Les artistes et la campagne présidentielle
Il y a bien des raisons qui laissent penser que cette campagne présidentielle ne ressemblera pas aux autres. Parmi elles, une des différences notables est l’absence des personnalités de la musique, du cinéma ou de la scène aux côtés des candidats. Ils sont peu nombreux, en 2022, à apporter leur soutien aux politiciens, en meetings ou dans les médias.
Tout le monde se souvient de Renaud et Daniel Balavoine apportant leur soutien à François Mitterrand, de Johnny Hallyday à Jacques Chirac ou de Doc Gynéco à Nicolas Sarkozy. Ce sont des moments qui marquent les esprits. Et pour cause ! Les artistes du "showbiz" sont autant prisés que les sportifs par les états-majors des candidats. Tous se doivent d'avoir un carnet d'adresses de relations bien fourni.
De 2017 à 2022, les artistes semblent avoir disparu
En 2017, une certaine réticence était déjà flagrante. S'afficher avec un candidat à l'élection présidentielle n'était pas vu d'un bon œil. Alors que l'image d'un artiste peut facilement en pâtir, pour un présidentiable, c'est un soutien de poids que d'avoir le renfort de personnalités. C'est un bon moyen de montrer que, loin des palais dorés, un homme ou une femme politique a une certaine proximité avec la population.
L'historique clivage gauche-droite était plus net avant l'arrivée d'Emmanuel Macron et son parti La République en Marche. Ce qui a jeté un flou sur l’engagement politique, avec une accointance pour un candidat plutôt que pour un parti. Aussi, les élections législatives de 2017 ont été un véritable raz de marée des candidats LREM issus de la société civile. Ils ont éliminé, dès l'issue du premier scrutin, des poids lourds de l'Assemblée nationale. Une autre façon de jouer en politique voyait le jour progressivement.
En 2022, l'engouement politique est encore moins perceptible, presque sans intérêt. La puissance des réseaux sociaux à faire et défaire une réputation — une carrière ? — en est la principale raison. À l'heure où l'information circule toujours plus vite, faire partie du mauvais côté du "buzz" peut en effrayer plus d'un. Beaucoup d'artistes ne sont pas prêts à s'engager et à prendre des risques en cas de désamour de l'opinion publique.
Lire aussi : Le variant Booba débarque pour une nouvelle vague de rap rebelle
"Ils sont comme les Français"
Ainsi que le reconnaît Gaspard Gantzer dans le Parisien paru le 28 mars, "ils sont comme les Français : ils ne s’intéressent pas à cette campagne, comme si elle était déjà pliée." Pour l’ancien chargé de communication de François Hollande, il faut des symboles forts pour générer l’enthousiasme : le probable retour de la gauche au pouvoir en 2012, ou une femme présidente avec Ségolène Royal en 2007.
Gardons cependant à l'esprit que l'on ne gagne pas une élection avec ces soutiens. Tout au plus, cela peut jouer sur l’image du candidat. On se souvient notamment de Nicolas Sarkozy et de son étiquette de président "bling-bling". Emmanuel Macron le sait, et peut-être a-t-il fait le choix de privilégier d'autres formes de soutiens, quitte à ce qu'elles soient moins... conventionnelles.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.