Bac 2022 : liberté, obéissance et responsabilité, des sujets de philo dans l'air du temps
Ce mercredi 15 juin, les élèves de terminale passent leur épreuve de philosophie. Cette année, sous une chaleur pesante, ils vont devoir disserter sur des sujets prégnants de l'actualité. Une possibilité pour eux, s'ils se prêtent au jeu, de faire entendre la voix de la jeunesse autrement qu'en poussant la chansonnette pour un bulletin NUPES.
"Revient-il à l'État de décider ce qui est juste ?"
Au programme : le pouvoir décisionnaire de l'État et l'insoumission (ou la soumission) des concitoyens. Et pour ceux qui ne voudront pas se risquer à ces sujets controversés, se tient comme un cheveu sur la soupe le sujet des pratiques artistiques. Pour rappel, les élèves doivent choisir un sujet parmi les trois qui leur sont proposés (deux dissertations et un commentaire de texte). Voici les intitulés :
Pour les baccalauréats généraux :
- "Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?"
- "Revient-il à l'État de décider ce qui est juste ?"
- Commentaire de texte de Cournot, issu de l'Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique.
Pour les baccalauréats technologiques :
- "La liberté consiste-t-elle à n'obéir à personne ?"
- "Est-il juste de défendre ses droits par tous les moyens ?"
- Commentaire de texte de Diderot issu de l'Encyclopédie.
Après deux années passées sous le joug de la crise sanitaire, à devoir s'adapter aux décisions parfois contradictoires et liberticides de l'exécutif, ceux qui n'ont pas révisé auront au moins matière à s'étaler sans Platon ni Socrate. Mais est-ce une bonne idée ?
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"Avant donc que d'écrire..."
"... apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, l'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.", écrivait Nicolas Boileau dans L'art poétique.
Si cette crise sanitaire aurait pu, si tant est que ce soit vraiment possible, nous "apprendre à penser", d'aucuns considèrent au contraire que l'enseignement s'est (encore) dégradé. Ivan Rioufol, d'un point de vue plus global, parle même d'une "grave crise de l'intelligence".
Alors que les réfugiés ukrainiens font montre d'un meilleur niveau en mathématiques que les jeunes Français, que le Bescherelle est peu à peu mis de côté, et que la France dégringole dans les classements internationaux, certains professeurs et autres intellectuels se battent pour que la qualité de l'enseignement redevienne une priorité.
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En attendant, s'il est difficile de parier pour un franc succès des futurs bacheliers à cette mystérieuse épreuve qu'est la philosophie, rappelons les propos de Rémi Tell au sujet de cette crise : "Le combat contre le covidisme donne l'opportunité à la jeunesse d'embellir le monde". Alors, que peut-on écrire (sans risque) sur une copie de philosophie ? Eu égard à la censure ambiante et aux nombreux clivages qui voient brutalement le jour dans notre société depuis ces deux dernières années, peut-être est-ce plus prudent de ne pas en disserter.
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