Vinyle : le retour en grâce du disque noir se poursuit
Un léger craquement et la musique est lancée. Le vinyle, support historique de la musique depuis son invention par l’Allemand Emile Berliner en 1887, avait été relégué au placard par l’avènement du CD puis par la dématérialisation de la musique. Mais depuis 2007, les ventes du disque microsillon remontent sensiblement, et pas seulement en France.
En 2012 dans l'Hexagone, plus de 400.000 disques vinyles ont été vendus. C’est trois fois plus qu’en 2010. Les Américains ont acheté en 2012 plusieurs millions de vinyles, et les Anglais près d’un million. "Le vinyle, c’est le seul truc qui monte en ce moment dans la musique", estime le critique musical Philippe Manœuvre. "Quand on écoute du vinyle, on fait partie d’un club. On est différent", poursuit-il.
Entre 20 et 30 euros
Les acheteurs plébiscitent un retour à la tradition, à ce son légèrement grésillant si aisément reconnaissable. La multiplication des rayons de CD dans les grandes surfaces dans les années 80 avait eu raison de près de 90% des enseignes indépendantes, qui retrouvent pour certaines une seconde jeunesse.
La clientèle qui passe aujourd’hui leur porte est hétéroclite: des fans dont la jeunesse correspond à l’âge d’or du vinyle et une clientèle bien plus jeune, qui découvre pour la première fois le vinyle. Les acheteurs sont prêts à mettre d’une vingtaine à une trentaine d’euros en moyenne, voire bien plus, pour acquérir leur disque noir emballé dans une pochette en carton. Le design fait partie intégrante de l’engouement renouvelé pour le vinyle.
Parmi les pochettes historiques présentes sur le marché, celle de l’album Sticky Fingers des Rolling Stones –dont certains exemplaires comportent une vraie braguette– remporte un gros succès.
Les exemplaires vintage s’arrachent dans les vide-greniers, chez les disquaires et dans les événements spécialisés comme le Disquaire Day, organisé en France depuis 2011. Cette journée spéciale consacrée aux disquaires indépendants est née en 2007 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. L’édition française 2015 aura lieu samedi 18 avril.
L'influence des disc-jockeys
La musique électronique et ses disc-jockeys ont été les seuls à ne jamais abandonner le vinyle. Les quatre DJ français du groupe C2C, entre autres, illustrent ainsi cette tendance. Leurs morceaux agrémentés de scratch sur vinyle ont séduit le public. Le groupe a d’ailleurs reçu quatre récompenses aux Victoires de la musique 2013.
Et cet engouement ne concerne pas que de vieux disques. Pour répondre au succès grandissant (mais encore marginal) de nouveaux vinyles, l’entreprise mayennaise MPO presse encore entre 4 et 5 millions d’exemplaires par an. 70% de la production de la dernière entreprise française à fabriquer des vinyles est exportée à l’international. Le coût de production est trois fois plus élevé pour un vinyle que pour un CD, ce qui explique son prix de vente relativement élevé à l’heure de la musique gratuite sur Internet. Le disque microsillon "reste un marché de niche puisque, sur le total du marché, ça fait 0,4% des ventes", selon Antonie Cartier, directrice des affaires économiques du SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique).
Une fois le vinyle en poche, il reste à s’équiper d’une platine et d’un ampli. Pour les petits budgets, les platines premier prix tournent autour de 40 euros. Elles grimpent parfois jusqu’à 3.000 euros.
Mais le progrès technique rôde toujours. Les vinyles récemment pressés sont dotés d’un code de téléchargement à l’intérieur de la pochette. Histoire d’emporter sa musique avec soi, même en voiture ou dans la rue…
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