François Fillon, du triomphe à la résilience envers et contre tout

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Par AFP
Publié le 07 mars 2017 - 15:14
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François Fillon salue ses partisans réunis au Trocadéro à Paris le 5 mars 2017
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
François Fillon salue ses partisans réunis au Trocadéro à Paris le 5 mars 2017
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Favori de la présidentielle après son triomphe à la primaire de la droite, François Fillon a vu en quelques semaines sa candidature vaciller sous les soupçons inattendus pesant sur sa probité, réussissant de justesse à se maintenir en course.

- Fillon, Sarkozy et le général de Gaulle -

Le 28 août, à Sablé-sur-Sarthe, François Fillon attaque Nicolas Sarkozy: "Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi même irréprochable". "Qui imagine un seul instant le Général De Gaulle mis en examen ?"

Il récidive le 25 novembre lors du débat d'entre-deux tours face à Alain Juppé. "Les ministres, le président de la République a fortiori, ne doivent pas être mis en examen. (...) Je sais que ce n'est pas juste, qu'il y aura toujours des gens pour expliquer qu'il y a la présomption d'innocence. Mais l'expérience qui est la mienne (de Premier ministre, NDLR) montre qu'on ne peut pas diriger sereinement un ministère quand on a sur le dos une suspicion qui a entraîné une instruction judiciaire".

- Le triomphe -

Longtemps relégué derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, M. Fillon, en net progrès dans les sondages, marque des points à chacun des trois débats télévisés de la primaire. Il réalise une démonstration de force à 48 heures du premier tour en rassemblant près de 7.000 personnes à Paris, bien plus que ses rivaux.

Le 20 novembre, il frôle l'élection au premier tour en totalisant 44% des voix, soit 663.000 de plus qu'Alain Juppé et plus d'un million de mieux que Nicolas Sarkozy qui, sèchement éliminé, se rallie.

Le 27 novembre, M. Fillon triomphe en remportant deux fois plus de voix qu'Alain Juppé.

- Le flottement -

Avec l'énergie du désespoir, Alain Juppé s'était lancé dans une agressive campagne d'entre-deux tours, ciblant le programme "hyperlibéral" de François Fillon, particulièrement en matière de Santé. Ce thème poursuit le candidat qui essuie des critiques jusque chez ses proches.

Deux semaines après sa victoire, sa proposition la plus controversée ("focaliser l'assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste") disparaît du site internet du candidat. "Je suis gaulliste et chrétien", se défend-il sur TF1, "je ne pendrai jamais une décision qui serait contraire au respect de la dignité humaine".

"On n'a pas été bons" sur ce sujet, admettra-t-il plus tard.

- L'affaire -

Une déflagration ébranle la campagne le 24 janvier: Le Canard enchaîné révèle que Penelope Fillon a été rémunérée comme collaboratrice parlementaire de son mari puis de son suppléant Marc Joulaud, mais n'a pas trouvé trace de son travail. Le Canard alourdit la facture la semaine suivante: Mme Fillon aurait perçu 831.440 euros brut, plus 100.000 euros brut comme collaboratrice de La Revue des Deux Mondes, propriété d'un proche de son mari, Marc Ladreit de Lacharrière.

Le candidat se défend de manière hasardeuse: sur TF1 le 26 janvier, il révèle avoir employé deux de ses enfants pour des "missions" lorsqu'il siégeait au Sénat, en raison de leurs "compétences" d'avocat. En réalité, ils ne l'étaient pas encore à cette époque et ils étaient eux aussi collaborateurs parlementaires. Surtout, M. Fillon indique qu'il se retirerait s'il était "mis en examen".

A droite, on s'agite en coulisses. Le député Georges Fenech juge "caduc" le résultat de la primaire. Les premières tentatives de "débrancher" le candidat échouent faute de consensus.

Le 29, M. Fillon et son épouse, les yeux embués, s'affichent ensemble lors d'un meeting parisien. Ils sont entendus le lendemain par les enquêteurs qui perquisitionnent ensuite à l'Assemblée. Le 2 février France 2 diffuse un entretien de Penelope Fillon au Daily Telegraph remontant à 2007: elle affirme n'avoir "jamais été l'assistante de [son] mari".

Le 6 février, M. Fillon convoque la presse et, tout en protestant de son innocence, présente ses "excuses aux Français". Il remet en cause la compétence du Parquet national financier et lance un clair avertissement à son camp: "aucune instance n'a la légitimité de remettre en cause le résultat de la primaire".

Les soutiens de Nicolas Sarkozy continuent de s'agiter, dénonçant "l'impossibilité de faire campagne". Les déplacements du candidat s'accompagnent de concerts de casseroles orchestrés par des militants du Front de gauche.

Le 18 février, François Fillon change de ligne, expliquant dans le Figaro s'en remettre "au seul suffrage universel", et en petit comité qu'il entend rester candidat même en cas de mise en examen. Le 24, le PNF annonce l'ouverture d'une information judiciaire.

- La résilience, seul contre tous -

Le 1er mars, il reporte à la dernière minute sa visite au Salon de l'Agriculture. Consternation de ses équipes présentes sur place et des dirigeants LR qui apprennent la nouvelle en direct sur les plateaux radio et télé. Après une matinée de rumeurs, M. Fillon annonce sa convocation le 15 mars chez les juges d'instruction à fin d'éventuelle mise en examen, et maintient sa candidature.

Défections en cascade: Bruno Le Maire d'abord, et ses soutiens. Ceux d'Alain Juppé embrayent le lendemain. Les centristes de l'UDI s'éloignent. Le porte-parole Thierry Solère se retire à vendredi, comme le directeur de campagne Patrick Stefanini.

Alain Juppé fait savoir qu'il "ne se défilera pas" si M. Fillon renonce.

Soutiens initiaux du candidat, Gérard Larcher et Bernard Accoyer œuvrent pour le faire renoncer.

Libération ouvre un "compteur des lâcheurs": 305 élus avaient fait défection lundi.

M. Fillon joue son va-tout en convoquant un rassemblement au Trocadéro, à Paris. Plusieurs dizaines de milliers de personnes bravent les averses dimanche, mais la plupart des ténors LR brillent par leur absence.

Puisant dans ce rassemblement une nouvelle énergie, François Fillon répète que "personne ne peut (l)'empêcher d'être candidat".

Lundi, Alain Juppé, apparu comme seule alternative viable, renonce "une fois pour toutes" en dénonçant "gâchis", "impasse" et "obstination". En soirée, il ne reste plus au comité politique de LR qu'à renouveler "à l'unanimité son soutien" à François Fillon. Le chantier de la reconstruction s'ouvre, à 47 jours du premier tour.

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