Réforme code du travail : des responsables FO réclament une journée de mobilisation

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Par AFP
Publié le 30 septembre 2017 - 11:12
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Manifestation FO à Paris le 9 mars 2016
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© MATTHIEU ALEXANDRE / AFP/Archives
Manifestation FO à Paris le 9 mars 2016
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Jusque-là tenant d'une ligne modérée, le leader de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly va devoir hausser le ton contre le gouvernement et les ordonnances réformant le code du travail, contraint et forcé par sa base qui réclame une mobilisation.

"Les militants de FO considèrent qu'il faut un peu monter le ton, (...) c'est ce que je ferai dans les semaines à venir", a annoncé Jean-Claude Mailly sur RTL, à l'issue d'une réunion vendredi du Parlement du syndicat (CCN), où "le ton est monté plus haut (qu'il) ne le pensait".

Le CCN, qui rassemble les responsables départementaux et de fédérations, a voté une résolution contraignant sa direction à organiser "une mobilisation interprofessionnelle avant la ratification des ordonnances", prévue dans les prochains mois. L'instance demande "le retrait" de "mesures inacceptables" contenues dans la réforme, qu'elle considère comme une "véritable régression sociale".

Si Jean-Claude Mailly déplorait, lui aussi, une réforme contenant des "éléments de régression sociale importants", il ne jugeait jusqu'à présent pas nécessaire de la combattre dans la rue, n'y voyant "pas la casse du code du travail" dénoncée par la CGT.

Une position en complet décalage avec une partie de sa base, qui a garni les rangs des deux premières journées d'actions organisées par la CGT les 12 et 21 septembre. De nombreuses fédérations avaient ouvertement appelé à manifester, au grand dam de la direction confédérale.

Celle-ci va désormais devoir se mettre au diapason. "Le CCN est souverain", admettait vendredi soir un membre du bureau, qui va se réunir lundi pour "mettre en oeuvre la résolution" appelant à une mobilisation.

Mais M. Mailly, qui doit passer la main en avril à un nouveau secrétaire général, a démenti des "rumeurs" lui prêtant l'intention de démissionner lors de la réunion du bureau confédéral lundi, relayées par Le Parisien et Libération.

"Non je ne démissionne pas! Arrêtons l'intox!" a-t-il tweeté.

"Personne n'a intérêt au départ de Mailly, mais il a reçu un mandat unanime et il ne peut faire autrement que de le suivre", a prévenu Jean Hédou, numéro un de la fédération de l'équipement, de l'environnement, des transports et des services (Feets-FO).

- Stratégie interne -

La fin de mandat de Jean-Claude Mailly, mis en minorité, ne s'annonce pas aisée, d'autant que d'autres dossiers périlleux arrivent. A commencer par la réforme de l'assurance chômage prévue au printemps, après une concertation qui doit débuter avant la fin de l'année.

Après avoir défilé en tête des cortèges contre la loi El Khomri en 2016, son changement de pied, face à une réforme jugée encore plus explosive par beaucoup, a déconcerté une partie de sa base.

M. Mailly et ses lieutenants ont répété ces dernières semaines avoir "obtenu plus" en jouant le jeu de la concertation cet été qu'en battant le pavé en 2016.

Pourtant, de nombreuses lignes rouges des syndicats, abandonnées par le gouvernement en 2016, sont réapparues cette année et l'exécutif n'a, cette fois, pas reculé. C'est le cas du plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif et du passage au périmètre national pour apprécier les difficultés économiques des groupes qui licencient en France.

Mais Jean-Claude Mailly estime avoir "obtenu que la branche (professionnelle) continue à avoir un rôle important", alors que le programme d'Emmanuel Macron laissait craindre que les accords d'entreprise pourraient déroger aux conventions collectives sur tous les sujets.

Néanmoins, Stéphane Sirot, historien spécialiste du mouvement syndical, estimait récemment que le revirement de la direction de FO était plus lié à sa stratégie interne qu'au fond du texte. Selon lui, la centrale, qui "se veut un syndicat réformiste", n'a "pas tiré les dividendes du mouvement de 2016", apparaissant "comme étant plutôt la voiture balai, la CGT étant la locomotive".

Il pointait aussi du doigt "les connexions" de M. Mailly avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud, "une connaissance assez intime" selon M. Sirot, et avec son cabinet, dont le directeur adjoint Stéphane Lardy était, jusqu'à début 2016, "un des principaux dirigeants de Force ouvrière".

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