Abandonner la coutume de la sieste a réduit l'espérance de vie

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FranceSoir
Publié le 06 avril 2022 - 18:57
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Tous les êtres humains, quelle que soit leur culture ou leur situation géographique, connaissent une baisse de la vigilance en milieu d'après-midi, génétiquement codée.
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Il ne faut pas sous-estimer l’importance d’un bon sommeil. De nombreux scientifiques passent leur temps à étudier l’influence de ce temps de repos sur la santé. Parmi eux, le neuroscientifique Matthew Walker s'est spécialisé dans l'étude de la durée et des moments du sommeil, ainsi qu'à la manière dont ils ont été naturellement déformés par la modernité. Dans son livre “Pourquoi nous dormons ? Le pouvoir du sommeil et des rêves, ce que la science nous révèle”, il s'intéresse à la pratique de la sieste, une habitude qui n'est pas toujours développée dans le monde occidental, mais qui aurait une explication physiologique.

Pourquoi ne dormir que la nuit ?

Dans les pays développés, structurés par de longues journées de travail, on a tendance à ne pas ou plus faire de sieste. Le repos est réservé à la nuit, pendant laquelle la durée moyenne du sommeil serait inférieure à sept heures. Mais les habitudes de sommeil sont bien différentes aux quatre coins du monde. Les Gabras, des tribus de chasseurs-cueilleurs dans le nord du Kenya, ou les San dans le désert du Kalahari, dorment selon un schéma biphasique. Les deux groupes dorment une période assez longue durant la nuit (sept à huit heures au lit), puis ils font une sieste qui dure entre 30 et 60 minutes dans l'après-midi. Dans les pays du Sud-Est asiatique, où la chaleur est très forte pendant la journée, nombreux sont ceux qui se lèvent avant le soleil pour réaliser des tâches en profitant de la fraîcheur. Ces personnes trouvent ensuite un moment pour se reposer avec des siestes, le plus souvent pendant les heures les plus chaudes.

Lire aussi : Bon dormeur, insomniaque ou oiseau de nuit : quelle « personnalité du sommeil » êtes-vous ?

La sieste, inscrite dans notre horloge biologique

Tous les êtres humains, quelle que soit leur culture ou leur situation géographique, connaissent une baisse de la vigilance en milieu d'après-midi, génétiquement codée. Mais, ce moment de repos a été sacrifié en faveur de la journée de travail de huit heures. Il existe une autre perturbation du rythme de repos biologique induite par la modernité : le retardement de l’heure de coucher. Les gens ne connaissant pas l'électricité se couchent beaucoup plus tôt, de nos jours. Dans nos sociétés modernes, minuit ne correspond plus du tout au milieu de la nuit ! "Pour beaucoup d'entre nous, minuit est généralement l'heure à laquelle nous décidons de consulter nos e-mails pour la dernière fois, et nous savons déjà ce qui se passe souvent ensuite", évoque Matthew Walker dans son livre.

La sieste, toujours bien ancrée dans la culture méditerranéenne

Il faut accepter que le rythme de sommeil naturel humain est biphasique, c'est-à-dire, avec une première phase la nuit et une autre petite phase en milieu d'après midi. À la suite de ce constat, on peut étudier l’effet sur la santé de l’abandon de ce rythme naturel, et donc de la pratique de la sieste. Selon une étude, en Grèce, ceux qui ont renoncé à la sieste ont vu leur risque de décès par maladie cardiovasculaire augmenter de 37 %. Lorsque nous abandonnons la pratique innée du sommeil biphasique, nos vies seraient, selon cette étude, raccourcies. C'est peut-être la raison pour laquelle il n'est pas surprenant que dans les petites enclaves de Grèce, où la coutume de la sieste reste intacte, comme sur l'île d'Ikaria, les hommes sont près de quatre fois plus susceptibles de vivre jusqu'à 90 ans que les hommes américains. Les sociétés qui ont intégré la sieste dans leurs habitudes ont été décrites comme "les endroits où les gens oublient de mourir". La pratique du sommeil biphasique naturel, associée à une alimentation saine, semblent être les clés d'une longue vie, selon le neuroscientifique.

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