Macron entend "l'impatience du peuple" mais veut être jugé sur la durée

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Par AFP
Publié le 31 août 2017 - 06:22
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Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion avec des dirigeants européens et
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© ludovic MARIN / AFP
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion avec des dirigeants européens et africains à l'Elysée, le 28 août 2017
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En chute dans les sondages après trois mois à l’Élysée, Emmanuel Macron reconnaît, dans la première grande interview de sa présidence, "l'impatience du peuple" mais demande à être jugé sur la durée, en défendant notamment sa grande réforme du code du Travail, présentée jeudi.

Sur plus de 20 pages dans Le Point jeudi, il détaille ses ambitions pour refaire de la France une "grande puissance" internationale, un pays "fier qui "sorte de l'esprit de défaite", tout en réalisant des réformes de grande ampleur sur tous les fronts - éducation, code du travail, aides sociales, fiscalité, logement, sécurité.

"Je crois en la reconstruction d'un héroïsme politique, d'une vraie ambition, pour atteindre y compris ce qui est décrit comme impossible", dit-il, citant son propre succès comme une revanche sur "ce qui est décrété impossible".

"A un silence succède une sorte de déluge", a ironisé jeudi sur France Inter Éric Woerth (LR). "Au même moment le gouvernement fait une grande conférence de presse sur le Code du travail . On a le sentiment que le président (...) ne peut pas laisser ses ministres s'exprimer librement", a-t-il poursuivi.

"Emmanuel Macron est le champion de la communication. Le problème, c'est la continuité idéologique de ce qu'il fait. On nous avait dit +Tout va être bouleversé, on va balayer le vieux système politique+, or on a quelqu'un qui, idéologiquement parlant, est dans la continuité absolue", a lancé sur LCI Adrien Quatennens (LFI).

Pas question de juger son action sur cent jours, qui "ne sont pas une étape pertinente", martèle le chef de l’État.

"On ne juge pas effectivement un président de la République sur 100 jours, par contre ça donne des indications", lui a répondu Damien Abad (LR) sur SudRadio. "Vous avez déjà cinq ministres qui ont démissionné (...) les institutions sont aujourd'hui déstabilisées", a-t-il critiqué.

Jugeant qu'il devra "vivre pendant des mois avec l'impatience du peuple", Emmanuel Macron assure qu'il n'oublie pas "la brûlure de l'attente, de la colère, du populisme" qui a accompagné son élection.

Il défend également sa réforme du Code du travail, "une transformation profonde" qui vise à réduire le chômage de masse, mais aussi la diminution controversée des aides au logement, qu'il veut poursuivre mais dans le cadre d'une réforme plus vaste de la politique du logement.

"Cette baisse fragilisera les locataires aux revenus les plus faibles. Elle les rendra moins solvables et conduira à une augmentation des expulsions locatives", a fustigé Ian Brossat (PCF).

- "Révolution de l'éducation" -

Le président répond aussi sur le gel des crédits pour l'armée et la démission du général Pierre de Villiers, qui pour lui illustre la primeur normale du politique sur l'armée. Il réaffirme également sa volonté d'augmenter le budget de la "deuxième armée du monde libre".

Il défend également la diminution des emplois aidés, des "subventions déguisées", et reconnaît que la hausse de la CSG demandera un "effort" aux retraités "les plus aisés", en faveur des jeunes et des actifs, afin de "récompenser le travail".

Il "demande aux un peu moins pauvres de financer les plus pauvres pendant que les plus riches, avec la baisse de l'ISF de trois milliards d'euros par an, eux s'en sortiront extrêmement bien", a dénoncé sur franceinfo le vice-président du FN Florian Philippot.

Le chef de l’État promet aussi une "révolution de l'éducation" avec notamment la fin du tirage au sort pour entrer à l'université, une transformation de l'orientation "dès le début du lycée", et appelle à arrêter "de faire croire à tout le monde que l'université est la solution pour tout le monde".

A l'international, il veut refonder "une Europe qui protège", au plan commercial comme au plan de la défense, qui puisse se comparer aux puissances américaine et chinoise et devenir "leader du monde libre".

Il veut aussi convaincre les pays de la zone euro de se doter d'un budget commun représentant "plusieurs points du PIB", pour pouvoir emprunter et investir à grande échelle sur le continent. Et n'hésite pas à dénoncer les pays qui selon lui, comme la Pologne, "sape(nt) les principes de bases" de l'Union.

La France ne doit pas être "une grande puissance moyenne, mais une grande puissance tout court", lance Emmanuel Macron.

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