"#MetooFoot" : des femmes témoignent d'agressions lors des célébrations de la Coupe du monde
"Quand je pense à cette finale, je ne peux me souvenir que de ça": les témoignages de femmes sur des agressions sexuelles lors des célébrations du Mondial à Paris se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Signe qu'"on ne laisse plus passer" ces violences depuis le mouvement #Metoo.
Rose (le prénom a été modifié), 20 ans, étudiante en informatique, était venue fêter la victoire des Bleus dimanche sur les Champs-Elysées. Alors que des échauffourées éclatent, "un homme est venu derrière moi. J'ai senti des mains aux fesses, il me touchait le sexe par-dessus mon short", raconte-t-elle à l'AFP.
Marion (prénom modifié), étudiante de 24 ans, a regardé le match avec son petit ami dans un bar du quartier Pigalle. A 22H00, "l'ambiance festive a changé et a commencé à devenir très oppressante". "Je me suis prise plusieurs mains aux fesses, un homme a également caressé mon entrejambe", relate-t-elle. "Mon copain essayait de repousser ces mecs devenus incontrôlables".
Pour l'heure, dans la capitale, deux personnes ont été placées en garde à vue, soupçonnées d'agressions sexuelles à l'occasion de la finale, a indiqué une source judiciaire. Parmi elles, un mineur a été présenté à un juge des enfants mardi.
Selon le ministère de l'Intérieur, le nombre de plaintes déposées lundi pour viols et agressions sexuelles était deux fois moindre qu'à la même date l'année dernière sur le territoire de la préfecture de police de Paris. Aucune tendance à la hausse n'a été constatée dans les grandes agglomérations, a ajouté le ministère, sans donner de chiffres.
Rose, comme Marion, n'a pas déposé plainte. "Ca ne servirait à rien, on ne pourra jamais le retrouver", justifie-t-elle.
Mercredi sur Europe 1, le préfet de police Michel Delpuech a insisté: "Il faut que ces faits soient portés à la connaissance des services pour que les investigations soient menées". "Nos services seront sans complaisance avec les auteurs, s'ils sont identifiés", a-t-il promis.
- "#ArrêtonsLes" -
Une jeune femme de 29 ans, qui vit dans la région toulousaine et souhaite rester anonyme, a rassemblé sur Twitter plusieurs de ces témoignages sur des agressions ou comportements sexistes, accompagnés du hashtag "#MetooFoot": "Les témoignages m'ont fait froid dans le dos, je voulais qu'on se rende compte de la quantité de messages".
"On est encore dans une conception de la virilité où il faut être gentille, accorder des faveurs sexuelles à l'homme gagnant et victorieux", regrette Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. "C'est ce qui ressort de certains tweets, avec des hommes qui disent: +0n a gagné, donne-moi mon bisou!+".
Festivals, ferias... le problème se pose aussi dans d'autres rassemblements festifs. "Les femmes ne peuvent pas faire la fête en public comme les hommes", dénonce Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association Osez le féminisme.
Cette militante a aussi raconté avoir été agressée, à Châtelet, le soir de la demi-finale: "Il s'est pris mon poing dans la figure".
Mais, au vu de certaines réactions sur les réseaux sociaux, elle note que "les gens commencent à comprendre que ce n'est pas juste des emmerdes qu'on rencontre en soirée, mais bien des agressions sexuelles".
"C'est le signal que la vague #Metoo qui a suivi l'affaire Weinstein ne s'épuise pas", ajoute Anne-Cécile Mailfert. "On ne laisse plus passer".
"#ArrêtonsLes", a tweeté mardi la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa. "Il embrasse de force une femme durant les fêtes de la #CM2018: c'est une agression sexuelle punie par la loi", a rappelé celle qui s'apprête à faire voter au Parlement son projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles.
Si la prise de conscience fait son chemin, il faut encore "agir", selon les associations. Adapter "l'éclairage public, les transports en commun", pour éviter un "rallongement des temps d'attente" ou une "déviation des trajets connus", détaille Raphaëlle Rémy-Leleu.
"Ce serait intéressant que ce soit pris en compte pour les JO-2024" qui seront organisés en France, souligne Anne-Cécile Mailfert en insistant sur la prévention, avec par exemple des messages dans les stades pour "rappeler que c'est interdit".
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