L'automne fantastique du cinéma français
DÉPÊCHE — Guillaume Canet sous des pluies acides apocalyptiques, Romain Duris face à des mutants : avec la sortie de films ambitieux, l'automne s'annonce sous le signe du fantastique pour le cinéma français.
Longtemps frileux à produire des films de genre, le 7ᵉ art à la française ne rechigne plus, avec des têtes d'affiches appréciées du public.
Mercredi, Pathé sort "Acide", de Just Philippot, un projet à grand spectacle qui entend marcher sur les traces de productions américaines, façon "La Route" avec Viggo Mortensen.
Ce film de survie ("survival") pousse dans leurs retranchements des stars populaires, Guillaume Canet et Laetitia Dosch, un couple accompagné de leur fille, jouée par une nouvelle venue, Patience Munchenbach.
Après une introduction très inattendue, où Canet incarne un "gilet jaune", le film retrouve les rails plus tracés d'un film post-apocalyptique, où la famille ne peut compter que sur elle-même pour survivre face à des pluies acides mortelles et incontrôlables qui rongent les bâtiments et les corps.
Pour le réalisateur Just Philippot, qui avait été remarqué avec "La Nuée", drame rural mâtiné de fantastique sur un élevage de criquets carnivores, "faire vivre un climat de terreur, des émotions fortes, c'est formidable" parce que ça permet de mieux faire passer des messages, écologistes par exemple, a-t-il expliqué à l'AFP lors du Festival de Cannes, où le film était présenté hors compétition.
"C'est un cinéma qu'on n'a pas l'habitude de voir en France", confirme de son côté Guillaume Canet. "Il fait passer des messages importants sur les nuages qui se profilent à l'horizon, sans donner de leçons", avec cette histoire de famille mise à l'épreuve.
Mélange des genres
De liens familiaux, il est également question dans "Le règne animal", avec Romain Duris et le jeune Paul Kircher (révélé dans "Le Lycéen" de Christophe Honoré), qui doit sortir le 4 octobre.
Comme "Acide", le film a été présenté à Cannes, en ouverture de la sélection "Un certain regard".
Probablement l'un des films français les plus ambitieux et les plus inclassables de la rentrée, "Le règne animal" imagine qu'une partie des humains a commencé à muter vers une forme animale, du poulpe au loup.
Confronté à la mutation de son épouse, transféré dans un centre de soins fermé, François (Romain Duris) va devoir se réinventer, et repenser aussi sa relation avec son fils Emile (Paul Kircher). Loin de l'apocalypse, le film imagine une cohabitation entre les espèces.
"J'aime le mélange des genres", confie à l'AFP le réalisateur Thomas Cailley, qui avait déjà signé "Les combattants" avec Adèle Haenel en 2014.
"Le règne animal" mêle film d'initiation, comédie dramatique et fantastique, "à la façon de poupées gigogne", ajoute-t-il. L'arrivée d'animaux mutants est une façon d'étudier "comment les gens se positionnent moralement" par rapport à l'altérité, note-t-il.
Pour éviter l'effet carton-pâte, le réalisateur a fait appel à toute une série de techniques, depuis les dessins de mutants imaginés en collaboration avec l'auteur de BD Frederik Peeters, jusqu'à des effets de maquillage, de plateau ou numérique mélangés.
Sans compter un long travail de chorégraphie avec les comédiens, qui se sont appropriés cris et mouvements des oiseaux.
Ces films rempliront-ils les salles ?
Les dernières tentatives dans le domaine du film fantastique d'auteur n'ont pas vraiment trouvé leur public : "Teddy", un film de loups-garou avec Anthone Bajon et "La nuée", sortis en pleine crise du Covid-19, n'ont attiré que 35.000 et 50.000 spectateurs chacun. "La Tour", un film d'horreur dans un bâtiment de cité, a fait 31.000 entrées en début d'année.
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