Le défi du ramadan pour les jeunes musulmans candidats au bac
Comme l'an dernier, le bac va coïncider avec le ramadan: un défi pour les musulmans, qui ne peuvent trouver dans les examens un motif valable pour s'abstenir de jeûner selon la tradition, même si une récente "fatwa" française assouplit cette prescription. Les écrits du baccalauréat général et technologique 2016 s'étalent du 15 au 22 juin. Soit en plein ramadan, qui a commencé lundi 6. Cet alignement de calendriers n'est pas anodin en France, où vit la première communauté musulmane d'Europe, et alors que le ramadan est un rite massivement suivi, avec plus de 70% voire 80% de jeûneurs parmi les fidèles, selon les études.
Durant ce mois sacré, les musulmans sont invités à s'abstenir de boire et de manger notamment, des premières lueurs de l'aube jusqu'au coucher du soleil. Soit pendant 18 heures environ (de 3h50 jusqu'à presque 22 heures à Paris) la semaine des examens, qui sonne aussi l'arrivée de l'été, avec les jours les plus longs de l'année et possiblement des températures élevées. Le jeûne, quatrième pilier de l'islam, concerne tout musulman pubère. Des dispenses appelant des compensations - par un jeûne différé - sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou devant allaiter. Mais théoriquement ni pour les travailleurs ni pour les candidats à des examens...
"Passer un examen n'est pas une raison valable pour abandonner le jeûne du ramadan, qui est une prescription religieuse très importante", explique à l'AFP le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech. "Des versets du Coran disent qu'on ne prescrit à une personne que ce qu'elle peut supporter", nuance ce responsable, pour qui "le ramadan n'est pas un point d'achoppement posant des questions métaphysiques".
Le Conseil théologique musulman de France (CTMF), une commission gravitant dans l'orbite de l'UOIF (issue des Frères musulmans), a toutefois publié dimanche une "fatwa" (avis juridique religieux) très commentée dans la mesure où elle permet une rupture du jeûne pour les candidats. "Les élèves qui vont passer des examens décisifs dans leur vie peuvent ne pas jeûner (...) puisqu'ils ont besoin de manger pour leur préparation et leur application dans les réponses, notamment ceux qui connaissent leurs propres faiblesses et leur manque d'endurance", dit le texte. Néanmoins les candidats n'ayant des examens que le matin "n'ont pas à se servir de cette dérogation".
"Ce n'est pas sérieux", tranche le blogueur Fateh Kimouche (Al-Kanz), très engagé sur ces questions. "Si des étudiants peuvent manger et boire, pourquoi pas des ouvriers qui travaillent en plein soleil ?" Pour ce musulman "orthodoxe", "le problème ce n'est pas le ramadan, c'est soi-même. Le jeûne est plus facile à supporter si on ne fait pas d'orgie le soir", lors du repas de l'iftar, glisse-t-il. "Beaucoup se sentent plus légers, se sentent mieux lors du ramadan", assure-t-il en vantant ses vertus d'"ascèse spirituelle". Avec ou sans examen à passer.
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