Rassemblement du Trocadéro : baroud d'honneur ou bras de fer de Fillon ?

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Par AFP
Publié le 05 mars 2017 - 05:24
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François Fillon en meeting à Aubervilliers, le 4 mars 2017
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© Martin BUREAU / AFP
François Fillon en meeting à Aubervilliers, le 4 mars 2017
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Sous pression intense de son camp, qui semble préparer sa sortie de la course à l’Élysée et son remplacement par Alain Juppé, François Fillon préside un "grand rassemblement" de partisans aux allures de baroud d'honneur, dimanche au Trocadéro.

Des slogans "Fillon, tiens bon!", "On va gagner" retentissaient sur la place parisienne proche de la Tour Eiffel, où des milliers de personnes, drapeaux tricolores en main, avaient convergé dès le début de l'après-midi, sous une pluie battante avant une éclaircie.

L'ancien Premier ministre, de plus en plus lâché par les cadres de son parti Les Républicains, devait délivrer vers 15H30 un discours offensif mais émaillé de messages à sa famille politique.

Le vainqueur de la primaire de la droite semble tirer une des dernières cartouches pour se sortir de la nasse où l'ont plongé les emplois présumés fictifs de sa femme Penelope et de deux de ses enfants. Mme Fillon est même sortie de son silence dans une longue interview au JDD, assurant avoir effectué des "tâches très variées" comme collaboratrice parlementaire et avoir conseillé à son mari de "continuer jusqu'au bout".

Inquiets de sondages donnant désormais leur ex-champion éliminé dès le premier tour de la présidentielle, derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron, quelque 250 élus lui ont retiré leur soutien. Alain Juppé et Nicolas Sarkozy se sont parlé samedi soir pour étudier "les sorties de crise". Christian Estrosi a annoncé dimanche une prochaine "initiative" dans le même sens avec Valérie Pécresse et Xavier Bertrand.

Les fillonistes restés fidèles attendaient entre "40 et 45.000 personnes" au Trocadéro, rassemblement organisé avec le concours de Sens commun, émanation politique controversée de la Manif pour tous.

Si des élus fidèles comme Éric Ciotti ou Luc Chatel, ainsi que certains ténors du parti étaient là, d'autres figures LR, critiques de cette initiative pouvant apparaître comme une manifestation contre la justice et la presse, manquaient à l'appel.

Tout est fait "pour éviter tout dérapage", a affirmé à l'AFP Pierre Danon, un des organisateurs: service d'ordre de 200 personnes, banderoles et sacs interdits.

- 'Ne pas humilier ses électeurs' -

Coordinateur de la campagne de M. Fillon, Bruno Retailleau avait estimé samedi: "De deux choses l'une: il y a beaucoup de monde même si on annonce de la pluie, il y a moins de monde et j'imagine qu'en son âme et conscience, il pèsera le pour et le contre."

"Le renoncement aurait été une facilité pour lui et sa famille, c'est un chemin de croix qu'ils vivent", a-t-il considéré dimanche sur LCI.

La tension est encore montée d'un cran samedi, lorsque le parti a annoncé un comité politique avancé à lundi "pour évaluer la situation" à sept semaines de la présidentielle.

La nouvelle de cette convocation, à l'instigation de Bernard Accoyer et Gérard Larcher, deux proches du candidat qui s'en sont éloignés ces dernières semaines, est tombée en plein discours de M. Fillon à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) dans une salle pas comble où se trouvaient quelque 1.500 partisans.

"Ils veulent le +débrancher+, c'est la guerre", a confié à l'AFP un ancien ministre resté fidèle. "Mais ce comité Théodule n'a aucune valeur règlementaire" et "François Fillon a la légitimité de la primaire" plus "l'argent" lié à la victoire, jugeait un autre filloniste.

Leur champion a lancé samedi un nouvel appel à la résistance de ses soutiens: "N'abdiquez pas, ne renoncez jamais!"

Un ténor du parti jugeait récemment: "Il faut qu’il se retire mais il faut qu’il le fasse lui-même. Il ne faut pas humilier ses électeurs. Qu’est-ce qu’ils voteront si François Fillon part?"

"Le fameux +plan B+ entraînera des déchirements dans notre famille politique", selon M. Retailleau.

A LR de "trouver une solution de sortie, qui garantisse à François Fillon qu'il n'y aura pas de lutte fratricide", a jugé le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde. En cas de blocage dans le parti, Jean-Louis Borloo pourrait, selon M. Lagarde, être sollicité comme candidat centriste.

Jugeant qu'il aurait été "plus logique" que, "abandonné par tous, M. Fillon "passe la main", le candidat socialiste Benoît Hamon a déploré sur C8 que "cela empêche le débat présidentiel" et de "parler des questions essentielles pour les 5-10 ans qui viennent".

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