L'ampleur des blocages des "gilets jaunes", grande inconnue pour les forces de l'ordre

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Par AFP - Paris
Publié le 15 novembre 2018 - 15:11
Mis à jour le 16 novembre 2018 - 07:56
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Anti-riot policemen evacuate protesters wearing yellow jackets ("gilets jaunes") during a protest against the rising of the fuel and oil prices on November 9, 2018 near the town hall of Albert, northe
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
Policiers évacuant des manifestants en gilet jaune à Albert (Somme), avant l'arrivée du président Macron, le 9 novembre 2018 lors des commémorations du centenaire de la Grande Guer
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Si plusieurs manifestations des "gilets jaunes" prévues samedi ont été déclarées, les autorités craignent un mouvement spontané de bien plus grande ampleur et évoquent un "risque sécuritaire".

"Environ 1.500 actions sont attendues sur le territoire et seulement un peu plus d'une centaine auraient été déclarées", selon une source policière.

"Ce qui est difficile, c'est qu'on n'a pas une organisation syndicale - qui a l'habitude de faire une manifestation - qui l'organise. Par exemple, une manifestation, ça se déclare en préfecture. Là, très peu l'ont déclarée" : dès mardi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'inquiétait ainsi de la difficulté d'encadrer un mouvement qui s'est développé en dehors de tout cadre syndical ou politique.

Les organisateurs avaient jusque 72H00 avant la journée d'action de samedi pour déclarer leurs manifestations en préfecture, "mais il y a sûrement un peu de souplesse", espère une source policière.

Plusieurs préfectures ont battu le rappel jeudi auprès des organisateurs, les invitant à se présenter à leurs services pour déclarer les rassemblements, comme la loi l'exige, rappelant la peine encourue pour le délit d'entrave à la circulation: deux ans de prison, 4.500 euros d'amende et retrait de six points sur le permis de conduire.

"C'est compliqué, car c'est un phénomène hétéroclite, il y a des gens de tous les horizons", confirme Christophe Rouget, du syndicat de police SCSI-CFDT. "Ce sont des gens qui n'ont pas l'habitude des manifestations, qui peuvent ne pas les déclarer. Nos services de renseignement ont un gros travail" à fournir, ajoute-t-il.

À en croire la carte diffusée sur les réseaux sociaux et mise à jour régulièrement par les "gilets jaunes", plusieurs centaines de rassemblements sont prévus sur l'ensemble de la France, sans que l'on sache toutefois s'il s'agit de blocages ou de manifestations et combien de personnes seront mobilisées.

"C'est un vrai casse-tête. Sans déclarations, les préfets ne peuvent pas faire une demande précise de renforts policiers, ni savoir combien de forces de l'ordre sont nécessaires, et où", note une source policière.

"Trente unités de forces mobiles sont mises à disposition des préfets pour intervenir en renfort des effectifs normaux de police et de gendarmerie", précise-t-on au ministère de l'Intérieur, où une cellule de crise sera mise en place samedi en lien avec le ministère des Transports.

"Il y a le problème de la mobilisation policière, mais aussi celui des consignes qui seront données", s'inquiète une autre source au sein de la police. "Est-ce qu'il faudra évacuer les manifestants, au risque que ce soit des familles avec enfants, ou verbaliser ?", s'interroge-t-elle.

Mardi, M. Castaner a prévenu qu'aucun "blocage total" ne serait toléré samedi et que les forces de l'ordre interviendraient si les actions posaient un "risque" pour les interventions de sécurité ou la libre circulation.

"Sur le pourtour de l'étang de Berre, personne n'a fait de déclaration en préfecture", affirme Thierry Marre, porte-parole du mouvement à Istres. "Il faut trois cartes d'identité pour déclarer et les gens ont peur, ils craignent des représailles", ajoute-t-il. Lui-même aurait bien déclaré son rassemblement dans les règles mais "personne ne suit derrière".

À Tarbes (Hautes-Pyrénées), les organisatrices du mouvement ont retiré la demande de manifestation déposée en préfecture, après avoir subi des "pressions de toutes parts" , disent-elles. "Nous risquons de lourdes peines d'emprisonnement ainsi que le dédommagement du manque à gagner", ont-elles justifié, provoquant la colère de manifestants, qui les ont accusées d'être des "collabos" ou de "se faire acheter".

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