Législatives 2017 : dialogue de sourds entre la France insoumise de Mélenchon et le PCF

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 janvier 2017 - 17:50
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Jean-Luc Mélenchon.
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©Revelli-Beaumont/Sipa
Le Parti communiste et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon se déchirent sur les investitures aux élections législatives de 2017.
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Différences stratégiques, "vieilles méthodes", "attitude rigide": la préparation des législatives coince entre le Parti communiste et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, alliés à la présidentielle, au risque de les voir s'affronter dans certaines circonscriptions.

Samedi 14, le PCF a dévoilé une première salve de 253 investitures. Dimanche 15, la France insoumise (FI), mouvement créé il y a un an autour de la candidature de M. Mélenchon, dévoilera sa deuxième série. Le PCF a décidé il y a maintenant plus de six semaines de soutenir M. Mélenchon, en faisant une campagne autonome, sur son propre programme. Mais sur les législatives, ça grince: les communistes sont furieux de constater que des candidats de la France insoumise se présentent face à eux dans des bastions traditionnels, comme la circonscription d'André Chassaigne, chef de file des députés Front de gauche.

Le porte-parole de M. Mélenchon Alexis Corbière est lui annoncé à Montreuil, circonscription perdue en 2012 mais "gagnable" selon le PCF. "Face à des députés communistes sortant qui appellent à voter Jean-Luc Mélenchon, on ne voit pas pourquoi il y aurait un candidat de la France insoumise (...) Ou alors, il faut accepter tous ensemble de se tirer une balle dans le pied!", a réagi le patron des communistes, Pierre Laurent. "Nous butons très souvent dans le dialogue avec la France insoumise sur une attitude très rigide de nos partenaires", a-t-il ajouté dans Médiapart.

Déjà les communistes avaient très mal vécu le départ en solo de M. Mélenchon dès février 2016 alors que M. Laurent engageait un processus de rassemblement très large. Finalement ralliés, ils ne sont pas prêts à toutes les concessions.

Au coeur de la discorde, la "charte du candidat", imposée par le mouvement de M. Mélenchon, est censée garantir l'identification graphique - avec un "label" France insoumise obligatoire - et le rattachement financier à la FI. L'objectif est d'aboutir à un décompte national unique des voix, contrairement à ce qui a pu arriver aux dernières élections intermédiaires.

Mais au delà, la charte impose aussi par exemple la "discipline de vote" au sein du futur groupe parlementaire. "Nous ne signerons pas cette charte", a répété plusieurs fois Pierre Laurent, refusant toute "logique de fusion".

Deux visions parallèles donc entre les parties, Jean-Luc Mélenchon ayant toujours estimé que l'échec du Front de gauche après 2012 était le fait de sa structure en "cartel de partis".

"Ce n'est pas tout noir tout blanc, c'est une construction. Mais en l'état actuel des choses, avec le cadre proposé, ce n'est pas possible", confirme Fabien Roussel, secrétaire fédéral du PCF dans le Nord, où trois députés communistes sortant se représentent. Il déplore le risque pour le PCF de ne pas récupérer les financements publics s'il ne se présente pas en son nom. "Pour l'instant, on a une fin de non-recevoir mais peut-être qu'ils se détendront", temporise-t-il, espérant qu'"il sera encore temps de siffler la fin de la récré" auprès la présidentielle

Au niveau national, les deux organisations ne se sont toujours pas rencontrées pour discuter législatives. Il est question d'une rencontre en janvier mais rien n'est fixé. "On est en campagne, on est sur des initiatives tous les deux jours, c'est assez délicat de trouver une date", justifie Manuel Bompard. Lui aussi temporise: "on n'est pas encore à la fin, on va voir s'il y a des discussion et si oui, dans quels termes". Selon lui d'ailleurs, "des communistes ont signé la charte" et figurent parmi les 120 premiers investis de la FI. Combien ? "Une dizaine", concède-t-il.

Plus virulente, Leïla Chaïbi, coordinatrice de "l'espace politique de la FI", regrette une attitude "suicidaire". Les communistes selon elle "veulent se mettre autour d'une table, à l'ancienne, et négocier des accords en se partageant le gâteau". L'argument financier ne tient pas, déconstruit-elle, puisque "chaque candidat FI indique à quelle organisation il veut reverser l'argent. Il n'y aura pas un centime de perdu pour les communistes".

 

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