"Doctor Strange" : la machine Marvel en met plein les yeux
Voici venu ce mercredi 26 dans les salles Doctor Strange, dernier né de la machine à succès Marvel déjà forte d'une douzaine de blockbusters et qui montre à nouveau sa capacité à faire dans la démesure.
Malgré ce label, le réalisateur Scott Derrickson devait faire face à deux défis: d'abord le côté ringard d'un personnage créé dans les années 1960, affublé d'un costume que Dracula pourrait porter dans une soirée disco. Ensuite ses pouvoirs magiques, qui peuvent vite faire tomber dans le n'importe quoi.
Le premier piège est à peu près évité grâce à l'humour. Pour jouer du concept, un peu absurde même pour le genre, de moines-sorciers chargés de protéger la Terre des menaces venues d'autres dimensions, le style pince-sans-rire de Benedict Cumberbatch est un atout.
Il faut dire qu'avant de devenir un super-héros, le Dr. Stephen Strange était un brillant neurochirurgien, cynique et parfaitement conscient de son génie. Un Dr. House doublé d'un golden boy qu'un accident va priver de l'usage de ses mains et donc de sa carrière.
Prêt à tout pour guérir, il rejoint les adeptes de l'Ancien (Tilda Swinton) pour apprendre à maîtriser le Multivers, voyager à travers des portails magiques, et combattre Kaecilius (Mads Mikkelsen) sorcier dévoyé au service d'une entité destructrice de mondes.
Et c'est là le deuxième piège car, comme son nom l'indique, Doctor Strange est bizarre. Les personnages pouvant s’affranchir des lois de la physique et créer des dimensions spatio-temporelles dont ils sont seuls maîtres, difficile de garder un cap scénaristique qui tienne debout. Et trouver des incohérences ou perdre le fil est chose aisée. Cela ajouté à l'intensité de certaines scènes, on garde l'impression que ces magiciens sortent parfois de leurs chapeaux des solutions bien pratiques.
Ce qui serait vraiment un problème s'il ne s'agissait pas d'une production Marvel, dont la crédibilité scientifique n'est pas le premier objectif contrairement au grand spectacle. Et de ce côté-là, c'est un festival. Libéré des contraintes du réel, Scott Derrickson a donné vie à des scènes à la puissance visuelle bluffante. Les duels de sorciers sont déjà bien mis en scène, mais voir Benedict Cumberbatch projeté dans le cosmos ou des villes entières littéralement sens dessus dessous en met plein la vue. De quoi justifier le choix d'une séance en 3D et d'un grand écran.
Du grand spectacle donc, et un Benedict Cumberbatch qui manie aussi bien la magie que les répliques drôles ou acides: la base d'un blockbuster efficace. Mais les quelques incohérences et lieux communs (le héros égoïste qui trouve la rédemption dans l'altruisme) laissent tout de même persister l'idée que Doctor Strange est aussi un nouveau rouage de la machine de guerre Marvel, le personnage étant nécessaire pour les prochaines aventures des Avengers (Infinity War - Parties 1 et 2 prévus pour 2018 et 2019), rouleau compresseur annoncé.
(Voir la bande-annonce du film ci-dessous):
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