Ordonnances : des réactions très contrastées parmi les partenaires sociaux
Entre la "pleine satisfaction" des représentants des PME et les "craintes" de la CGT en passant par la "profonde déception" de la CFDT, les ordonnances dévoilées jeudi par le gouvernement ont suscité des réactions très contrastées de la part des partenaires sociaux.
> Les satisfaits
C'est "un message très fort, un message d'espoir" en faveur des chefs d'entreprise s'est félicité l'Union des entreprises de proximité (U2P) qui s'est dite "pleinement satisfaite". Son président Alain Griset, a apprécié avoir "été entendu sur la quasi totalité des points", en particulier "le fait qu'entre 0 et 20" salariés, "nous ayons moins de contraintes".
Un satisfecit partagé par le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin qui a salué "des ordonnances particulièrement pragmatiques, qui collent à la réalité du terrain". La réforme apporte de "la confiance dont ont besoin les chefs d'entreprise pour entreprendre dans notre pays", selon lui.
Le Medef salue "une première étape importante dans la construction d'un droit du travail plus en phase avec la réalité quotidienne des entreprises". Son président Pierre Gattaz a toutefois appelé à "rester vigilant" notamment sur les décrets d'application, "car les détails seront cruciaux pour la bonne mise en œuvre de cette réforme".
> Les prudents
FO a accueilli avec mesure la réforme du code du travail. "Il y a trois colonnes : ce que nous obtenons, ce que nous avons évité et ce sur quoi nous sommes en désaccord. Il y a des éléments dans les trois colonnes",a déclaré son secrétaire général, Jean-Claude Mailly.
Tout en saluant le renforcement de la branche et l'augmentation de l'indemnité légale de licenciement, il a fait part de son inquiétude quant aux modalités de négociations au sein des TPE en l'absence de délégué du personnel.
La prudence est également de mise à la CFTC, pour qui "l'enjeu c'était que la branche garde ses prérogatives", "ce qui est le cas". Néanmoins, son président Philippe Louis "aurait préféré que le minima" aux prud'hommes en cas de licenciement abusif "soit à 6 mois" de salaire au lieu de trois.
L'Unsa rappelle qu'elle "n'était pas demandeuse d'une nouvelle réforme du code du travail", mais "constate que plusieurs propositions maximalistes contre lesquelles elle s'était élevée, ont été écartées".
> Les déçus
La CFDT, par la voix de son secrétaire général, Laurent Berger, a fait part de "sa profonde déception face à l'opportunité qui était de faire du dialogue social un élément central de la gouvernance des entreprises".
"Le gouvernement a privilégié la flexibilité au détriment de la justice sociale" et a "légitimé les attentes les plus conservatrices d'une partie du patronat", a écrit l'organisation syndicale dans un communiqué.
> Les opposants
"Toutes les craintes que nous avions sont confirmées et la crainte supplémentaire c'est évident et c'est écrit: c'est la fin du contrat de travail", a estimé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
"Ce qu'on nous présentait comme une révolution, c'est la continuité de ce qui a été fait précédemment", a ajouté M. Martinez en référence à la loi El Khomri, en soulignant que "la mauvaise surprise ce sont les ruptures conventionnelles collectives".
Même constat à la CFE-CGC qui voit dans ces ordonnances "beaucoup d'instruments de flexibilisation du marché" et "probablement une précarisation plus importante des salariés".
Solidaires pointe dans un communiqué "la facilitation des licenciements individuels et collectifs" et "la remise en cause de la protection collectives des salariés".
La CGT et Solidaires appellent à manifester le 12 septembre contre ce qu'elles nomment la "loi travail XXL".
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