Catherine Laborde sur Alzheimer : il faut "rendre la vie joyeuse" aux malades
Elle est la reine de la météo depuis 25 ans. Présentatrice TV sur TF1, journaliste, écrivain et comédienne, Catherine Laborde, qui a renoué depuis peu avec ses premiers amours, le théâtre, a aussi le cœur sur la main. Engagée auprès de nombreuses associations et touchée de près par la maladie d’Alzheimer, elle a accepté avec sept autres personnalités de lire le témoignage d’une personne malade dans le cadre de la campagne "Des mots pour Alzheimer".
> Avec sept autres personnalités, vous avez accepté de prêter votre voix pour faire entendre celles de personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer. Participer à cette campagne a-t-il été une évidence pour vous?
"J'ai tout de suite accepté, évidemment, mais pour autant ça a été difficile parce que j'ai perdu ma mère dans ces conditions là. Toutefois, il est important de témoigner pour les personnes qui font face à cette maladie. Je trouve ça très bien qu'il y ait des gens qui se battent pour qu'on prenne soin des malades, de l'entourage et qui ont l'énergie de chercher les solutions pour leur rendre la vie un peu moins lourde.
"Bien que j'ai perdu ma mère en 2003, la souffrance est toujours là. Cette campagne a réveillé la douleur. Je me suis mise dans la peau de ma mère. C'était comme si j'avais repris des paroles que ma mère aurait pu dire".
> Votre mère a elle aussi souffert de la maladie d'Alzheimer. Comment l'avez-vous vécu et comment avez-vous appréhendé la sortie du livre de votre sœur Muette (ed.Broché), un récit qui témoigne des ravages qu'a fait la maladie sur votre maman?
"J'ai souvent été présente dans les livres qu'a pu écrire Françoise (sa sœur, NDLR) et c'est souvent très douloureux de se retrouver dans un livre même quand c'est fait de manière bienveillante. J'ai parfois du mal à lire ce que Françoise peut écrire sur notre mère: on sait bien que la mère de l'un ne correspond pas forcément à la mère de l'autre, quand bien même il s'agit de la même personne.
"Concernant la maladie, la petite fille qui vit toujours en moi est restée convaincue qu'à un moment elle allait retrouver sa mère comme avant. Quand bien même ne serait-ce que cinq minutes avant la fin de sa vie. Quand les gens me disent que ça a dû être un soulagement, en réalité c'est la pire chose qui pouvait m'arriver. Après tout, ça m'était égal qu'elle confonde les yaourts avec les cigarettes. Elle était différente mais elle était là. Et qu'elle soit partie sans être à nouveau ce qu'elle était, ne serait-ce que pour un câlin, un baiser, ça a été dur".
> Cette expérience a dû vous forger. Quels conseils donnez-vous aux enfants qui sont confrontés à la maladie de leurs parents?
"Je leur conseillerai de leur rendre la vie joyeuse. Il faut que le présent soit le plus agréable possible. Si elle aime les gâteaux, elle mange des gâteaux, même si ça fait dix fois qu'elle en mange, dix fois qu'elle croit qu'elle n'en a jamais mangé, c'est très bien.
> Vous êtes actuellement sur scène pour jouer votre spectacle Avec le temps. Que raconte ce one-woman-show? L'histoire de votre vie?
"C'est un spectacle que je tourne déjà depuis deux, trois ans. Pour moi c'est une liberté formidable de pouvoir jouer ce texte où Guy Carlier et François Rollin (les auteurs de la pièce, NDLR) me font dire des choses absolument immondes mais qui font rire le public. J'adore ça. Je n'avais jamais été seule en scène. Je crois pour le coup que la météo m'a bien aidé parce que la météo est un peu un exercice de comédie. On est seul face à la caméra.
"Ce spectacle c’est l'histoire d'une fille qui s'appelle Catherine Laborde et qui présente la météo depuis 25 ans sur TF1. En dehors de ça, tout le reste est faux. Ils ont eu envie de s'amuser avec le personnage public qui présente la météo".
> Avant d'arriver à la présentation de la météo en 1989, vous aviez joué de nombreuses pièces de théâtre. Pendant toutes ces années, la comédie ne vous a pas trop manqué?
"Je ne m'en suis pas rendue compte parce que la météo m'a pris beaucoup de temps et puis j'avais deux petites filles. Je n'avais pas le temps d'avoir des regrets. Mais maintenant les filles ont quitté la maison. J'ai pu alors reprendre ma carrière de comédienne.
"Bizarrement, la météo m'aura éloigné de la comédie mais m'aura permis de m'en rapprocher aussi. C'est bien parce que j'ai un nom un peu connu que j'ai pu trouver un écrivain qui m'écrive la pièce, un metteur en scène et une salle qui m'accueille".
> Vous êtes une femme pleine de surprises. Quels sont désormais vos projets?
"Je travaille en ce moment sur un nouveau spectacle. Il est mis en scène par Philippe Lelièvre avec un musicien exceptionnel Raphaël Bancou. C'est un spectacle sur les fables de La Fontaine. C'est pas du tout ce qu'on peut s'attendre à voir. D'ici la fin de l'année je pense que le spectacle sera au point.
"J'ai également écrit un livre qui va sortir le 3 février prochain qui s'appelle Les chagrins ont la vie dure. Il retrace mon enfance à Bordeaux. Sinon mes projets sont simples: me reposer, ne rien faire, regarder la mer, lire, écrire".
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