Jean-Baptiste Andrea remporte le prix Goncourt pour "Veiller sur elle"

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Par Hugues HONORÉ, François BECKER et Mona GUICHARD - AFP
Publié le 07 novembre 2023 - 20:05
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Jean-Baptiste Andrea a remporté mardi le Goncourt pour "Veiller sur elle", une fresque de plus de 500 pages qui mêle l'histoire de l'Italie au XXe siècle, un amour contrarié et la passion pour l'art, publié par une petite maison d'édition, L'iconoclaste.

Le romancier âgé de 52 ans a été élu au 14ᵉ tour, preuve des dissensions au sein du jury présidé par Didier Decoin, dont la voix compte double à la fin.

Il faisait face, pour le plus prestigieux des prix littéraires francophones, à Eric Reinhardt, longtemps considéré favori, à Gaspard Koenig et à Neige Sinno, récompensée lundi par le prix Femina.

"C'est un moment extraordinaire et je ne pensais pas vivre ça une seule fois dans ma vie", s'est exclamé Jean-Baptiste Andrea aux abords de Drouant, le restaurant où est décerné le Goncourt traditionnellement depuis 1914, à l'heure du déjeuner.

"Je pense à tous les gamins qui en rêvent, et qui se disent : je n'y arriverai pas. J'ai envie de leur dire : soyez déraisonnables". "L'art, c'est la liberté. J'ai toujours cru au romanesque, il n'a jamais été mort le romanesque", a-t-il ajouté, avant de rendre hommage à son éditrice Sophie de Sivry, décédée en mai.

"Veiller sur elle" est le quatrième roman de Jean-Baptiste Andrea, qui a fait ses premiers pas dans le cinéma avant de se consacrer sur le tard à la littérature, il y a six ans. Cette fresque, sur la sculpture et l'Italie, avait déjà reçu le prix Fnac fin août.

Mimo, né pauvre et confié en apprentissage à un sculpteur médiocre, raconte son parcours et son histoire d'amour avec Viola Orsini, ambitieuse héritière d'une famille prestigieuse, en plein basculement de l'Italie dans le fascisme.

Le prix Goncourt est l'assurance de ventes considérables lors des deux derniers mois de l'année, les plus importants pour les libraires. Elles atteignent en moyenne quelque 400.000 exemplaires. Jean-Baptiste Andrea en est déjà à plus de 50.000, un bon démarrage.

Le Goncourt 2022, "Vivre vite" de Brigitte Giraud, avait déçu de ce point de vue, en restant en dessous de 300.000 exemplaires.

Dernier tour

Elle n'avait été désignée qu'au tout dernier tour, elle aussi. Et l'éditeur le plus influent des lettres françaises, Gallimard, s'était déjà fait battre in extremis.

Immédiatement après le Goncourt, et également au restaurant Drouant, le jury du Renaudot a proclamé son prix 2023, décerné à Ann Scott, 58 ans, pour "Les Insolents" (éditions Calmann-Lévy).

Le roman raconte l'arrivée "au milieu de nulle part" d'Alex, une compositrice de musique de films qui décide de quitter la capitale pour se réinventer, souhaitant vivre "ailleurs et seule". Le personnage est un double de fiction de l'autrice, ancienne reine des nuits parisiennes installée en Bretagne (ouest).

Née d'une mère russe photographe et d'un père français collectionneur d'art, Ann Scott a grandi à Paris avant de s'installer à Londres, à 17 ans. Elle a été mannequin et batteuse dans un groupe punk.

L'autrice d'"Asphyxie" et "Superstar", qui s'est lancée à 29 ans dans l'écriture, a salué la mémoire de son père. "C'est ce qu'il espérait pour moi. Maintenant, il est là-haut. Et peut-être, il l'a voulu", a-t-elle dit à l'AFP.

La Première ministre Elisabeth Borne a salué les lauréats de ces deux prix. "L'un retrace l'expérience de l'amour, l'autre de la solitude ; ces deux œuvres nous invitent à penser au monde qui nous entoure. C'est le pouvoir de la littérature", a-t-elle écrit sur X (Twitter).

Le prix Renaudot de l'essai a été décerné à Jean-Luc Barré pour le premier tome, en plus de 900 pages, d'une immense biographie : "De Gaulle, une vie : l'homme de personne (1890-1944)", aux éditions Grasset.

Le prix Renaudot du livre de poche est allé à Manuel Carcassonne pour "Le Retournement".

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