Notre rapport aux médias a-t-il été modifié par le confinement ?
Les médias ont une importance incontournable dans notre société, car ils possèdent les moyens pour influencer notre comportement et diriger notre pensée. Ils ont le pouvoir de créer des valeurs, juger la véracité et choisir l’agenda des questions politiques, sociales et économiques.
Cependant, la confiance des Français dans les médias a baissé au cours des dernières années (notamment à cause de la couverture médiatique des gilets jaunes) et les plateformes numériques ont modifié le rapport de force entre les différents médias. Plus de gens puisent aujourd’hui leurs informations sur internet, tandis que les journaux et la télévision voient leurs audiences diminuer. Mais la crise du Coronavirus pourra justement provoquer un retour aux “médias traditionnels” et redonner du pouvoir à ces derniers. En même temps, par le biais de la couverture médiatique, elle pourra intensifier nos peurs et provoquer l'improductivité. Tout cela reste bien entendu des hypothèses, mais il est toutefois intéressant d’élargir ces réflexions afin de savoir si notre rapport aux médias a été modifié par le confinement.
Confinement : La consommation médiatique explose
Depuis le début du confinement, la consommation des médias a fortement augmenté. Selon des données récoltés par Médiamétrie, le temps passé devant la télévision a monté à un niveau historique en mars avec une durée d’écoute individuelle moyenne de 4,29 heures par jour!
C’est un nouveau record qui montre que la télévision a regagné énormément d’importance pendant cette période. Cela est aussi le cas pour les journaux et les radios où une hausse des abonnements et d’écoute en ligne peut être observée. Il semble donc que les audiences se redirigent pendant le confinement vers les médias traditionnels pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la contrainte de rester à la maison libère du temps qui peut être gaspillé en consommant les médias. Dans ce sens, ils pourront même renforcer l’improductivité et les sentiments négatifs qui vont avec. Mais cela vaut pour tous les médias y compris les réseaux sociaux, dont l’utilisation a aussi augmenté.
Ce qui fait alors la différence est justement le nombre d’informations fausses circulant sur internet et les réseaux. Ils sont la raison pour laquelle les Français se replient sur la télévision et les journaux réputés. Ils cherchent des informations sûres et des points de référence et pour cela, ils se fient plus aux médias traditionnels qu’aux médias alternatifs. En plus, vu que les informations par exemple sur le prolongement du confinement passent en premier à la télévision ou dans les “Rapports en direct”, il n’y a pas d’autre possibilité d’accéder à cette information.
Dans cette pandémie, le rôle des médias est donc en général renforcé. Ce n’est pas seulement le divertissement et la distraction qui augmentent en ces temps où beaucoup de gens se voient sans travail et sans droit de sortir, mais le besoin d’information de la population est aussi énorme tout comme la demande de la couverture médiatique.
Une panique provoquée par les médias
Néanmoins, il y a une responsabilité impliquée : En effet, les craintes existantes des gens peuvent inutilement croître. Au début du confinement, des supermarchés se sont trouvés vides en quelques heures suite à la panique établie par les médias et le discours d’Emmanuel Macron. On remarque que la couverture médiatique est souvent trop unilatérale et trop émotionnelle. Parfois, les journalistes politiques préfèrent poser des questions sur des stades de football vides au lieu des questions factuellement cruciales. C’est pourquoi il faut que les médias fassent extrêmement attention au contenu qu’ils diffusent pour ne pas renforcer la peur et provoquer par suite des comportements insensés. Mieux vaut donc éviter la dramatisation inutile, des images des gens gravement malades ou des étagères vides dans les supermarchés, mais offrir des solutions et des recommandations d’action concrètes.
Même si la masse préfère souvent les émotions et la dramatique, il faut agir de manière responsable lors de la crise du COVID 19 et ne pas déclencher de la panique.
Garder la distance, aussi face aux médias
Un autre changement dans notre rapport aux médias pendant le confinement est aussi donné par le fait qu’on a plus de temps. Aujourd’hui, nous consommons en effet les médias de manière rapide, en passage, mais sans être 100 % concentré, car la vie en général est devenue plus mouvementée avec un rythme très rapide dans lequel il faut toujours être disponible. Mais avec le confinement, nous pouvons nous permettre de prendre notre temps pour retenir et recevoir les informations, sans stress. Cela permet de réfléchir sur les informations diffusées et de prendre du recul. Nous avons donc vu que le confinement a réellement changé notre rapport aux médias. Le temps passé devant les écrans a énormément augmenté et les médias dits traditionnels ont regagné en confiance. De plus, nous pouvons faire une réflexion plus approfondie sur l’information reçue grâce au temps rendu libre par le confinement.
Mais, les médias doivent s’engager pour ne pas renforcer la peur de la population et utiliser leurs pouvoirs responsablement de même que le consommateur doit garder du recul lorsqu’il consomme les médias.
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