Chronique N°95 – "Faut-il encore l’appeler Sars-CoV-2  ?"

Auteur(s)
François Pesty, pour FranceSoir
Publié le 22 juin 2022 - 11:30
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Pr Bruno Megarbane Chronique Pesty 95
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Capture d'écran YT / DR
Pr Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation de l’hôpital Lariboisière, AP-HP, le 24 avril 2022.
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CHRONIQUE — Le dimanche 24 avril 2022, vers 11h, le Pr Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation de l’hôpital Lariboisière, AP-HP, était interviewé sur France info (interview à retrouver en intégralité : ici).

Augustin Arrivé : "Encore plus de 80 000 nouveaux cas de covid annoncés hier soir en France. Alors, c’est 30 000 de moins que le samedi précédent, et surtout, ces statistiques n’ont bien sûr plus la même valeur qu’il y a un an, quand la vaccination n’était que balbutiante et que des variants plus agressifs dominaient la pandémie. Mais, 80 000 cas en 24h, ce n’est pas rien. Bonjour Professeur Bruno Mégarbane."

Pr Bruno Mégarbane : "Bonjour"

Augustin Arrivé : "Chef du service de réanimation à l’hôpital Lariboisière à Paris. Les délais de réinfection, par ailleurs, semblent se raccourcir. La nouvelle vague BA.2, c’est le nom du nouveau variant, se superpose en réalité à la vague Omicron. On peut être infecté par les deux variants successivement ?"

Pr Bruno Mégarbane : "Ben écoutez, BA.2 est un sous-variant d’Omicron, comme d’ailleurs, il y en a beaucoup d’autres. BA.1, BA.2, BA.3, BA.4, BA.5 etc… Donc on voit qu’il y a une multiplicité de ces mutations qui modifient très légèrement la protéine Spike, du virus. Cette protéine qui permet au virus d’entrer dans les cellules. De fait, avec le temps qui passe, par rapport à la vaccination, eh bien, l’immunité diminue très légèrement, malheureusement, n’est plus capable de s’opposer à une contamination. À l’inverse, évidemment, elle reste suffisamment solide pour éviter les formes graves de la maladie. De fait, effectivement, les réinfections deviennent de plus en plus nombreuses, sans pour autant qu’il y ait, de tableaux cliniques plus graves. Nous sommes effectivement dans une phase où les variants qui circulent actuellement sont essentiellement responsables chez les personnes, bien sûr, immunocompétentes et vaccinées [1], euh, de formes, d’infection des voies aériennes supérieures, une sorte de rhume sans conséquences graves."

[1] Pas besoin d’être vacciné contre un rhume.

Augustin Arrivé : "Pour l’instant la dose de rappel, puisque vous parliez de cette vaccination, et qui commence à être ancienne, cette dose de rappel est réservée au 60 ans et plus. Est-ce qu’il faudrait élargir cette tranche d’âges ?"

Pr Bruno Mégarbane : "Alors, pour le moment non. Il n’y a pas de preuve que le fait de refaire une deuxième dose de rappel, puisse renforcer, euh, les défenses et la protection contre les formes graves de la maladie [2]. Celle-ci étant déjà extrêmement élevée pour les personnes les plus immunocompétentes. À l’inverse, pour les personnes très âgées, les personnes avec des morbidités importantes, les personnes immunodéprimées, là, malheureusement, avec le temps, l'immunité, diminuant, il y a un risque de refaire des formes graves de la maladie. C’est pourquoi, les personnes de plus de 60 ans devraient faire cette 4ème dose de rappel, cette 4ème dose, pardon, de vaccination, et plus on est âgé, plus on est fragile, évidemment, et plus il est absolument nécessaire de la faire [3]. Maintenant, on n’écarte pas qu’à la rentrée, il faille refaire, une 4ème dose pour la totalité de la population. Mais, on verra évidemment à ce moment-là, en fonction notamment des variants qui vont circuler [4]".

[2] Il vient de dire qu’il n’y avait plus de formes graves, seulement des rhumes sans conséquences…

[3] De l’expertise au doigt mouillé. Il n’en sait strictement rien. Aucune étude clinique randomisée (mais pas en double aveugle) de Pfizer ou Moderna, mais aussi des fabricants de vaccins non à ARN messagers, n’a inclus des personnes très âgées ou ayant d’importantes morbidités. Ça a servi à quoi que je trace les courbes des taux de létalité dans les cinq tranches d’âges les plus âgées ? Le Pr Mégarbane a besoin d’une piqure de rappel. Pour l’occasion, j’ai retravaillé sur les courbes de taux de létalité que j’avais construites pour les dix tranches d’âges suivies par Santé Publique France et décrite par l’INSEE pour ma chronique N°89 (S’y référer pour plus de détails : ici), en analysant les évolutions entre le 27/12/2020, début de la vaccination et le 20/02/2022. Pour mettre les points sur les « i » au Pr Mégarbane. Au début de la vaccination, qu’il semble tellement vénérer, la létalité était de neuf décès pour 10 000 infectés chez les 90 ans et plus. Celle-ci était divisée par deux chez les 80-89 ans, par cinq chez les 70-79 ans, par 15 chez les 60-69 ans, et par 90 chez les 50-59 ans. Néanmoins, l’observation des courbes de létalité dans les cinq tranches d’âges les plus élevées ne montre aucune baisse sensible de la létalité pendant la montée en puissance de la vaccination, malgré une couverture vaccinale complète de 70 % à la mi-septembre 2021. Une observation évidemment bien embarrassante pour l’exécutif et tous les PU-PH, dont le Pr Mégarbane, qui ont proclamé l’efficacité des vaccins ARN contre les formes sévères et les décès… Malgré cette couverture, qui finira par stagner (le 3 mai 2022, la primovaccination complète n’a toujours pas dépassé le seuil des 80 % de couverture), nous avons observé au 31 décembre une « remontada » avec de nouveaux pics de létalité chez nos anciens. Il aura fallu attendre la domination d’Omicron pour assister à une baisse vertigineuse des taux de létalité, divisés entre le 27 décembre 2020 et le 20 février 2022, par trois chez les 90 ans et plus (seulement 3 décès pour 10 000 infectés), par 3,3 chez les 80-89 ans, par 4,5 chez les 70-79 ans, par 3 encore chez les 60-69 ans, et par 2 chez les 50-59 ans… Et bien sûr, cette diminution considérable de la létalité, on ne la doit pas au vaccin, mais au fait que les mutations opérées par Omicron, l’ont rendu inoffensif…

Cela dit, le graphique combiné ci-dessous, permettant de comparer l’évolution des nouveaux cas quotidiens confirmés Covid-19 avec le niveau de la couverture vaccinale en primovaccination complète chez les Françaises et les Français, ne laisse aucun doute quant à l’inefficacité totale de la vaccination à bloquer, freiner, réduire les contaminations par les deux sous-variant successifs d’Omicron. Malgré une couverture vaccinale en primovaccination complète de 78,1 % le 18 janvier 2022, les nouveaux cas positifs au Covid-19 ont flambé comme jamais au cours de la pandémie avec un pic de plus de 365 000 le 24 janvier (période du sous-variant BA.1 d’Omicron), puis quelques semaines plus tard, un pic à 140 000 cas le 31 mars (période du sous-variant BA.2 d’Omicron). En définitive, la 5ème vague de contaminations aura été la plus haute et la 6ème, la seconde plus haute, signant la totale défaillance des vaccins… M. Macron, le non-vaccinés avaient d’excellentes raisons de s’abstenir de tous vaccins, et parmi eux les soignants obligés et honteusement mis à l’index. Quand donc vous excuserez-vous ?

Enfonçons le clou et voyons à présent si le vaccin a protégé des décès !

Non, M. Mégarbane, la couverture vaccinale à 78,9 % en primovaccination complète, n’a pas empêché le pic à 285 décès par jour du 10 février 2022, alors même qu’il s’agissait de la 5ème vague Omicron, sous-variant BA.1, pas plus que le pic à 140 décès du 26 avril 2022 alors que le sous-lignage BA.2 dominait à 99 % depuis le 4 avril… Des pics pas très éloignés de ceux à 320 décès du 12 avril 2021 (83 % de variant alpha), à 338 décès du 4 février 2021 (souche originelle de Wuhan encore dominante), quant au pic à 112 décès du 25 août 2021, nous étions en période variant Delta (98,7 % le 3 août). Omicron (BA.1) était dominant à 99,3 % le 31 janvier 2022. Pour mémoire, le pic de la 1ère vague à 605 décès avait été observé le 6 avril 2020, et celui de la 2ème vague à 548, le 9 novembre 2020.

Tout juste pouvons-nous dire que le pic de décès de la vague delta est trois fois moins important que celui de la vague alpha. Mais, les Anglais ont bien montré que le taux de létalité du variant Delta était sept fois inférieure à celui du variant alpha… (voir le tableau 2 page 8 du rapport de Public Health England publié le 25 juin 2021 : ici ; Explications de calcul dans ma chronique N°66 : ici).

Si les vaccins avaient été aussi "miraculeux" qu’on a bien voulu nous dire, n’auraient-ils pas effacé ces pics ? Pour la période Omicron, évidemment, l’inefficacité vaccinale peut s’expliquer par la trentaine de mutations observées sur la protéine Spike, cible vaccinale…

S’ils n’ont pas été vraiment efficaces contre les décès, les vaccins auraient peut-être pu éviter des formes graves admises en soins intensifs ?

[4] Je trouve ça insupportable, ces médecins qui appliquent le principe de précaution à tout bout de champ. Vacciner contre la grippe ou le covid, à condition d’avoir des vaccins qui aient prouvé de façon robuste, et leur efficacité, et leur parfaite innocuité (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas !), je peux comprendre. Mais, que l’on vaccine contre un rhume ! Je pouffe de rire. Pitoyable… Les adeptes des surdiagnostics, des surtraitements… On en crève…

Augustin Arrivé : "Oui, et justement, jusqu’à présent, depuis le début de cette pandémie, lorsqu’un variant devenait majoritaire, il avait tendance à éradiquer assez rapidement le variant précédent. Là, on a, comme vous l’avez noté, une multiplicité de variants. Est-ce que c’est nouveau et est-ce que c’est une mauvaise nouvelle pour nous ?"

Pr Bruno Mégarbane, après un court silence : "Je dirais que c’est plutôt une bonne nouvelle. C’est-à-dire, en fait, pour le moment, il n’y a pas de variant qui l’emporte nettement en termes d’avantages sélectifs, en termes de capacité à se propager, en termes éventuellement de virulence. Le fait d’avoir des mutants et des hybrides qui se multiplient, correspond à la nature de ce virus qui a une capacité à se modifier relativement importante, et on voit que tous les nouveaux variants et sous-variants ressemblent très largement à la génération d’avant. Et de fait, l’immunité que nous avons acquise, et que nous maintenons grâce à ces réinfections, eh bien, permette de protéger la population contre les formes graves de la maladie [5]. C’est la fameuse immunité collective qui désormais protège surtout contre la maladie grave, mais malheureusement pas contre le risque de contamination. Évidemment, dans le futur peut-être des vaccins de nouvelle génération pourront le faire [6]. Mais, aujourd’hui, on doit se contenter de cette protection contre les formes graves de la maladie. Plutôt une bonne nouvelle de savoir que les nouveaux variants, eh bien, ne sont pas capables de s’imposer"

[5] Non, la protection conférée par les vaccins contre les formes graves et les décès n’a pas été prouvée dans les essais cliniques randomisés (mais pas en double aveugle, ce qui a largement biaisé leurs résultats sur l’apparition de nouveaux cas symptomatiques et/ou confirmés par des tests de laboratoires).

[6] Au moins cette petite phrase le trahit, c’est bien la preuve que les vaccins ont été défectueux et qu’ils n’ont pas été capables de bloquer les transmissions virales. Ce qu’on est en droit d’attendre d’un vaccin digne de ce nom… Je rappelle aussi qu’une brillante étude anglaise a démontré que les non-vaccinés qui contractent le Covid-19, ne transmettent pas plus que les complètement vaccinés, n’en déplaise à Emmanuel Macron, qui a eu des propos insultants à l’égard de celles et ceux qui n’ont pas souhaité, et c’était leur droit le plus élémentaire, un droit foulé aux pieds pour les soignants obligés de se faire vacciner sous peine de perdre leur emploi et d’avoir leur salaire suspendu. Honte à ce gouvernement nuisible…

Augustin Arrivé : "Mais, n’est-ce pas un peu contradictoire de continuer à parler d’une possible immunité collective, alors qu’on constate qu’il y a de plus en plus de réinfections ? [7]"

[7] Le journaliste aurait pu (dû) ajouter, que ces réinfections se voient aussi chez des complètement vaccinés, preuve que le vaccin est parfaitement inefficace, en particulier depuis l’arrivée d’Omicron…

Pr Bruno Mégarbane : "Oui, cette immunité collective, c’est une immunité de protection contre les formes graves de la maladie, et pas du tout une immunité de protection contre la propagation du virus. Malheureusement, les rhumes, comme vous le savez, sont liés à des virus pour lesquels, l’immunité ne protège pas. Et donc, tous les ans ou très régulièrement, même parfois dans la même année, nous faisons des rhumes. Eh bien c’est le cas du Sars-CoV-2 [8], qui comme on l’avait prédit, devrait très progressivement s’orienter et devenir un virus des rhumes, comme d’ailleurs ses quatre cousins germains qui sont des coronavirus et qui sont responsables de rhumes annuels".

[8] Mais pas du tout ! C’est quoi ce réanimateur de pacotille ? Il sait ce que veut dire "SARS" ? Il faut de toute évidence le-lui rappeler. "SARS" en anglais signifie « Severe Acute Respiratory Syndrome » et en français SDRA pour "Syndrome de détresse respiratoire aiguë". Cela n’a rien à voir avec les rhumes !

Il ne faut plus appeler "Sars-CoV-2" ces virus, lorsqu’ils ne développent plus de SDRA, mais seulement des rhumes !

Augustin Arrivé : "Dernière question. La population chinoise qui a reçu une vaccination très différente de la nôtre et à une moindre échelle, connait actuellement une nouvelle vague de contamination avec des confinements dans certaines villes. Est-ce qu’on sait s’il s’agit là-bas du variant Omicron, du variant BA.2, est-ce que c’est un nouveau variant qui pourrait ensuite se propager à l’Europe ?"

Pr Bruno Mégarbane : "Alors, pour le moment et à ma connaissance, c’est bien le variant Omicron et c’est bien des sous-types déjà connus de ce variant. Donc, il n’y a pas apparition d’un virus menaçant. À l’inverse, comme vous le savez, la stratégie chinoise est de maintenir le « zéro covid ».  C’est-à-dire, de bloquer les contaminations quitte à confiner la population. Ce n’est pas une stratégie à mon avis viable sur le long cours, car comme on l’a vu avec la vaccination, les sujets sont protégés contre les formes graves de la maladie [9] et les infections naturelles, permettent non seulement de renforcer cette immunité acquise avec la vaccination [10], mais finalement permettent de vivre avec le virus. Et c’est ce pour le moment, c’est la stratégie que n’a pas choisie la Chine. Et de fait, évidemment, les confinements avec un variant extrêmement contagieux, est extrêmement difficile, même si, la mortalité évidemment, n’a rien à voir y compris en Chine avec les variants historiques".

[9] Non, cela ne correspond pas aux résultats obtenus des essais cliniques randomisés. D’ailleurs, la diminution drastique des formes graves et des décès à l’arrivée d’Omicron, n’est pas le fait d’une protection conférée par le vaccin, mais d’une perte considérable de virulence chez le virus muté !

[10] Quel déni !

Augustin Arrivé : "Merci Pr Bruno Mégarbane, Chef du service de réanimation à l’hôpital Lariboisière à Paris. Le covid avec 1 636 patients en réanimation. Des statistiques en baisse et qui nous datent d’hier soir".

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