Des agriculteurs bloquent les Champs-Élysées pour défendre le glyphosate

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Par AFP
Publié le 22 septembre 2017 - 14:57
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Le logo de la FNSEA, premier syndicat agricole de France, à l'origine avec les Jeunes agriculteurs,
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© ERIC PIERMONT / AFP/Archives
Quelque 200 agriculteurs ont bloqué vendredi les Champs-Élysées.
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Quelque 200 agriculteurs ont bloqué vendredi les Champs-Élysées pour dire leur inquiétude de voir le gouvernement interdire l'usage de produits phytosanitaires, comme le désherbant glyphosate, qu'ils jugent indispensables pour conserver "l'excellence agricole française".

Sous les bannières "Macron tue", la manifestation, à l'appel des fédérations départementales (IDF Ouest, Seine-et-Marne, Eure, Oise et Loiret) du premier syndicat agricole français, la FNSEA, et de l'organisation des Jeunes agriculteurs, a bloqué partiellement la circulation dès 07H00 du matin.

"Soja argentin: OGM", était-il écrit sur un conteneur placé à l'entrée de l'avenue, jonchée de paille.

Les manifestants protestaient contre la possibilité d'importer des produits agricoles traités avec des herbicides comme le glyphosate, qui faussent la concurrence, alors même que la FNSEA craint une décision gouvernementale interdisant unilatéralement de tels produits en France.

"Il faudrait soutenir l'agriculture française, sinon elle va disparaître et on aura recours massivement à des importations de produits alimentaires qui sont cultivés dans des conditions phyto-sanitaires bien plus déplorables que les nôtres", a déclaré Damien Greffin, président de la FDSEA d'Ile-de-France.

"M. Macron veut être le M. Propre du monde, mais il est le fossoyeur de l'agriculture", a affirmé Frédéric Arnoult, président des Jeunes agriculteurs d'Ile-de-France. "Comment peut-on vouloir vendre du rêve aux Français sur une alimentation saine, alors qu'on nous enlève nos moyens de production?" s'est-il interrogé.

- Sortie "progressive" -

Le blocage de l'avenue a été levé en milieu de matinée après qu'une délégation a été reçue pendant environ une heure à l’Élysée par la conseillère agricole de la présidence, Audrey Bourrolleau.

"On a acté nos désaccords. On a surtout bien compris qu'au sein de ce gouvernement, tout le monde n'était pas sur la même ligne. Depuis que M. Macron est arrivé, on n'a que des moins dans la balance", a déclaré M. Greffin à l'issue de la rencontre.

Mme Bourolleau leur a affirmé que l'arrêt "progressif" du glyphosate en France se ferait "avec méthode et dialogue", dans le cadre notamment des États généraux de l'alimentation (Egalim). Mais elle a réaffirmé que "l'engagement de campagne" pris par Emmanuel Macron de voter contre la proposition de la Commission européenne de renouvellement de la licence du glyphosate "sera tenu".

Le ministre de la Transition énergétique, Nicolas Hulot, honni de certains des manifestants, n'a pas hésité à aller au contact des agriculteurs pour réaffirmer l'importance de la tenue des États généraux de l'alimentation afin de régler le problème des produits phytosanitaires.

"J'entends les doléances des consommateurs qui voudraient aussi qu'on ait ensemble une perspective. On a quelques mois devant nous. Mon idée, c'est de rassembler l'ensemble des acteurs car il y a quelques responsabilités qu'on pourrait mieux partager", a-t-il déclaré aux agriculteurs sortant de l’Élysée.

- "Effets cocktails" -

À M. Greffin qui lui demandait d'accorder aux agriculteurs français que "la France, c'est l'excellence agricole mondiale", M. Hulot a répondu: "J'ai besoin, moi, d'être rassuré sur la sécurité alimentaire et sanitaire sur le long terme. Vous connaissez comme moi les phénomènes de bio-accumulation et les effets cocktails, ce n'est pas quelque chose qu'on découvre."

En levant la manifestation, M. Greffin a dit aux agriculteurs réunis: "Il n'y a pas grand-chose qui a changé, on a juste mis un pied dans la porte."

En juillet, la Commission européenne a proposé le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate qui expire fin 2017. Le vote sur l'autorisation de cet herbicide, le plus répandu en Europe, pourrait avoir lieu le 5 ou le 6 octobre au sein d'un comité d'experts.

La France a annoncé qu'elle voterait contre la proposition de la Commission. Elle a une position-clé car une majorité qualifiée est requise.

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