Primaire de la droite : quelle stratégie pour Alain Juppé face à François Fillon largement favori pour le second tour ?
"Je continue le combat!". Alain Juppé l’assure, il compte jouer sa chance à fond pour renverser la tendance dimanche 27, et coiffer au poteau François Fillon qui a terminé largement en tête au premier tour de la primaire de la droite dimanche 20. Et la partie s’annonce difficile pour l'ex-favori devenu outsider.
François Fillon peut en effet compter sur un contexte particulièrement favorable. Primo, il est arrivé en tête au premier tour avec une avance très confortable. Avec 44,1% des voix, il a pratiquement 16 points d’avance sur Alain Juppé (28,6%). Secundo, Nicolas Sarkozy, le grand perdant de la soirée (éliminé avec 20,6% des voix) a déjà appelé indirectement à voter pour celui qui était son ancien Premier ministre ("J'ai beaucoup d'estime pour Alain Juppé, mais les choix politiques de François Fillon sont plus proches (...). Je voterai François Fillon" , a-t-il déclaré). Dans une moindre mesure, Bruno Le Maire (2,4%) a appelé à faire de même. Seule Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%) a appelé à voter pour le maire de Bordeaux. Tertio, le nombre de votants devant s’établir autour de 4 millions, un chiffre largement au-dessus des espérances, les réserves de voix sur lesquelles pourraient compter Alain Juppé sont sans doute faibles.
Celui qui a longtemps été le favori dans les sondages pour cette élection n’aura donc pas le choix, il va devoir essayer de convaincre une partie des électeurs de François Fillon de changer leur vote dimanche 27. Et Alain Juppé, a déjà lancé quelques indices lors des derniers jours de la campagne, sur ce que sera sa stratégie: démonter que le projet de François Fillon est irréalisable. Il a déjà évoqué le caractère radical et peu réaliste de la suppression d'entre 500.000 et 600.000 fonctionnaires voulue par le grand vainqueur du premier tour. Il devrait également brocarder la volonté de François Fillon de se rapprocher de la Russie diplomatiquement, ce qui serait un changement considérable de la stratégie française. Pas sûr que cela suffise, d'autant qu'Alain Juppé n'aura qu'une seule confrontation directe pour faire valoir ses arguments: le débat de l'entre-deux tours de jeudi 24.
L’autre porte de sortie pourrait être une mobilisation des voix de gauche et du centre en sa faveur au deuxième tour. Selon un sondage Harris interactive pour LCP et Public Sénat, parmi les personnes qui sont allées voter au premier tour, 14 % venaient de la gauche, et une proportion identique de 14% étaient des électeurs de l'UDI et du MoDem. Mais pour que ce facteur puisse encore changer la donne, encore faut-il que des réserves existent pour le second tour, et qu'elles se mobilisent. Rien n’est moins sûr.
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