Immigration : mesures choc pour Le Pen, grandes lignes pour Macron

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Par AFP
Publié le 24 avril 2017 - 22:06
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Emmanuel Macron (G) et Marine Le Pen
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Emmanuel Macron (G) et Marine Le Pen
© ALAIN JOCARD / AFP/Archives

L'immigration, au coeur de la campagne de Marine Le Pen avec des propositions encore durcies à la veille du premier tour, reste un sujet plus discret dans le programme d'Emmanuel Macron, entre intégration et reconduites à la frontière.

- Deux visions antagonistes -

Sur ce sujet inscrit dans l'ADN du Front national, les propositions tranchées de Marine Le Pen visent à "en finir avec l'immigration incontrôlée". Des idées "sur la ligne" de ce que propose le FN depuis plusieurs décennies, souligne François Héran, directeur de recherches à l'Ined.

Du côté d'Emmanuel Macron, "on est plus dans la philosophie générale que dans des mesures très précises", avec "l'idée que la France est raisonnablement ouverte et qu'il n'y a pas de raisons de modifier substantiellement le système actuel", ajoute le chercheur, auteur du récent "Avec l'immigration" (éd. La Découverte).

- Immigration -

Mme Le Pen veut ramener le solde migratoire à 10.000 par an et instaurer en attendant "un moratoire sur les visas longue durée", avec en ligne de mire le regroupement familial -- même si le restreindre soulève des obstacles juridiques "très difficilement surmontables" selon l'institut Montaigne (libéral).

Une telle baisse implique "une quasi abolition de l'immigration légale", souligne François Héran, qui parle d'une proposition "totalement irréaliste".

La France a "un des niveaux d'immigration les plus bas de l'OCDE" rapportée à sa population, rappelle Jean-Christophe Dumont, chef de la division migrations internationales à l'OCDE, avec 227.000 titres de séjour émis l'an dernier, selon le ministère de l'Intérieur.

Suppression du droit du sol, durcissement des conditions de la naturalisation.... Mme Le Pen, qui avait lancé sa campagne sur le "patriotisme" et la "préférence nationale", veut aussi supprimer l'aide médicale d’État et imposer un délai de deux ans avant qu'un étranger puisse voir ses soins remboursés.

Son rival du second tour plaide pour "une immigration de la connaissance", avec un accent sur l'immigration qualifiée (allègement des procédures...).

"Les propositions ne sont pas très précises", relève Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade, pour qui le programme "ne va pas aussi loin" que les propositions de l'association.

"Dans le cas d'une élection de Macron, je ne vois pas de rupture qui se prépare", estime pour sa part l'historien Patrick Weil.

- Réfugiés et demandeurs d'asile --

A l'heure de la crise migratoire, la présidente du FN veut "revenir à l'esprit initial du droit d'asile", qui ne pourra être demandé que "dans les ambassades et consulats français dans les pays d'origine ou les pays limitrophes". 85.000 demandes ont été reçues l'an dernier par l'Ofpra (+6,5% sur un an).

Pour Amnesty International, cela "risque de rendre totalement résiduel l'usage du droit d'asile", puisque tous "n'auront pas la possibilité" de déposer un dossier sur place.

M. Macron fait pour sa part de l'intégration des étrangers en situation régulière "une priorité absolue", mais se contente d'évoquer amélioration de l'offre linguistique et "programmes locaux d'intégration".

La France "doit être à la hauteur de sa tradition historique d'accueil", même s'il faut se montrer "inflexible avec les personnes qui ne remplissent pas les conditions de séjour sur notre territoire", estime le candidat d'En Marche!

Il souhaite ramener à six mois, recours compris, la durée d'examen des demandes d'asile.

Cela revient à "diviser le temps d’examen moyen par deux", souligne Amnesty, qui avertit: la rapidité "ne doit pas conduire à réduire les droits des personnes".

- Frontières -

Mme Le Pen veut "rétablir les frontières" nationales et sortir de l'espace Schengen, avec le recrutement de 6.000 douaniers sur le quinquennat.

A l'inverse, M. Macron prône "le renforcement de l'action européenne" et veut "traiter à la racine" les causes du départ, via l'aide au développement et la lutte contre les passeurs notamment.

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