Le Parquet national financier est-il en danger ?
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FranceSoir
Publié le 07 juillet 2020 - 12:33
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© GERARD JULIEN / AFP
Le nouveau Garde des sceaux avait déjà souhaité des Etats généraux de la Justice
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Sitôt nommé Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti a retiré sa plainte contre X déposée une semaine auparavant dans l’affaire de ses relevés téléphoniques épluchés sur ordre du Parquet national financier.
C’était en 2014 et 2015, dans le cadre de l’enquête sur la ligne téléphonique secrète utilisée par Nicolas Sarkozy (alias Paul Bismuth) et son avocat Thierry Herzog. Ce dernier avait été prévenu qu’il était sur écoute. Voulant savoir d’où venait la fuite, le PNF avait demandé aux enquêteurs d’étudier les fadettes de plusieurs avocats, dont des ténors du barreau.
Et parmi eux… Eric Dupond-Moretti, dont la réaction au moment de la révélation de cette surveillance rapprochée par le journal Le Point avait été particulièrement virulente :
« C’est du jamais vu dans une enquête secrète que je qualifie de barbouzarde »
Le nouveau ministre de la Justice a semble-t-il mis de l’eau dans son vin mais qu’en sera-t-il demain lorsqu’il aura la main sur les dossiers, une feuille de route et éventuellement une réforme de la Justice à mener ?
Un parquet, des remous
Fondé en 2014 suite à l’affaire Cahuzac, le Parquet national financier a en charge la lutte anticorruption. Composé de 17 magistrats, il a en charge les atteintes à la probité, aux finances publiques et au bon fonctionnement des marchés financiers. En clair, la grande délinquance économique et financière. Le PNF instruit actuellement 580 dossiers.
A l’origine de condamnations retentissantes, dont celles de François Fillon et de son épouse, et celle de Patrick Balkany (défendu par un certain Me Dupond-Moretti), le PNF se retrouve cependant dans la tourmente depuis quelques semaines. Pour les fadettes dans l’affaire Bismuth bien sûr, mais également pour les déclarations de l’ancienne procureure financière Eliane Houlette qui a évoqué des « pressions procédurales » devant une commission d’enquête parlementaire sur l’indépendance de la justice.
Une autre révélation est venue nourrir la polémique, toujours au mois de juin, celle d’une lettre dévoilée par Médiapart, écrite en 2019 par Emmanuel Macron pour venir en aide à Alexis Kohler. Le secrétaire général de l’Elysée était visé par une enquête du PNF pour conflit d’intérêts. L’affaire a été classée sans suite.
Enquête de fonctionnement
Alors que des voix politiques s’élèvent pour réclamer la disparition pure et simple du PNF, Rachida Dati allant même, par exemple, jusqu’à parler « d’officine », l’ancienne Garde des Sceaux a demandé une enquête de fonctionnement à l’Inspection générale de la Justice. Nicole Belloubet jugeait néanmoins que « le parquet national financier a une véritable utilité », tout en évoquant l’opportunité de « se réinterroger sur son périmètre ».
Qu’en pensera son successeur ? La nomination d’Eric Dupond-Moretti dans ce contexte très particulier laisse planer le doute sur l’avenir du Parquet national financier. Le tonitruant ministre s’était déjà prononcé pour une réforme complète du système judiciaire dans une interview au Parisien, en date du 26 juin. Il avait alors dénoncé « une République des juges ».
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