Menus sans porc : la justice évite le faux débat sur la laïcité et le communautarisme
La question des menus de substitution au porc dans les cantines scolaires est revenu sur le devant de la scène lundi 28 avec la décision du tribunal administratif de Dijon. Celui-ci a en effet annulé la décision du maire (LR) Gilles Platret par la ville de Chalon-sur-Saône de supprimer des cantines scolaires ces menus proposés depuis 1984. La mairie a annoncé faire appel.
Une décision qui a entraîné polémique et débat sur la laïcité et le communautarisme, questions pourtant absentes de la décision de justice. Et pour cause.
Car le tribunal administratif ne s'est absolument pas prononcé sur la conformité des menus de substitutions ou de leur suppression au principe de laïcité. Et il est resté concentré sur le cas de Châlon-sur-Saône. Il a notamment considéré que la suppression de ces menus,"pratique ancienne et durable qui n’avait jusqu’alors jamais fait débat", était contraire à l'intérêt supérieur des enfants en raison des contraintes que cela entraînait pour eux et leurs familles.
Une argumentation qui a permis au juge de ne pas s'aventurer sur le terrain de la laïcité où cherchait à l'entraîner Gilles Platret et la ligue de défense judiciaire des musulmans.
Illustration qu'une question facile à régler a été montée en épingle sous prétexte de lutte contre le communautarisme. Comme le faisait remarque à l'époque de la décision du maire l'avocat blogueur Maître Eolas, Gilles Platret "n’a jamais dit qu’il n’y aurait plus de menus sans porc les jours où du porc serait au menu. Il a en fait décidé qu’il n’y aurait plus de porc au menu. Il n’a ainsi pas supprimé les menus sans porc, il a supprimé les menus avec porc". Ce qui fait qu'au nom de la lutte contre le communautarisme musulman, la mairie avait alors retiré le porc des assiettes, mettant tous les enfants sur un pied d'égalité.
Rappelons enfin que le principe de laïcité n'implique en aucun cas de "cacher" les religions et n'interdit en aucun cas de s'adapter aux croyances et pratiques de chacun. Au contraire, la loi de 1905 dispose que "la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l'intérêt de l'ordre public".
La seule raison juridiquement valable pour supprimer le menu de substitution semble donc être la question du coût supplémentaire que cela peut faire peser sur une mairie. Mais certains préfèrent déplacer le débat sur le terrain politique et religieux.
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