Après 15 mois de guerre, Israël et le Hamas annoncent un accord de cessez-le-feu à Gaza, Tsahal intensifie ses opérations avant son entrée en vigueur
Les rumeurs étaient de plus en plus persistantes mais les frappes continues d'Israël faisaient planer le doute. C'est finalement chose faite. Après de nombreux rounds de vaines négociations, environ 14 mois après la première (et seule) courte trêve, Tel Aviv et le Hamas ont annoncé mercredi 15 janvier 2025 un accord de cessez-le-feu, suscitant diverses réactions internationales, mais surtout des scènes de liesses aussi bien dans ce territoire palestinien qu’en Israël. Le cessez-le-feu, très fragilisé selon certains, entre en vigueur ce dimanche, selon le Qatar. En attendant, l'armée israélienne poursuit ses offensives, annonçant jeudi avoir frappé “environ 50 cibles”.
Mercredi, des heures avant l’annonce officielle, tandis que le cabinet du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou déclarait que des questions “restaient à régler”, au moins 27 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes israéliennes sur la bande de Gaza.
Pourtant, les offensives israéliennes s’intensifient
À Deir el-Balah (centre), une frappe avant l'aube qui a ciblé une maison a fait 11 morts, dont un enfant de 7 ans et trois adolescents, selon la Défense civile. Plus au nord, à Gaza-City, un bombardement sur l'école al-Farabi où ont trouvé refuge des déplacés a fait sept morts, d'après les secouristes. Les blessés, explique-t-on, ont été transportés à l'hôpital al-Ahli, qui ne fonctionne que partiellement. A la sortie de cette ville, au camp d’al-Chati, trois autres Palestiniens ont été tués.
Le bilan des opérations israéliennes ne s’arrête pas là puisque à Nousseirat (centre), six autres personnes ont péri dans une frappe aérienne. L'armée israélienne a même émis un nouvel ordre d'évacuation concernant une partie de la ville de Jabalia, annonçant son intention d'attaquer la zone.
Depuis la soirée du mercredi, 20 morts supplémentaires ont été signalés puis 7 autres. Au total, selon la Défense civile, 73 personnes tuées, “parmi lesquelles 20 enfants et 25 femmes”, rien que depuis l’annonce de l’accord de cessez-le-feu.
Mercredi, le ministère gazaoui de la Santé a annoncé au moins 62 morts et 253 blessés en 24 heures. Hier jeudi, c’est-à-dire au lendemain de l’annonce du cessez-le-feu, ce bilan grimpait encore à 81 personnes en 24 heures. Selon cette autorité, ces nouvelles victimes portent à 46 788 morts le bilan de plus de 15 mois de guerre. En outre, 110 453 personnes ont été blessées.
À l'annonce de l'accord d'un cessez-le-feu, des milliers de Palestiniens ont manifesté leur joie à travers la bande de Gaza, notamment à Khan Younès. À Tel-Aviv sur la place des otages, nommée ainsi après les attaques du 7 octobre 2024, la réaction était mitigée entre le soulagement, la prudence et la joie.
Le mouvement palestinien a estimé que cet accord était “le produit de la ténacité légendaire de notre peuple palestinien et de notre vaillante résistance dans la bande de Gaza depuis plus de 15 mois". Le président israélien Isaac Herzog a salué la trêve. “Je dis de manière très claire : c'est un bon choix. C'est un choix important. Un choix nécessaire. Il n'y a pas d'obligation morale, humaine, juive ou israélienne plus grande que de ramener nos fils et nos filles parmi nous", a-t-il affirmé dans une intervention télévisée.
Une trêve fragile en trois phases
Les réactions ont fusé à travers le monde. Donald Trump, président élu des États-Unis, qui avait révélé que les deux belligérants étaient parvenus à un accord plus tôt, a salué un accord "mémorable".
Le journal Haaretz rapporte que l’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient a exercé des pressions sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour qu’il accepte un plan pour Gaza qu’il avait précédemment rejeté. Des informations qui corroborent l’implication significative de Trump dans la médiation de l’accord de paix entre Israël et le Hamas.
Volker Türk, le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a exprimé son "profond soulagement après tant de douleur et de misère insupportables". Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a quant à lui immédiatement plaidé pour "une entrée rapide, sans entrave et ininterrompue" de l'aide humanitaire à destination de Gaza. Le même appel a été repris par Madrid, Berlin, Amman ou encore le chef de l’ONU. Moscou et Pékin ont salué cet accord.
Le Qatar, l'Égypte et les États-Unis ont affirmé qu’ils surveilleront l'application de l'accord de trêve, à travers “un mécanisme de suivi qui sera mis en place”. Benjamin Nétanyahou accusait dès jeudi matin le Hamas d’essayer “d’extorquer des concessions de dernières minutes” et de provoquer une “crise de dernière minute” en revenant sur certains points du texte. Accusations rejetées dans la foulée par le mouvement palestinien, qui avertit que “toute agression, tout bombardement [sur Gaza] à ce stade risque de transformer [les espoirs de libération de tel ou tel otage] en tragédie”.
Que prévoit cet accord ? Trois phases déjà. La première phase, débutant le 19 janvier, prévoit une trêve de six semaines, le retrait partiel de Tsahal de Gaza, la libération de 33 otages israéliens en échange de 1000 à 1500 prisonniers palestiniens, et une augmentation de l'aide humanitaire. La deuxième phase, conditionnée au succès de la première, vise la libération des otages restants et un retrait total de Tsahal. La troisième phase envisage un plan de reconstruction pour Gaza. L'Union européenne a annoncé une aide humanitaire de 120 millions d'euros pour Gaza, où la situation est décrite comme "catastrophique".
Selon l'OMS, il faudrait au moins 10 milliards pour rebâtir ne serait-ce que le système de santé gazaoui. Human Rights Watch estime que malgré l’accord, “les crimes odieux commis le 7 octobre 2023 et depuis ne devront pas rester impunis”.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.