Le délit d'entrave numérique à l'IVG définitivement adopté au Parlement

Auteur(s)
Lucas Carcano
Publié le 16 février 2017 - 16:29
Image
La ministre Laurence Rossignol.
Crédits
© Stéphane de Sakutin/AFP/Archives
Le texte punit de deux ans de prison et de 30.000 euros d'amende toute divulgation d'information biaisée sur internet dans le but de dissuader à l'avortement.
© Stéphane de Sakutin/AFP/Archives
Le texte prévoyant d'étendre au numérique le délit d'entrave à l'IVG a été voté à main levée jeudi. Il sanctionne à des peines allant jusqu'à deux ans de prison. Les députés LR dénoncent une "atteinte à la liberté d'expression" et vont déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.

L'extension du délit d'entrave aux sites de "désinformation" sur l'IVG (Intervention volontaire de grossesse) a été définitivement adoptée jeudi 15 à l'Assemblée nationale. Voté à main levée, le texte punit de deux ans de prison et de 30.000 euros d'amende "toute tentative en ligne de diffuser des informations de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences d'une interruption volontaire de grossesse".

Dans son discours à la tribune de l'Assemblé nationale, la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol a fait référence à la loi Veil et a dénoncé ceux qu'elle appelle "les militants anti-IVG 2.0 ". Les décrivant comme "les adversaires du contrôle des naissances" qui "avancent masqués, dissimulés derrière des plateformes qui imitent les sites institutionnels ou des numéros verts d'apparence officiels", dans le but de dissuader les femmes enceintes de recourir à l'IVG.

D'après Le Monde, tous les groupes de gauche et une majorité de l’UDI ont voté pour l'adoption de la loi, tandis que Les Républicains ont voté contre ce qu’ils considèrent comme "une atteinte à la liberté d’expression". Cité par Le Figaro, Christian Kert, membre de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi Egalité et citoyenneté, prévoit avec 60 députés LR de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel dans la semaine. Pour lui, cette loi menace "la liberté de pensée" et "met en place une véritable censure gouvernementale". Une vision de la censure en ligne non partagée par Laurence Rossignol: "les militants anti-IVG resteront libres d'exprimer leur hostilité à l'avortement. A condition de dire sincèrement qui ils sont, ce qu'ils font et ce qu'ils veulent", a-t-elle expliqué à l'Assemblée nationale.

Le planning familial s'est félicité de l'adoption d'un texte qui vise à "garantir une information fiable pour permettre à toutes les femmes d'exercer le droit". Pour l'association, l'IVG est "un droit fondamental reconnu dans la loi". Cependant, un autre recours va être déposé devant le tribunal administratif de Paris par Pro Vie. L'association contre l'IVG dénonce la plateforme gouvernementale d'information sur l'IVG. Elle vise la présence d'une vidéo dans laquelle un gynécologue affirme "qu'il n'y a pas de séquelle à long terme psychologique de l'avortement". Des propos en contradiction avec un rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) de 2010 qui dit que l'avortement "demeure un événement souvent difficile à vivre sur le plan psychologique".

À LIRE AUSSI

Image
Simone Veil s'adresse aux députés de l'Assemblée nationale pour défendre sa loi sur l'interruption volontaire de grossesse.
Loi Veil : il y a 40 ans la France légalisait l'IVG
Le 26 novembre 1974, Simone Veil s'adressait aux députés de l'Assemblée nationale pour défendre son projet de loi de légalisation de l'interruption volontaire de gross...
26 novembre 2014 - 11:31
Société
Image
L'Assemblée nationale remplie.
IVG : l'Assemblée nationale revote symboliquement la loi Veil
La loi Veil autorisant l'Interruption volontaire de grossesse a 40 ans ce mercredi 26 novembre. Les députés ont commémoré cet anniversaire en revotant symboliquement l...
26 novembre 2014 - 21:42
Politique
Image
Une étagère de documentation sur l'interruption volontaire de grossesse.
IVG : une femme sur trois y a recours en France
Quarante ans après la loi Veil, le nombre d'avortements a diminué en France. Toutefois, selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined), publiée ...
15 janvier 2015 - 16:09
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.