Primaire de la droite : comment François Fillon veut effacer toute référence à une durée du travail
François Fillon, ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy est radical et il n’ s’en cache pas: pour lui pas de 35 heures, de 37 heures ou de 39 heures, le candidat présenté comme le plus "libéral" de la primaire de la droite veut tout simplement supprimer de la loi la référence à un temps de travail de base.
Comment alors le temps de travail sera-t-il défini dans l’entreprise? François Fillon plaide pour l’on laisse "les entreprises libres de négocier via des syndicats ou via référendum", dans une "logique gagnant/gagnant". Autrement dit, que chaque entreprise définisse sa propre durée du travail.
Quelles seront les conséquences pour les salariés? Primo, la fin théorique des 35 heures comme seuil du déclenchement des heures supplémentaires. François Fillon ne précise pas (encore) en effet la régularité avec laquelle l’accord pourrait être revisité, mais un seuil fixé assez haut mettrait de fait fin à la possibilité de faire des heures supplémentaires, donc d'accéder à ces heures payées 25% de plus (et même 50% au-delà de 43 heures de travail dans la semaine). Contrairement à Nicolas Sarkozy dont il a critiqué l’incohérence sur la question lors du premier débat télévisé, François Fillon ne propose rien sur les heures supplémentaires, qui deviendraient probablement anecdotiques.
Secundo, lorsqu’un salarié change de travail, il pourra donc se retrouver dans une entreprise dont l’accord sur le nombre d’heures hebdomadaires n’est pas le même, sans possibilité de négociation puisqu’aucune loi ne viendra encadrer l’accord librement consenti (en principe) entre employeurs et employés. Autrement dit, ce sont les partenaires sociaux au moment de la négociation qui définiront un temps de travail qui s’imposera ensuite à tous les futurs employés.
Dernier point enfin concernant les fonctionnaires: pour eux la règle est claire selon François Fillon: "Il faut que la fonction publique passe à 39 heures" avant de préciser "sinon il n'y aura pas d'accord dans les entreprises". Un ajout important qui envoie clairement le message que pour celui que les sondages créditaient d’environ 12% au premier tour avant une remontée spéctaculaire, la "norme" des futures négociations sera plutôt 39 heures que 35.
Si une telle modification est possible juridiquement, elle sera cependant limitée par la directive européenne sur le temps de travail qui rappelle que la durée moyenne de travail sur une semaine ne peut pas excéder 48 heures… heures supplémentaires incluses.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.