Qu’est-ce qu’un wokiste modéré ?
Tous les wokistes vous le diront : le wokisme n’existe pas.
C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît : les wokistes n’assument pas. Ou plutôt ils biaisent. Ils rusent. Ils se dissimulent. C’est de bonne guerre en politique, dira-t-on. Mais il y a à cela également une raison plus profonde, disons philosophique : car le wokisme est un relativisme. Il entend brouiller les frontières et les pistes. Il n’aime pas les catégories figées et il déteste la binarité des concepts hérités : homme/femme, blanc/noir, hétéro/homo, etc. Le wokisme aime la fluidité. Il veut du queer. Il ne rêve que de subvertir nos schémas de pensée apparemment les plus stables et les mieux établis. Il travaille à instiller partout le doute, à questionner et inquiéter sans cesse nos stéréotypes les plus ancrés. Ainsi, le wokisme aimerait pouvoir se répandre partout comme une épidémie. En mode furtif. Le wokisme vole à basse altitude afin de déjouer tous les radars de la « réacosphère ». Il distille sa petite musique en mode mineur en espérant produire des effets politiques majeurs. Mais si jamais un de ses appareils est repéré, alors l’escadron wokiste se la joue « cool » : c’est alors que surgit la figure du « wokiste modéré ».
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Il était ridicule de dénoncer le wokisme qui n’existe jamais à l’état pur, voici qu’il est désormais ridicule de s’en prendre à un wokiste qui ne l’est qu’à moitié. Serait-ce un aveu ? Une façon de reconnaître implicitement qu’il y aurait des wokistes « non modérés », des « vrais », des « purs et durs » ? Bien sûr que non ! Chez les wokistes, la radicalité ne saurait être reconnue comme telle, puisqu’elle est revendiquée comme un mode d’être « naturel » et « normal ». Comment peut-on ne pas être « woke » quand le monde va si mal ? Comment ne pas être « éveillé », donc indigné, vigilant et militant quand les salauds sont partout ? Le wokiste ne connaît pas la nuance, même s’il se décline en cinquante coloris. Par ailleurs, le wokiste ne connaît pas non plus la logique, cette vieille manie de mâles blancs de plus de cinquante ans. D’aucuns (tous les vieux grincheux aux idées arrêtées) noteront que, s’il entend lutter contre le « racisme d’État », le wokiste modéré n’en aime pas moins les ors de la République, et que, s’il est déterminé à mener « le combat contre toutes les discriminations », il a tout de même pris soin d’inscrire ses enfants à l’école alsacienne afin d’éviter que la fureur du combat scolaire n’offusque leur âme chaste. Ne serait-il pas condamné à trahir, comme l’espèrent ses ennemis ? Restera-t-il fidèle à ses valeurs, comme le demandent ses amis ? Ou bien ne serait-il pas précisément en train de mener le combat de la « déconstruction » qui transcende tous les clivages politiques traditionnels : ni de droite ni de gauche, par la grâce de la triangulation, mais tout simplement « en marche » vers un ailleurs inédit que personne n’est précisément encore en mesure de penser ou d’imaginer ?
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