Hillary Clinton : ou comment se frayer un chemin au milieu des conflits... d’intérêt
PORTRAIT CRACHE - Tout comme les chats, elle a eu plusieurs vies, pas toutes aussi brillantes les unes que les autres : jeune militante républicaine, avocate, première dame de Bill Clinton pendant une vingtaine d’années avant de se lancer dans une carrière politique en “solo”. Si ses fonctions dépeignent un parcours éclectique, celles-ci ont des fils conducteurs plutôt hétérogènes: les scandales et les polémiques. Soupçons de conflits d’intérêts, négligences dans ses fonctions officielles et bourdes politiques, Hillary Clinton semble avoir sans cesse mêler ses intérêts personnels à ceux de la nation américaine, au point de finir par se saborder elle-même.
A gauche toute chez les républicains
Hillary Clinton tient son attrait pour la politique de son père. Issue d’une famille protestante, elle est, à son jeune âge, une méthodiste pratiquante et une bonne élève ambitieuse. C’est dans les années 1960 que son pasteur sème en elle son intérêt pour les droits civiques, lorsqu’il emmène voir un discours de Martin Luther King à Chicago, sa ville natale.
Un discours somme toute inspirant puisque Hillary Clinton s’engage en politique avant même ses 20 ans. Celle qui deviendra l’une des figures démocrates, milite à cette période, pour les républicains et s’investit en 1964 dans la campagne du sénateur Barry Goldwater en l’Arizona. Opposée à la guerre du Vietnam, elle rejoint, en 1968, Eugène McCarthy, candidat aux primaires de l’élection présidentielle. Elle participe finalement à la campagne de Nelson Rockfeller, battu par un certain Richard Nixon, élu président une année plus tard.
Hillary, qui ne cesse de critiquer l’administration Nixon, intègre à 22 ans l’Université de Yale pour y étudier le droit. Ses rencontres la suivront tout au long de sa carrière, à commencer par son futur époux, Bill. Ensemble, ils prennent part à la campagne présidentielle de 1972 de George McGovern mais Nixon, le président de l’époque, est ébranlé et poussé à la démission quelques deux ans plus tard, par le scandale Watergate.
La jeune diplômée, devenue avocate, fera d’ailleurs partie des conseillers de la commission judiciaire des représentants lors de la procédure d’impeachment contre Richard Nixon.
C’est alors que Bill son époux commence une carrière politique de manière sérieuse. Elle le rejoint en Arkansas et tous les deux se marient en 1975. Il est élu procureur général de l’État en 1976 puis devient gouverneur en 1978. A 32 ans, il est le plus jeune gouverneur d’un État. Elle devient de son côté professeur à l'école de droit de l'université de l'Arkansas. Peu après l’élection de son époux, le président Jimmy Carter la nomme au conseil de la Legal Services Corporation.
Hillary Clinton est première dame de l'Arkansas pendant 13 ans et poursuit, en parallèle, une vie très active, présidant des programmes publics de l’enseignement, cofondant associations de soutien aux enfants et aux familles de l’État.
Première dame, de vagues en scandales, de suicides en morts subites
Elle se contentera encore du rôle de première dame, mais cette fois-ci celle des États-Unis . Bill Clinton est désigné candidat démocrate pour l’élection présidentielle de 1992 pour affronter le président sortant, George H. W. Bush. Hillary est désormais connue des Américains et s’implique activement dans la vie politique fédérale, loin de l’image véhiculée jusque-là par ses semblables. Elle fait partie des conseillers de la Maison-Blanche chargés de réfléchir aux réformes du système de santé, et essuie avec ses collaborateurs un échec en 1994, lorsque son plan de réforme est abandonné. Hillary Clinton ronge son frein et reprend le rôle “traditionnel” d’une première dame.
Pourtant, les scandales commencent à pleuvoir. Elle fait l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires. La première concerne Vince Foster, conseiller adjoint à la Maison-Blanche, mais surtout, son avocat associé et son ami. Sa mort a été classée comme un suicide et Hillary Clinton est accusé d’obstruction dans l’enquête, ce qui ne manque pas de susciter incompréhensions et interrogations sur les circonstances de ce décès. Le premier d'une liste qui ne fera que s'allonger au fil des ans, entre suicides, meurtres, accident ou mort subite de plusieurs dizaines de personnes liées d'une manière ou d'une autre au couple. comme des des gardes du corps, des stagiaires à la Maison Blanche, des conseillers ou des témoins dans des affaires judiciaires.
crédits : ARA
La deuxième enquête est liée au scandale du Whitewater, en relation avec des investissements dans l’immobilier du couple Clinton dans l’Arkansas. Hillary est alors accusée d’avoir exploité des informations issues de son cabinet d’avocats dans cet État, lorsque son époux en était le gouverneur, pour s’enrichir personnellement. Elle traînera cette casserole, tout au long de sa carrière politique.
La troisième affaire est l’une des plus connues à travers le monde et concerne Monica Lewinsky, stagiaire à la Maison-Blanche avec qui Bill Clinton a eu des relations extra-conjugales. Son épouse se montre inflexible malgré la confirmation de l’adultère, soutenant son mari tout en dénonçant une campagne de destitution. Une attitude qui suscite moultes interrogations ; certains soupçonnent le couple de s’être marié par simple alliance politique tandis que d’autres s’interrogent quant à savoir si le soutien de Hillary n’est pas une manière de protéger leurs ambitions commune.
New York, Washington et Benghazi, du parachutage au crash
La présidence Clinton touchant à sa fin, elle se lance enfin dans une carrière solo. Elle est parachutée dans l’État de New York, est élue sénatrice en 2001. Jamais une Première dame n’a été élue à un poste officiel et jamais une femme n’a été élue sénatrice dans cet État.
Hillary Clinton est ambitieuse. Elle vise rapidement la Maison-Blanche et se porte candidate aux élections de 2008. L’investiture démocrate est acharnée et elle est au coude-à-coude avec Barack Obama, qu’elle accuse de corruption. Ce dernier, qui n’hésite pas à rappeler à son adversaire sa carrière d’avocate d’affaires siégeant au CA de Walmart, s’assure du soutien de l’électorat afro-américain, remporte l'investiture puis l’élection présidentielle contre Bush.
Le vainqueur la nomme secrétaire d'État des États-Unis, comme un remerciement de ne pas être allé trop loin dans les accusations. Durant ce mandat, Hillary Clinton multipliera les bourdes. Fervente défenseure de l’intervention militaire contre Mouammar Kadhafi en 2011 en Libye, elle subira un retour de bâton qui lui coutera la présidentielle de 2016.
En 2012, le consulat américain de Benghazi est attaqué et le diplomate américain, Christopher Stevens meurt aux côtés de deux agents du service de sécurité du département d’État. Secrétaire d’État à ce moment-là, Hillary Clinton reconnaît sa responsabilité dans les manquements à la sécurité du consulat.
Une commission d’enquête sur ces événements, mise en place en mai 2014, achève sa popularité auprès des électeurs. On y découvre que la candidate à la présidentielle de 2008 a utilisé des serveurs d’emails privés, “pour des raisons de commodité”, afin de transférer des informations gouvernementales confidentielles dans le cadre de ses fonctions.
Le scandale éclate en 2015, année où elle annonce sa candidature aux primaires démocrates. Son honnêteté est mise à mal, elle finit par reconnaître son “erreur”, dans l’espoir de mobiliser ses soutiens. Elle finit tout de même par remporter l’investiture au détriment d’un Bernie Sanders coriace. Cette victoire lui vaudra en 2017, après de nouvelles révélations, de nombreuses accusations de triche.
Son excuse concernant les serveurs privés ne clôt pas le dossier. Loin de là. WikiLeaks, dont le fondateur Julian Assange est emprisonné à Londres, risquant une extradition vers les États-Unis, dévoile plus de 30 000 courriels et pièces jointes envoyées depuis la messagerie privée de l’ancienne secrétaire d’État.
Quand le secrétariat d'État rend millionnaire
Dans la foulée, un rapport du FBI et de son directeur, James Comey, accable la candidate et déplore “une négligence extrême”. Selon lui, des espions étrangers ont pu avoir accès aux courriels d'Hillary Clinton, son serveur ayant même été utilisé à l'étranger, dans des “territoires d'adversaires experts en piratage”. Elle ne fait l’objet d’aucune poursuite mais le FBI décide de rouvrir le dossier à 11 jours des élections.
Annoncée avec certitude comme vainqueur, elle est battue, à la surprise générale, par Donald Trump, non sans avoir commis une énième bourde, qualifiant de “pitoyables”, “racistes”, de “sexistes” et de “xénophobes” les électeurs de son adversaire.
Hillary Clinton se consacre alors à sa fondation, cofondée avec Bill son époux, devenu proche du trafiquant sexuel Jeffrey Epstein. Tout comme le scandale de Whitewater, des soupçons de conflit d’intérêts planent sur le couple. De nombreux financements étrangers reçus par leur fondation coïncident avec la période où la candidate, malheureuse à la présidentielle, était secrétaire d'État. Elle est accusée, sur la base d’emails ayant fuité en 2016, d’avoir pris à ce poste des décisions favorables à ses donateurs étrangers.
Clinton est tout aussi critiquée pour l'acquisition de 20% de la production d’uranium des États-Unis par l’Agence russe de l'énergie atomique, Rosatom, lorsqu’elle était au gouvernement américain. Des dons conséquents ont été peu après effectués au profit de sa fondation, par des hommes d'affaires qui ont “financé et ensuite revendu aux Russes une compagnie connue sous le nom de Uranium One”.
Est-ce la raison pour laquelle le couple, dans une situation financière qualifiée de précaire à sa sortie de la Maison-Blanche, se retrouve avec une fortune de plus de 110 millions de dollars en 2016 ? En tout cas, ces soupçons de conflits d’intérêts, de Little Rock en Arkansas jusqu’à Washington, sont pour de nombreux observateurs l’une des principales causes de la défaite de Hillary face à Donald Trump, un Donald Trump qui l’accuse d’avoir “transformé le département d’État en fonds d’investissement personnel”.
Une fortune personnelle que le couple soustrait à la fiscalité, à travers des dons à des organisations caritatives gérées par la famille ou des placements dans des paradis fiscaux.
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