"A Perfect Day" : humour fataliste en pleine guerre des Balkans (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 11 mars 2016 - 11:27
Mis à jour le 13 mars 2016 - 10:47
Image
Tim Robbins Benicio Del Toro Film A Perfect Day
Crédits
©Fernando Marrero/Reposado PS/MediaProduccion SLU
Tim Robbins et Benicio del Toro: deux travailleurs humanitaires dans les Balkans.
©Fernando Marrero/Reposado PS/MediaProduccion SLU
Entre humour et drame, le film espagnol "A Perfect Day", ce mercredi sur les écrans français, raconte les aventures d'un groupe d'une organisation humanitaire qui termine une mission dans les Balkans en 1995.

C'est un hommage aux membres des associations humanitaires, truffé d'humour un peu désespéré, que rend le réalisateur espagnol Fernando León de Aranoa dans son film A Perfect Day (Un jour comme les autres), drôle et émouvant, qui sort ce mercredi 16 sur les écrans français.

En 1995, alors que la guerre civile dans les Balkans touche à sa fin, un groupe de membres de l'association humanitaire Aid Across Borders tente de trouver une corde pour sortir un cadavre d'un puits dans lequel on l'a jeté et qui prive les habitants d'eau potable. On suit pendant deux jours et une nuit les pérégrinations du groupe, composé de cinq personnes, qui sont en mission depuis plusieurs mois dans cette région ravagée par la guerre.

Il y a le chef, Mambru (Benicio del Toro), originaire de Porto-Rico, protecteur mais désabusé et qui veut rentrer chez lui. Il y a la Russe Katya (Olga Kurylenko), une ex qu'il n'avait pas vue depuis un an et demi et qui, encore rancunière après leur rupture, débarque pour évaluer leur mission. Il y a Sophie (Mélanie Thierry), une nouvelle recrue française, pleine d'enthousiasme et de candeur mais qui n'a jamais vu de cadavre. Il y a B (Tim Robbins), un Anglo-Saxon célibataire et solitaire, un peu barjo, qui cache derrière un humour cynique un manque total de vie affective. Et il y a Damir (Fedja Stukan), leur interprète local, qui attend impatiemment la fin du conflit.

Dans cette région montagneuse écrasée de soleil, microcosme où se côtoient tous ceux qui participent à la guerre de près ou de loin –soldats, casques bleus de l'ONU, humanitaires, journalistes, civils–, le groupe des cinq va alterner routine et événements imprévus, périodes de détente et moments dramatiques. Ils vont croiser un cadavre de vache déposé au milieu d'une piste, des gamins armés qui jouent au ballon, le propriétaire d'un camion-citerne qui vend aux villageois de l'eau à 6 dollars le seau, un commerçant qui refuse de vendre ses cordes à des étrangers, un village désert en ruines et dévasté, un barrage de soldats qui détiennent des prisonniers tout juste descendus d'un bus, des casques bleus qui font appliquer à la lettre les règlements tatillons…

Le film, remarquablement interprété (le plus succulent est le personnage de Tim Robbins), est un mélange réussi d'humour fataliste et de scènes d'émotion intense, un cocktail rires-larmes voulu par le réalisateur: "L’humour à froid est l’arme du film pour aborder les événements avec distance: piquant, âpre, décapant –désespéré aussi– tout au long du film, souvent en plein coeur de la tragédie. Sûrement parce que c’est dans ces moments qu’il est indispensable".

C'est le sixième film de Fernando León de Aranoa, peu connu en dehors de l'Espagne où il a reçu en 2003 les Goya (équivalents espagnols des César) du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Les lundis au soleil, avec Javier Bardem.

Dans A Perfect Day, sur le ton doux-amer, il a voulu rendre hommage à "ceux dont la mission délicate consiste à mettre de l’ordre dans le chaos. Il raconte leurs tentatives quotidiennes pour mener une guerre à l’intérieur d’une autre –une guerre contre l’irrationnel, contre le découragement, contre leur désir irrépressible de rentrer chez eux. Le film s’attache à la routine de ceux qui travaillent là où rien n’est routinier. Il évoque les forces et les faiblesses de ces travailleurs, leurs erreurs, leurs décisions, leurs petits malheurs. Sans jamais perdre de vue que l’héroïsme est lié à l’effort consenti plus qu’aux seuls actes".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.