Ces associations qui militent pour une "viande différente"
"Inadmissible", "sévices graves", "actes de cruauté"... suite aux vidéos L214 montrant des actes de cruauté sur les animaux dans les abattoirs, de nombreuses voix, citoyennes et politiques, se sont élevées pour protester. Pourtant, consommer du bétail fait partie intégrante de notre culture: les Français mangent 500 grammes de viande par semaine en moyenne et s’ils se disent préoccupés par la maltraitance animale, beaucoup ne sont pas prêts à renoncer à ce plaisir. Partant de ce constat, le collectif Quand l’abattoir vient à la ferme entend offrir une viande différente, provenant d’un animal abattu dans les "meilleures conditions possibles".
Car en installant un abattoir dans les fermes "on réduit le stress des transports et on offre une alternative cohérente aux éleveurs qui ont peu d’animaux et qui ne se retrouvent pas dans l’abattage tel qu’il est pratiqué aujourd’hui", explique à FranceSoir Julie Douine, porte-parole de l’association. "Ici il n’est pas question de savoir s’il faut être végétarien ou vegan (personne qui exclut de son alimentation tout produit d'origine animale, NDLR), nous oeuvrons pour le bien-être animal et nous sommes dans quelque chose de très concret: les abattoirs ça existe et il y a encore beaucoup de gens qui mangent de la viande en France. Nous sommes pragmatiques, nous essayons de faire avancer les choses", déclare-t-elle pour désamorcer certaines critiques qu’elle a pu recevoir sur la page Facebook de l'association.
Fondée il y a quelques mois par des éleveurs, des chercheurs, des associations de protection animale et des citoyens consommateurs, l'association compte profiter du fait que la question de l'abattoir soit "dans l'air du temps" pour proposer son alternative aux politiques. "La question de l'abattage à la ferme a été posée par un député à l'Assemblée nationale. Il n'y a aucun obstacle particulier, il faut juste proposer un camion mobile qui tienne la route pour servir d'abattoir et on pourra faire des expérimentations dans des régions puisqu'énormément d'éleveurs sont profondément motivés par notre projet", poursuit Julie Douine."L’idée c’est qu’on soit partenaire d’une région. Le financement pourra être fourni par la région en question mais aussi par un financement participatif citoyen. On expérimentera d'abord dans cette région et notre objectif c’est d’étendre ensuite ça à toute la France pour les personnes qui sont demandeuses".
En attendant, certains membres de l'association se déplacent partout en Europe pour "y voir ce qui s'y fait" afin de s'en inspirer tandis que d'autres interagissent avec les politiques pour les convaincre du bien-fondé de leur proposition ou exposent leur idée aux citoyens. Car "on va avoir besoin d’un énorme soutien de la population pour que notre projet voit le jour", conclut Julie Douine.
Mais si l'abattoir est le gros point noir de l’élevage pour Quand l'abattoir vient à la ferme, Terres de France, qui milite également pour une "viande différente", n'est pas de cet avis. Peut-être parce qu'il travaille en circuit court, Thierry Gonot, président de l'association assure n'avoir "personnellement" jamais constaté ce genre de dérives. "Il me semble que c'est très rare", soulève celui qui, depuis 2007, a pour objectif d’amener le producteur local vers le consommateur. "Car si ce dernier a pris conscience qu’il était important de manger les bonnes choses, il n’a souvent pas le temps d’aller chez les producteurs où dans les magasins où l'on vend des bons produits". D’autant plus que la plupart du temps "c’est très cher" en raison des marges pratiquées par le distributeur.
C’est pourquoi, depuis décembre, Terres de France amène les producteurs à qui elle a fait signer une charte de qualité directement dans les entreprises pour un service de livraison "à des prix très corrects", assure son président. "Les consommateurs réceptionnent les produits dans leur sachet frigorifique dans l'entreprise et le soir ils les mangent tous frais. On a décidé d’aider la filière volaille de la région Midi-Pyrénées, que personne ne commercialise et on livre des poulets Label Rouge de deux kilos. Ils sont abattus le jeudi, le vendredi ils sont livrés", explique Thierry Gonot, se félicitant de la réussite de sa démarche. "C’est quelque chose qui marche bien. Les gens veulent savoir ce qu’ils mangent, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui". Et de conclure: "Nous, avec nos petits moyens on lutte pour essayer de donner des bons produits à toutes les bourses".
Cet article fait partie de notre dossier "Comment mieux consommer de la viande?", à consulter en cliquant ICI.
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