Décès à 86 ans d'Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 01 octobre 2017 - 16:44
Mis à jour le 02 octobre 2017 - 06:50
Image
Edmond Maire le 25 octobre 2006 à Paris
Crédits
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Edmond Maire le 25 octobre 2006 à Paris
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives

Edmond Maire, initiateur du virage "réformiste" de la CFDT qu'il a dirigée de 1971 à 1988, est décédé dimanche à 86 ans, salué par ses héritiers cédétistes et ses anciens alliés politiques comme un fervent défenseur du dialogue social.

L'ancien secrétaire général, "entouré de sa famille, est décédé ce (dimanche) matin des suites d'une maladie, à l'âge de 86 ans", a annoncé sa famille dans un communiqué à l'AFP. Elle a précisé que ses obsèques "auront lieu dans l'intimité".

"C'est un jour très très triste", a réagi, très ému, Laurent Berger auprès de l'AFP. L'actuel dirigeant de la CFDT a perdu un "repère" et la CFDT pleure l'un "des fondateurs de (son) type de syndicalisme", a-t-il déclaré, rappelant qu'en début d'année, un autre ancien dirigeant, François Chérèque, avait disparu.

Le président Emmanuel Macron a salué dans un communiqué la "lucidité visionnaire" d'un dirigeant dont la pensée et l'action "auront changé le visage du syndicalisme français".

Edmond Maire, artisan du "recentrage" de la CFDT à la fin des années 1970, "nous a appris à regarder un peu plus la réalité en face", a ajouté M. Berger, qui voit en lui "le père de ce qu'on essaye de faire depuis de nombreuses années, c'est-à-dire de recentrer sur le quotidien des travailleurs, de tenir notre place d'organisation syndicale, de ne pas être des commentateurs mais d'essayer de faire bouger les choses dans les entreprises, sur les lieux de travail, mais aussi au niveau de la société".

La CFDT a, elle, salué en Edmond Maire "un immense syndicaliste", "une référence incontournable" et un "acteur central de l'évolution de la CFDT, de la place qu'elle occupe dans la société française et, au-delà, de la démocratie sociale", dans un communiqué.

Sur Twitter, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a exprimé son "immense reconnaissance" envers celui qui "a transformé et inspiré le dialogue social". "Nous lui devons tant", a-t-elle estimé.

De son côté, Jean-Claude Mailly a présenté les "condoléances" de Force ouvrière, également sur le réseau social.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls a rendu hommage à une "incarnation de la gauche et du syndicalisme réformistes", tandis que l'ancienne ministre du Travail, Martine Aubry, a exprimé sa "profonde tristesse". "C'est, avec mon père (Jacques Delors, NDLR), l'homme à qui je dois mes engagements", a-t-elle écrit.

"Edmond Maire était le visage même de l'engagement, de la recherche de l'intérêt général : une conscience en action", a de son côté tweeté François Bayrou.

- Figure de la "deuxième gauche" -

Né en 1931 dans une famille catholique, Edmond Maire, chimiste de profession et fils de cheminot, s'engage à la CFTC en 1954. Partisan de la laïcisation du syndicat chrétien, il est l'un des artisans, en 1964, de la scission qui donne naissance à la CFDT.

Il gravit ensuite les échelons au sein des instances dirigeantes de l'organisation, jusqu'à en devenir le numéro un en 1971, à l'âge de 40 ans, succédant à Eugène Descamps.

Après avoir adopté le thème de l'autogestion dans foulée de Mai 1968, il engage en 1978 un "recentrage" de la CFDT, défendant le "réformisme" et le "syndicalisme de transformation sociale" négociée avec le patronat.

Proche de Michel Rocard, figure de la "deuxième gauche", et adhérent du Parti socialiste à partir de 1974, il salue l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 et les premières décisions du gouvernement Mauroy. Mais ces prises de position politiques nuiront au syndicat, qui sera défait aux élections à la Sécurité sociale en 1983. Par la suite, la CFDT ne se positionnera plus politiquement.

A la fin de son mandat à la tête du syndicat, Edmond Maire, fumeur de pipe à l'allure sévère, mettra le pied à l'étrier à Jean Kaspar et Nicole Notat, ses deux successeurs.

Après sa vie syndicale, il deviendra dirigeant d'entreprise, à la tête de Villages Vacances Familles (VVF), et défendra le passage aux 35 heures au sein du patronat.

Edmond Maire avait fait ses dernières apparitions publiques en juillet 2016, lors de l'hommage national à Michel Rocard, où il s'était exprimé, et en janvier dernier aux obsèques de François Chérèque.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.