Macron voulait un choc de confiance, il se retrouve face au roc de la défiance

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 25 août 2017 - 14:42
Image
Emmanuel Macron à la basilique Notre Dame d'Afrique d'Alger le 14 février 2017
Crédits
© STRINGER / AFP
Comme Hollande avant lui, Emmanuel Macron fait face à la défiance des Français.
© STRINGER / AFP
Cote de popularité en forte baisse (pire que celle de Hollande à la même époque), sondages peu flatteurs, couacs: les 100 premiers jours du mandat d'Emmanuel Macron ont été difficiles. Bien plus qu'il ne l'avait anticipé. Alors, face à la perspective d'une rentrée houleuse, le président jupitérien a décidé de redescendre dans l'arène médiatique pour s'attaquer à la défiance des Français.

De la théorie à la pratique. Pas encore élu, Emmanuel Macron théorisait la nécessité d'un "choc de confiance" pour relancer l'économie française, développant un programme qui lui a permis d'accéder à l'Elysée. Désigné, il a analysé le choix des électeurs comme celui "un peu fou de choisir un mouvement politique nouveau, une personnalité politique qui n’existait pas dans leur quotidien depuis longtemps", comme il l'a déclaré jeudi 24 en Roumanie (entre deux déclarations, qui ne sont pourtant que des redites, sur l'impossibilité de reformer la France). Un choix qui accréditait selon lui la thèse que les Français adhéraient à son projet de "transformer" le pays en profondeur plutôt que de le réformer.

C'était peut-être oublier un peu vite le scénario complètement fou de l'élection présidentielle qui l'a vu triompher. Le favori Fillon disqualifié par les affaires, Hollande le mal-aimé poussé à ne pas se représenter, Hamon l'inconnu sorti du chapeau, Le Pen empêtrée dans les affres d'un programme repoussoir, Mélenchon le tribun capable du meilleur comme du pire et enfin Macron, jeune, neuf, presque providentiel. Il ne devait en rester qu'un, et ce fut lui. Mais a-t-il été choisi par les électeurs pour son programme, sa position médiane, son image en rupture?

Un sondage Elabe publié mercredi 23 par BFMTV affirme que 14% seulement des répondants se disent à ce stade "satisfaits" de l'action du président. Mais, surtout, cette étude souligne que 50% estiment qu'il est encore trop tôt pour se prononcer et préfèrent attendre avant de juger. Un total de 60% gardent pourtant la conviction que le nouveau président veut "vraiment changer les choses". Une note d'espoir donc, mais prudente. Preuve supplémentaire, la forte baisse de sa cote de popularité depuis son élection (pire que celle de Hollande au même stade), notamment car la réforme du code du travail inquiète.

Car Emmanuel Macron n'est pas le premier à promettre qu'il va renverser la table et remettre le pays sur les bons rails. Depuis le tournant de la rigueur de Mitterrand en 1983, tous les présidents ont à un moment ou un autre dû renier leur parole pour se plier à une réalité économique mouvante; depuis les grandes manifestations consécutives au plan Juppé de 1995, tous les gouvernements ont dû composer avec les syndicats et la rue pour réformer. Pourquoi en serait-il autrement pour Emmanuel Macron?

Confronté à un été de couacs et de polémiques nourris par un gouvernement inexpérimenté et des députés encore en formation, le président jupitérien doit descendre de son Olympe pour convaincre. Celui qui avait choisi de raréfier sa parole et de ne pas s'adonner au "off" si prisé de François Hollande notamment ("un président préside (...) il n'est pas le copain des journalistes", jugeait-il sévèrement son prédécesseur début avril) est contraint de changer de stratégie. Désormais il s'adressera aux Français via les médias une à deux fois par mois -ce qui est beaucoup. Et a même embarqué des journalistes à bord du Falcon présidentiel le conduisant de Salzbourg à Bucarest, jeudi, pour une de ces séances d'échanges informels autrefois honnis.

Macron a donc décidé de prendre son bâton de pèlerin et de s'attaquer au mont défiance. Son objectif: faire de la pédagogie. Une petite musique qui rappelle le tube du quinquennat Hollande, durant lequel l'ancien chef de l'Etat n'a cessé de demander à ses ministres d'expliquer leur action, de "donner du sens", estimant que c'était là l'une des causes principales du désamour des Français. Pour le résultat que l'on connaît.

À LIRE AUSSI

Image
Le secteur de l'automobile accélère de 28%, ici l'usine PSA de Mulhouse le 29 avril 2015
Flexisécurité à la française ? Pour Macron c'est la flexibilité d'abord, malgré l'importance du chômage en France
Si le contenu exact des ordonnances relatives à l'évolution du droit du travail ne sont pas connues avec certitude, Emmanuel Macron et son équipe n'ont jamais caché le...
24 août 2017 - 19:05
Tendances éco
Image
Le président français Emmanuel Macron lors d'un point presse avec le président roumain Klaus Iohanni
Macron va rompre son silence radio, et fait du "off"
Emmanuel Macron, lors de sa tournée en Europe de l'Est, a expliqué en "off" à quelques journalistes qu'il avait décidé de renoncer à raréfier sa parole et comptait s'a...
25 août 2017 - 04:41
Politique
Image
Le président Emmanuel Macron le 12 juin 2017 à l'Élysée
Code du travail : une vraie réforme idéologique de Macron
Le gouvernement d'Edouard Philippe met en œuvre ce mardi la phase de discussions sur la réforme du code du travail voulue par Emmanuel Macron. Un texte encore flou dan...
22 août 2017 - 14:28
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.