Macron - Le Pen : fin de campagne en vue après un débat ennuyeux... le calme avant la tempête ?

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FranceSoir
Publié le 22 avril 2022 - 19:45
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"Nous avons été plus disciplinés qu'il y a cinq ans !"
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Déjà rivaux en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont retrouvés mercredi soir pour le grand débat de l'entre-deux-tours 2022. Sinon l'attitude désinvolte du président sortant et le calme plat de sa concurrente, rien de spectaculaire dans ce face-à-face. L'activité s'est plutôt fait sentir sur les réseaux sociaux. Quant aux hostilités, elles n'ont démarré qu'après, lorsque tout le monde s'est attelé à vérifier rétrospectivement les affirmations de chacun. Finalement, au dernier jour de campagne, aucun des deux candidats ne s'est vraiment démarqué.

"Nous avons été plus disciplinés qu'il y a cinq ans !" Emmanuel Macron

Le 20 avril au soir, les Français étaient seulement 14 millions à avoir allumé TF1 ou France 2, soit un million de moins qu'il y a cinq ans, trois de moins qu'en 2012, et six de moins qu'en 2007. Si cela traduit essentiellement le désintérêt croissant pour la politique en France, il faut dire que les deux adversaires se sont lancés sans avoir chauffé la salle. D'un côté, Emmanuel Macron n'a entamé que tard sa campagne et n'a pas emporté avec lui des foules immenses ; que ce soit dans la salle de La Défense Arena ou sur la pelouse de Marseille, ses sympathisants n'ont pas réussi à combler l'espace. De l'autre, Marine Le Pen a joué la carte de la discrétion ; jusqu'au moment du vote, elle laissait clairement les projecteurs se braquer sur Éric Zemmour, revendiquant une campagne de terrain moins médiatique. Le résultat semble évident : une rivalité peu captivante. Comme l'a justement fait remarquer le président sortant lors du débat, les deux finalistes se sont montrés "plus disciplinés qu'il y a cinq ans". Plus disciplinés, et très terre-à-terre, à en croire un certain nombre de réactions désolées par l'absence d'élévation :

Ce manque d'animation a principalement été reproché à Marine Le Pen, elle qui avait été plus mordante en 2017. "Si c'est pour lui dire que c'est un menteur, tout le monde le sait", clamait Marine Le Pen lors d'un ultime déplacement, deux jours après le débat. Et d'ajouter pour justifier son manque de répondant : "Tout le monde sait qui il est. J'ai préféré présenter mon programme." Un peu facile, pas complètement faux, mais décevant pour ses soutiens, qui attendaient a minima la pique McKinsey...

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De l'autre côté, c'est essentiellement sa posture arrogante qui a été reprochée à Emmanuel Macron, notamment par un florilège de "mèmes" sur Internet. Si ses mimiques prêtent parfois à sourire, elles en ont aussi agacé plus d'un :

En conclusion, Emmanuel Macron s'est risqué à mettre l'accent sur les jeunes en promettant d'en faire le cœur de son prochain mandat. Un pari étonnant au vu de son bilan. Marine Le Pen, sans surprise, s'est adressée aux Français en évoquant des mesures de "bon sens".

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Toujours est-il que l'affrontement n'a pas convaincu grand monde. En premier lieu, les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon assuraient qu'on "aurait moins baillé à 400 000 voix près". De son côté, Michel Onfray rendait un jugement sévère : "un arrogant suffisant [face] à une revancharde en quête de résilience ne suffit pas pour un vrai débat politique de civilisation."

Les habitudes ont la vie dure...

Quand Emmanuel Macron se plaisait à laisser échapper des "Aïe aïe aïe" ou des "Vous rigolez ou quoi ?", Marine Le Pen répétait à l'envi "C'est faux !" Peu de temps après, les fact-checkeurs ont lancé la battue... Des Décodeurs du Monde à CheckNews de Libération en passant par Le Parisien et Télérama, après le débat, la presse s'est pliée en quatre pour guider les Français... vers Emmanuel Macron. Sans grande surprise, tous ou presque se sont acharnés sur la candidate du Rassemblement national, assurant que "c'était le festival du n’importe quoi !"

Et si Causeur s'est signalé par son ironie mordante, ce sont essentiellement les internautes qui ont attaqué le président sortant, notamment sur Twitter :

Sur YouTube, Idriss Aberkane s'est fendu d'un débriefing sur le débat en compagnie de l'avocat Fabrice Di Vizio. En bref, pas un pour rattraper l'autre, les deux candidats semblent s'arranger avec la vérité.

Ultimes pèlerinages et professions de foi

De retour dans leur loge, les candidats ont rapidement annoncé la couleur. Marine Le Pen et son équipe sont satisfaits : "Ce n’était pas l’objet du débat de lui rentrer dedans, de lui renvoyer son bilan". Un peu moins de satisfaction côté Emmanuel Macron, qui malgré "un projet cohérent", estime avoir "manqué de temps" pour attaquer son adversaire. Bien vite, la divergence se fait sentir jusque dans les professions de foi des candidats. Si la candidate du Rassemblement national essaie de se rapprocher une fois de plus aux Français en servant une image plus "présidentiable", le candidat de la République en Marche s'enferme clairement dans le paradigme du face-à-face : c'est lui, contre elle. C'est presque à se demander à qui appartient le "visage de l'extrême droite" que Gabriel Attal évoquait avec méfiance le 21 avril...

Les deux candidats sont repartis à la rencontre du peuple français dès le lendemain de leur affrontement, en Seine-Saint-Denis pour l'un et dans les Hauts-de-France pour l'autre. Le surlendemain, Emmanuel Macron se rend à Figeac (Lot), tandis que Marine Le Pen reste dans le Nord, à Étaples-sur-Mer (Pas-de-Calais). Afin de vérifier ses dires sur les éoliennes, la commune étant voisine du Touquet ?

Sur place, chacun lâche ses derniers coups en affichant un grand sourire : elle attaque sur les retraites, lui sur "les fondements de l'extrême droite". Alea jacta est.

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Le calme avant la tempête

Comme tous les cinq ans, la fin du match se jouera dans les urnes, dimanche 24 avril. Au premier tour, malgré les nombreux appels à aller voter, la réticence des Français a tout de même porté l'abstention jusqu'à 26,5 %. Un chiffre au plus haut depuis 2002, qui ne sera pas arrangé par les milliers de radiations arbitraires qui ont eu lieu dans le pays...

Toujours est-il que la pression se fait sentir. Auprès du Figaro, un proche d'Emmanuel Macron prédisait : "S’il est réélu, la pression ne sera pas la même si l’écart a été large et que la participation a été haute, ou si le score a été serré et que l’abstention a battu un record".

Lors du débat de mercredi soir, le président lui-même évoquait déjà une possible "guerre civile" en imaginant les conséquences de la politique sociale de Marine Le Pen. Si l'intéressée n'a pas jugé bon de répondre, notons que c'est bien sous son quinquennat à lui que les Gilets jaunes se sont levés pour devenir un mouvement historique surveillé à l'international, et que les non-vaccinés ont été mis au ban de la société pendant un long moment. À choisir "entre deux maux", comme disait Jean-Luc Mélenchon, certains avancent que si Marine Le Pen est élue, elle aura les pieds et poings liés par l'opposition... Peut-on en dire autant pour Emmanuel Macron ?

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