulons en France", s'est quant à lui insurgé Vincent Maraval auprès de Télérama.
"La décision est maintenant dans les mains du Conseil d’Etat. On devrait en savoir plus sur la France très bientôt", a-t-il ensuite écrit sur Twitter, laissant entendre qu’il comptait faire appel de cette décision auprès de la plus haute cour administrative. Selon le décompte mentionné dans l'ordonnance, Love n’est plus diffusé que dans 33 salles en France, dont 7 à Paris.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du fim polémique):
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