Banlieues : Macron "assume totalement" une "politique de discrimination positive"

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Par AFP
Publié le 07 mars 2017 - 19:06
Mis à jour le 08 mars 2017 - 01:00
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Emmanuel Macron "assume" une politique de "discrimination positive" pour les quartiers difficiles
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© Eric FEFERBERG / AFP/Archives
Emmanuel Macron "assume" une politique de "discrimination positive" pour les quartiers difficiles
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Emmanuel Macron, dépeint par ses adversaires comme le candidat des élites, se pose en défenseur des classes moyennes "oubliées par la gauche et la droite" et tentées par le vote FN, mais aussi des jeunes des banlieues pour lesquels il veut une politique de "discrimination positive".

"Le cœur de ma volonté et de mon programme, c'est de refonder le contrat avec les classes moyennes", a affirmé mardi le candidat d'En Marche! à la présidentielle, lors d'un entretien accordé à l'AFP depuis son QG parisien.

L'ancien banquier d'affaires et ministre de l’Économie de François Hollande entend être la réponse à cette "France périphérique" décrite par géographes et sociologues, dont la peur de déclassement et "l'insécurité culturelle" sont autant de facteurs de la percée du FN de Marine Le Pen dans les urnes.

"On est en train de les reconquérir. Je pense que le clivage droite-gauche s'est fracassé sur cette France périphérique. Parce qu'elles ont parlé aux deux autres France. La droite a parlé à la France qui réussit, la gauche a parlé à la France populaire, la plus en difficulté", a déclaré M. Macron.

"Elles ont oublié les classes moyennes, qui sont la France qui travaille, la France qui se bat pour réussir, la France qui a construit notre histoire et est le socle même des projets et de l'identité de notre population", a-t-il poursuivi.

Qu'il s'agisse de l'"insécurité économique" du fait d'un pouvoir d'achat stagnant ou d'une "insécurité physique" face aux incivilités ou à la petite délinquance, M. Macron veut se confronter "au décrochage que les classes moyennes ressentent".

En supprimant la taxe d'habitation pour 80% des assujettis, en augmentant la prime d'activité pour les bas salaires, en proposant une prime à la casse de 1.000 euros, le candidat pense répondre à l'exode des ouvriers et des employés vers le FN.

- Fillon, néo-'Sarkozy de 2012' -

M. Macron, qui s'est rendu dans l'après-midi en grande banlieue parisienne aux Mureaux, commune des Yvelines qui abrite plusieurs cités défavorisées, a aussi défendu une "politique assumée de discrimination positive" pour les habitants des quartiers sensibles.

Avec à la clé des mesures ciblant les banlieues: "emplois francs", avec une prime de 15.000 euros pour ceux qui embauchent en CDI, doublement à 10 milliards du budget de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), nombre d'élèves limité à 12 en CP et en CE1 dans les zones d'éducation prioritaire... Et plus d'autonomie pour les écoles, pour s'adapter aux diversités du "terrain".

"Je veux dans les quartiers remettre un imaginaire de réussite républicain", a affirmé M. Macron au cours de l'entretien, tout en écartant l'idée du droit de vote des étrangers, "promesse pas tenable", et en jurant d'être "intransigeant" avec le "communautarisme".

"Ce que veulent les banlieues, nos concitoyens, qu'ils soient de la France rurale, des villes moyennes, c'est accéder à leur part de réussite du pays. Or on ne leur a plus donné cette chance. Je veux leur redonner", a-t-il affirmé.

Après avoir présenté son programme la semaine dernière, M. Macron cherche à donner une cohérence à l'ensemble. Selon des sondages, il se rapproche de Marine Le Pen et creuse l'écart avec François Fillon, aux prises avec l'affaire des emplois présumés fictifs de sa famille.

Pour M. Macron, présidentiable à 39 ans, le candidat de la droite "est en train de devenir le Nicolas Sarkozy de 2012" mais "sans la vitalité".

"C'est-à-dire qu'il a de Nicolas Sarkozy en 2012 les affaires, il a la radicalisation du discours en matière de sécurité et d'identité, et la décision stratégique de poursuivre le Front national", mais "avec un tempérament qui n'est pas le même", a-t-il asséné.

Selon un sondage Elabe diffusé mardi soir, Marine Le Pen (26%) est talonnée dans les intentions de vote par l'ex-ministre de l’Économie (25,5%). Mais la dynamique est en faveur de ce dernier qui a gagné 7 points dans ce baromètre en deux semaines, tandis que François Fillon est à 19%.

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