Élisabeth 2, reine de Matignon ?
L'AVIS TRANCHANT D'ALAIN - "En vain, Necker remplace Calonne, les roseaux de la mort fleurissent déjà aux bassins de Versailles". En appelant à témoin André Malraux, aux derniers jours de la IVème République, comment ne pas voir que si Elisabeth 2 succède à Elisabeth 1, la donne politique n'a pas changé parce que Pap Ndiaye ou Marlène Schiappa quittent le gouvernement, ou qu'Aurore Bergé voit, enfin, son ambition ministérielle satisfaite.
Il aura donc suffi que François Bayrou fronce les sourcils pour que le président de la République soit contraint à un simple aménagement technique, mettant sur la touche des ministres au crédit sérieusement entamé, et renonce à l'ouverture politique qu'il avait pourtant chargé Mme Borne de trouver, dans ses fameux "100 jours", afin de disposer d'une assise parlementaire plus confortable.
M. Ndiaye aura davantage marqué les esprits par ses attaques contre CNews et Europe 1, coupables à ses yeux de ne pas dispenser la bonne parole macronienne, que par sa gestion des énormes problèmes de l'Éducation nationale, et Mme Schiappa n'aura pas survécu à la gestion douteuse du Fonds Marianne.
En Macronie, on ne sait du reste pas qui décide vraiment. Quand Emmanuel Macron nomme Élisabeth Borne à Matignon, il y a un an, la rumeur persistante, jamais démentie, attribue cette décision à l'entourage du chef de l'État qui a écarté son premier choix, Catherine Vautrin, membre du parti Les Républicains.
Dans son éditorial du jour, intitulé : "Tragi-comédie", Le Figaro résume la situation politique par cette formule : "À mi-chemin entre Hollande et la IVème République". Je n'hésite pas à aller plus loin. Nous vivons la réalité de la IVème République sous les apparences de la Vème. Un vrai président de la Vème République nomme le chef du gouvernement, comme la Constitution le prévoit, et ne se fait pas dicter son choix.
Imagine -t-on le général de Gaulle renoncer à nommer Georges Pompidou en 1962, sur l'insistance de son entourage ? Faute de pouvoir occuper la place qu'il estime lui revenir, du fait de ses démêlés judiciaires, M. Bayrou exerce donc à plein régime son pouvoir d'empêchement. Le "Qui t'a fait roi ?" de jadis se traduit en ce mois de juillet 2023 par "Qui t'a faite reine, et pour combien de temps ?".
Car les faits sont têtus. L'autorité de l'État a été mise à mal comme jamais lors des récentes émeutes. L'insécurité grandit sur l'ensemble du territoire national. L'immigration n'est pas maîtrisée. La hausse des prix ampute le pouvoir d'achat des ménages. L'économie tourne au ralenti. Le système de santé est à bout de souffle. L'Éducation nationale est un navire à la dérive.
L'endettement du pays nuit gravement à son crédit dans le concert des nations, fait peser une lourde menace sur notre indépendance déjà relative. Et le vote du budget de l'État pour 2024 annonce un automne politiquement chaud. Demain comme hier, voilà quelques-uns des vastes problèmes auxquels le pouvoir politique devrait apporter des solutions, autrement que par des discours jamais suivis d'actes forts.
Mais, quand le gouvernement n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale, ou des majorités de circonstance aléatoires, il y a loin de la coupe aux lèvres...
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