Histoire de paléo-gaullistes...

Auteur(s)
Alain Tranchant pour France-Soir
Publié le 06 octobre 2023 - 12:55
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De Gaulle
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L'AVIS TRANCHANT D'ALAIN - Mercredi 4 octobre au soir, je suis devant mon écran de télévision, sur ce canal si contesté qui a pour nom CNews. Il est 19 heures et quelques minutes, quand je vois et entends Mathieu Bock-Côté revendiquer son adhésion au gaullisme et se qualifier lui-même de "paléo-gaulliste".

Sur l'instant, je ne peux m'empêcher d'en sourire. Que devrais-je dire, en effet, alors que j'ai eu l'honneur et le bonheur de serrer la main, et même les deux mains, du général de Gaulle, un jour de mai 1965 - sur lequel je reviendrai plus tard - devant la préfecture de Vendée, à La Roche-sur-Yon ?

A mon retour, comme ma mère m'interrogeait sur ce moment forcément important dans la vie du jeune homme de 16 ans que j'étais, je lui répondis notamment que j'avais été frappé par la finesse des mains du Général. Si j'avais eu un doute sur cette appréciation, il aurait été définitivement levé quelques décennies plus tard à la lecture d'un livre d'Alain Peyrefitte, ancien ministre et confident du Général, qui faisait la même observation. 

En ces temps d'anniversaire de la naissance de la Ve République, le 4 octobre 1958, un autre souvenir remonte dans ma mémoire. Il date de 1967 et du début de mes études de droit. Sur les bancs, au sens propre du terme, de la toute jeune faculté de Nantes, sont assis au premier rang Philippe de Villiers et sa future épouse, Dominique de Buor. 

Etant donné l'admiration sans bornes que je portais à celui que Richard Nixon qualifia de "géant parmi les hommes", le droit public en général et le droit constitutionnel en particulier m'intéressent au plus haut point. C'est la porte d'entrée dans la vie publique, nationale et internationale. 

En 1967, la Ve République, aujourd'hui âgée de 65 ans, a déjà marqué fortement notre vie politique, en mettant fin d'abord à l'instabilité chronique des gouvernements des Républiques antérieures, en donnant ensuite une tête à l'Etat, en s'appuyant enfin sur le recours au peuple par la voie du référendum, dès lors qu'il s'agissait de grandes décisions engageant la vie de la nation, comme la fin de la guerre d'Algérie ou le mode d'élection - au suffrage universel - du président de la République. 

Mais comme le nouveau régime, approuvé par le peuple français, par référendum, à l'appel du général de Gaulle, est encore à l'époque loin de recueillir l'adhésion de l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler la classe politique, et comme je constate par ailleurs que les trois lois constitutionnelles de 1875 ont organisé le gouvernement du pays jusqu'à la débâcle de juin 1940, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur la longévité de la Ve République, sachant qu'après la Seconde Guerre mondiale, la IVe république n'aura vécu que douze petites années.

La réponse à ma question de 1967 est aujourd'hui inscrite dans les faits. Le régime est solidement établi, même s'il est loin de fonctionner comme à ses débuts du fait de la désuétude du référendum cher au fondateur de la Ve République, et en dépit des changements opérés, je veux parler principalement de la réduction à 5 ans du mandat présidentiel.

Ayant fait partie de la petite cohorte des gaullistes opposés à Georges Pompidou quand il voulut, à l'automne 1973, opérer ce changement dans nos institutions, je ne peux m'empêcher de considérer avec le recul que nous n'avions décidément pas tort de proclamer que la face du régime en serait changée. 

Il en irait du reste de même avec l'introduction du scrutin proportionnel, réclamé aussi bien par François Bayrou que par Marine Le Pen. J'ai d'autant plus de mal à les comprendre que l'on voit tous les jours, sous nos yeux, les inconvénients majeurs d'une Assemblée nationale sans réelle majorité, la majorité "relative" n'étant qu'un mot. Il est vrai qu'en Macronie on se gave de mots, et que l'on a une forte tendance à prendre les discours pour des actes... 

Au total, il m'arrive parfois de me demander pourquoi j'éprouve ce besoin impérieux de me battre pour les idées auxquelles je crois, et pour un régime qui a enfin donné à la République "figure de gouvernement". Parcourant cet été le livre-entretien de Michel Debré avec Alain Duhamel, Une certaine idée de la France, paru il y a plus d’un demi-siècle, en 1972 exactement, je crois y avoir trouvé la réponse : "La politique est un combat. Un combat pour ses idées (...). Tant que le corps le permet, il faut demeurer actif, pugnace. Seule la mort renonce."

 

Alain Tranchant est ancien délégué départemental de mouvements gaullistes en Vendée et Loire-Atlantique et président-fondateur de l’Association pour un référendum sur la loi électorale. 

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