Migrants : un an après, quel bilan pour le centre humanitaire parisien ?

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Par AFP
Publié le 09 novembre 2017 - 18:00
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Le "centre de premier accueil" (CPA) de réfugiés porte de La Chapelle en chantier, le 10 novembre 20
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Le "centre de premier accueil" (CPA) de réfugiés porte de La Chapelle en chantier, le 10 novembre 2016, le jour de son inauguration
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Le 10 novembre 2016, le premier centre humanitaire pour migrants ouvrait à Paris. Un an après, le bilan du volet "accueil" est globalement salué, dans cette expérience qui a contribué à inspirer le futur dispositif national, même si certains redoutent à l'avenir une logique de "tri".

Situé dans le nord de la capitale, porte de La Chapelle, le "centre de premier accueil" (CPA) avait ouvert dans un ancien bâtiment de la SNCF, avec une capacité de 400 lits, pour tourner la page des campements indignes qui se reconstituaient depuis plus d'un an.

Pour ce centre initié par la maire de Paris Anne Hidalgo, le principe était simple: accueil inconditionnel, repos et soins pendant une dizaine de jours, puis orientation vers des structures plus pérennes en régions ou en Ile-de-France.

En un an, 20.000 personnes ont été hébergées via le centre et 4.500 consultations médicales dispensées. Un bilan "énorme" pour la préfecture de région. "Ce sont autant de personnes qui sinon se seraient retrouvées dans des campements de rue", explique à l'AFP Bruno Morel, directeur général d'Emmaüs Solidarités, qui gère le site.

Tout n'a pas été sans difficultés, notamment lorsque la structure a saturé, faute de places suffisantes en aval pour absorber la hausse des arrivées, entraînant la reconstitution de campements à ses portes - 2.800 personnes évacuées en juillet et 2.500 en août.

"La fluidité doit être permanente", reconnaît-on du côté de l'Etat, qui se charge de fournir ces places.

Autre difficulté: le centre "ne pouvait à lui seul répondre à la crise migratoire", souligne Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris, qui a régulièrement appelé à reproduire ce modèle ailleurs.

Enfin le centre, créé pour les "primo-arrivants" en droit de demander l'asile, a vu arriver de plus en plus de "dublinés" (70% aujourd'hui selon la préfecture), c'est-à-dire des migrants déjà enregistrés dans un autre pays européen où ils sont censés déposer leur demande...

- 'Appel d'air' -

Cette distinction apparaît lors du passage devant un guichet proche du centre, et qui est peu à peu monté en puissance pour orienter les migrants en fonction de leur situation. Ce qui a régulièrement valu au CPA l'étiquette, vigoureusement contestée par Emmaüs, de "centre de tri".

Cette question de l'orientation devient omniprésente à l'heure où l'Etat commence à ouvrir ses propres structures d'accueil, à Cergy ou dans le Nord (d'autres ont été annoncés en Ile-de-France), en transposant largement le modèle parisien: accueil inconditionnel, soins...

Mais en orientant en fin de parcours, les centres mettent aussi les migrants sur les rails d'un possible éloignement, alors que les transferts de "dublinés" ont plus que doublé cette année (+124% selon le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb).

"Ils perdent leur objectif premier, à savoir l'accueil", déplore Yann Manzi de l'association Utopia 56.

Dans ce contexte, quel avenir pour le centre parisien, qui doit de toutes façons libérer son site actuel au printemps?

"On étudie tous les scenarii" pour sa future implantation, dit-on à la préfecture.

Indépendamment du lieu retenu, la structure pourrait "évidemment" évoluer vers le modèle des nouveaux centres créés par l'Etat, estime Pierre Henry de France Terre d'asile.

Une donnée qui n'a pas échappé à Emmaüs, encore au stade de la réflexion sur sa participation au futur dispositif. "Nous avons deux axiomes: l'inconditionnalité et le non-tri, et sur ces points nous serons très vigilants", assure M. Morel.

Du côté de la Ville, on souligne que "le contexte a changé", du fait de la montée en puissance de l'Etat et des engagements d'Emmanuel Macron de ne plus avoir personne à la rue d'ici la fin de l'année.

En attendant, Mme Versini rappelle que "les enjeux sont toujours criants", avec 800 personnes à la rue autour du centre.

M. Collomb, lui, avait repris fin octobre la notion, souvent brandie à droite, d'"appel d'air" sur la région parisienne, en avertissant: "Il y a quelque chose qu'il faudra que nous revoyions" dans le dispositif.

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